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Nicolas Hulot : « Avec les migrants, où est passée notre humanité ? »

Nicolas Hulot : « Avec Les Migrants, Où Est Passée Notre Humanité ? »

Tribune publiée dans Le Monde par Nicolas Hulot, producteur, écrivain et président de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme. Cinq ans de conflits en Syrie, 5 millions de réfugiés dans les pays voisins, 7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, 1 million de personnes ayant traversé l’Europe, et cela s’ajoute à l’inexorable exode des damnés de la terre qui fuient l’Afrique, ses conflits et la désertification. Derrière les chiffres qui effraient et qui effacent les hommes et leurs souffrances, peut-on mettre des visages et des histoires ? Peut-on surtout réaliser que cela pourrait être chacun d’entre nous si…

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L'appel "Touche pas à ma pute" humilie les femmes / Tribune dans Le Monde

Après le prétendu appel « Touche pas à ma pute », je trouve nécessaire de relayer cette tribune d’Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes, dans Le Monde. C’est une mise au point salutaire que je partage.

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« Touche pas à ma pute », tel est l’intitulé d’une pétition qui sera publiée dans Causeur de novembre. Elle est le porte-étendard du « Manifeste des 343 salauds ». Voilà un acte militant inédit : les hommes n’avouent pas aisément fréquenter les putes. Et se préoccupent plus d’utiliser ces dames que de les défendre.

Mais ce manifeste va encore plus loin, et se réclame paradoxalement d’un autre manifeste célèbre : celui des « 343 salopes », publié en avril 1971 dans Le Nouvel Observateur, pour défendre la liberté d’avorter (« Je déclare avoir avorté »). Je suis, avec d’autres, à l’origine de ce manifeste. Une précision utile : nous n’avions pas choisi de nous appeler « salopes », ce qualificatif nous est venu du dehors, de Charlie Hebdo. Si on comprend bien, le terme de « salope » désignerait donc toute femme qui enfreint les règles de la bienséance féminine officielle, pute ou féministe.

Dans le manifeste « Touche pas à ma pute », les signataires eux, ont choisi le terme de « salaud » par référence aux « salopes » de 1971. C’est là que je m’interroge. Quelle filiation peut-il bien y avoir entre nous, les « salopes » qui réclamions la liberté interdite de disposer de notre corps, et ces « salauds » qui réclament aujourd’hui la liberté de disposer contre rémunération et sans pénalité du corps de certaines femmes ? Dans le premier cas, il s’agit de lever une oppression, dans le second, de la reconduire. Et ce au nom du même concept : la liberté. Où est la faille ?

Ce qui chiffonne mon sens de la logique en effet dans cette proclamation, ce n’est pas tellement qu’elle défende une forme de prostitution qui concerne une minorité de personnes, persuadées de l’avoir choisie. Ce n’est pas tellement qu’elle véhicule une contradiction majeure : elle met de côté la souffrance et l’humiliation de la majorité des « forçates » du sexe, tout en condamnant les réseaux proxénètes, qui en sont les pourvoyeurs.

LIBERTÉ OU ASSERVISSEMENT ?

Ce qui me chiffonne, c’est cette référence à la liberté. L’occasion est donnée une fois de plus de constater les dévoiements infligés à cette idée. Ce mot connaît depuis des décennies des accommodements qui reviennent à en faire le contraire de ce qu’elle est censée être. La doxa de notre temps s’incarne dans la trilogie : « liberté d’expression », sacralisée par la loi 1881 sur la liberté de la presse, le « touche pas à » (on est passé du pote à la pute) et le « c’est mon choix ». Le tout chapeauté par le credo : « Tout se vaut » (les arts, les cultures, les dominations) ou concept d’équivalence. Tels sont les piliers qui soutiennent l’édifice construit à la gloire de « ma » liberté. Qui ne connaît pas de limite.

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Prostitution : mobilisons-nous pour une loi d'abolition / Tribune dans Le Monde

Je relaie ici une tribune que j’ai signée, militant pour une loi d’abolition de la prostitution, aux côtés de nombreuses collègues et de nombreux collègues parlementaires et d’associations.

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© AFP

La complaisance a assez duré. C’est le sentiment de l’urgence qui nous pousse aujourd’hui, quelle que soit la diversité de nos horizons, à nous mobiliser ensemble autour d’un vrai mouvement citoyen.

Contre tous les poncifs qui nous sont trop souvent servis dans les médias – mal nécessaire, projet liberticide – nous affirmons la nécessité et la cohérence de notre engagement pour l’abolition du système prostitueur. Pourquoi s’être mobilisé-es contre les violences et les discriminations, pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour le droit de chacun-e à disposer de son corps, si c’est pour laisser prospérer un système porteur d’une double-violence, sociale et sexuelle ?

Bastion d’une inoxydable tradition patriarcale de mise à disposition du corps, et donc de la personne des femmes, au profit de prétendus besoins sexuels masculins, ce système consacre le droit du client prostitueur à imposer un acte sexuel par l’argent. En exploitant la précarité et les vulnérabilités des personnes en situation de prostitution, ce système archaïque met à mal tous les efforts visant à vivre une véritable égalité où le désir est réciproque et le plaisir partagé. Il nie le seul véritable droit : celui à une sexualité libérée de toutes les injonctions, qu’elles soient morales, psychologiques ou financières.

LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

Comme le viol, le viol conjugal ou le harcèlement sexuel, le système prostitueur ne relève pas de la sexualité mais des violences sexuelles. Comment penser qu’un système qui repose sur la négation systématique du désir de l’autre et le rapport de force financier relève de la sexualité dans ce qu’elle a de libre et d’épanouissant ? Les associations de soutien aux personnes prostituées et de lutte contre les violences faites aux femmes le constatent chaque jour : la répétition d’actes sexuels non désirés, même lorsqu’ils sont consentis, est en soi une violence sexuelle aux conséquences physiques et psychologiques équivalentes aux autres formes de violence sexuelle.

Non, l’abolition du système prostitueur n’est pas une utopie, si ce n’est au sens que Victor Hugo donnait à ce mot, une « réalité de demain ». Loin de constituer une volonté d’éradication, elle engage enfin une politique résolue qui donne un cap à notre société, qui responsabilise pénalement les acteurs de ce système et offre enfin des alternatives aux personnes en situation de prostitution.

L’abolition du système prostitueur ne fera certes pas disparaître la prostitution du jour au lendemain. Mais elle engagera résolument la société tout entière aux côtés des victimes de ce système d’exploitation et contre ceux qui en tirent profit.

Car qui se satisferait du statu quo ? Des personnes prostituées toujours considérées comme des délinquantes, une impunité persistante des clients prostitueurs, des étrangères exposées à la menace de l’expulsion quand il faudrait les protéger des réseaux qui les exploitent…

Le temps est venu de changer radicalement de perspective. Ce que nous exigeons aujourd’hui, c’est la mise en place, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, d’une politique réellement abolitionniste permettant de tarir les entrées dans la prostitution et de multiplier les possibilités d’en sortir. Il s’agit d’un devoir éthique.

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"N'ayons pas peur d'une fiscalité écologique juste, progressive, redistributive" : tribune dans Le Monde

Alors que s’ouvre aujourd’hui la conférence environnementale, je signe avec Guillaume Balas, secrétaire général de « Un Monde d’Avance » et membre du bureau national du PS, une tribune dans Le Monde.

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Ce sont les énergies fossiles qui saignent la France et les ménages. A quelques jours des arbitrages de la Conférence Environnementale, les esprits s’échauffent, et le débat recule. Attendus depuis près d’un an, ceux-ci devront être à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux auxquels doit faire face la France.

Ménages et entreprises françaises paient pourtant chaque jour une facture énergétique qui s’aggrave. Quand 88% du déficit commercial français est creusé par les importations de pétrole, c’est le bilan économique de la France qui en est lourdement affecté. Quand les cours du pétrole explosent, ce sont les salariés devant prendre leur voiture pour aller travailler qui en font les frais. Ce sont nos entreprises qui font le choix entre payer ou embaucher. Ce sont bien les citoyens qui en paient le prix. Et pas n’importe lesquels.

Réduire nos émissions de gaz à effet de serre en réduisant notre consommation énergétique, ce n’est pas faire plaisir aux  » bobos «  comme certains le disent. Engager la France sur la voie de la sobriété énergétique, c’est se battre au quotidien aux côtés de ceux qui subissent de plein fouet la hausse du prix de l’énergie et l’épuisement des ressources mondiales. C’est rappeler chaque jour que 8 millions de Français survivent dans la précarité énergétique.
Gardons le cap, choisissons le camp de la gauche, celui du progrès social, de la lutte incessante contre les inégalités, d’une gauche qui donne à tous le droit de vivre sainement. Ne laissons pas les plus pauvres de côté sur le chemin de la transition énergétique, n’ayons pas peur d’une fiscalité écologique juste, progressive, redistributive et incitative.

LE DIESEL TUE

La fiscalité écologique a toute sa part dans le projet de loi de finance 2014. Elle sera d’autant plus acceptée par tous, que ses fruits profiteront à ceux qui en ont le plus besoin, à ceux qui n’ont pas les moyens d’isoler leur logement ou de s’acheter une voiture plus économe. Ne la laissons pas combler ça et là des trous dans les finances publiques.

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Limiter le cumul des mandats fait respirer la démocratie - Ma tribune dans Le Monde

Élue députée en juin 2012, j'ai démissionné de mon mandat de conseillère générale du Doubs, conformément à l'engagement que j'avais pris durant la campagne. En présentant ses vœux aux parlementaires, François Hollande a réaffirmé sa détermination pour que la réforme limitant le cumul des mandats voie le jour durant le quinquennat. Je salue cette confirmation et milite pour qu'elle soit mise en oeuvre. Au-delà des principes fondamentaux qui justifient une telle réforme, je souhaite souligner ici les avantages concrets qui découlent de cette décision. D'abord, je peux être davantage sur le terrain. Si j'étais restée conseillère générale, je serais tenue…

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« Produit intérieur brut, un indicateur à courte vue » (Le Monde)

Je vous conseille la lecture de ce point de vue de Jean Gadrey, Florence Jany-Catri et Dominique Méda sur le PIB (produit intérieur brut), paru dans Le Monde du 14 juin 2012.

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De façon certaine, la croissance a tenu le rôle principal dans la campagne présidentielle : son absence expliquait les déboires du pays, son retour permettrait son redressement. Gageons que, dans le combat qui continue d’opposer la fâcheuse austérité à la riante croissance, les peuples ont d’ailleurs choisi leur camp, comme les auteurs de ces lignes : l’austérité qui nous est imposée ressemble plus à une purge mortelle qu’à un remède.
Mais le refus de l’austérité doit-il nécessairement aller de pair avec l’apologie de la croissance ? Ne faut-il pas réinterroger le terme central lui-même, la croissance, pour comprendre ce qu’à travers toutes ces objurgations, nous désirons vraiment ?

Derrière ces prières, plusieurs convictions sont ancrées : la première, la plus forte sans doute, est que sans croissance nous ne parviendrons pas à lutter contre le chômage ni à réduire les dettes publiques. La seconde soutient que la croissance est la garante du progrès et que les gains extraordinaires de développement humain sont dus à la croissance dont les pays occidentaux ont bénéficié depuis deux siècles.

Cet argument intègre, dans la période récente, la conviction que la crise des dettes publiques exige le retour d’une croissance aussi forte que possible, oubliant que cette crise est apparue aux Etats-Unis… au terme d’une période de croissance ! Le manque de croissance n’explique nullement la crise, liée à la démesure de la finance dérégulée et des inégalités. C’est la validité de ces croyances qu’il nous faut réinterroger. Trois éléments apportent un sérieux bémol à cette façon de voir les choses.

En premier lieu, loin d’être une opération uniquement positive, la croissance s’est réalisée au prix d’une pression énorme sur les humains et sur la nature et donc par un accroissement de l’intensification du travail et de l’empreinte écologique humaine ainsi que par une captation des ressources matérielles et humaines des pays du Sud par les pays du Nord. Or, les instruments dont nous disposons sont inadaptés pour mettre cela en évidence : la comptabilité nationale - celle-là même qui permet le calcul du fameux produit intérieur brut (PIB), dont nous attendons l’augmentation - ne prend pas en compte nos patrimoines humains et naturels.

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« Vive la symbiose des cultures », par Edgar Morin

Je partage avec vous cette tribune d’Edgar Morin, sociologue et philosophe, parue dans Le Monde, en réaction aux propos scandaleux de Claude Guéant. Comme toujours, c’est très instructif !

Edgar Morin, sociologue et philosophe

Chaque culture a ses vertus, ses vices, ses savoirs, ses arts de vivre, ses erreurs, ses illusions. Il est plus important, à l’ère planétaire qui est la nôtre, d’aspirer, dans chaque nation, à intégrer ce que les autres ont de meilleur, et à chercher la symbiose du meilleur de toutes les cultures
La France doit être considérée dans son histoire non seulement selon les idéaux de Liberté-Egalité-Fraternité promulgués par sa Révolution, mai aussi selon le comportement d’une puissance, qui, comme ses voisins européens, a pratiqué pendant des siècles l’esclavage de masse, a dans sa colonisation opprimé des peuples et dénié leurs aspirations à l’émancipation. Il y a une barbarie européenne dont la culture a produit le colonialisme et les totalitarismes fascistes, nazis, communistes. On doit considérer une culture non seulement selon ses nobles idéaux, mais aussi selon sa façon de camoufler sa barbarie sous ces idéaux.

Nous pouvons tirer fierté du courant autocritique minoritaire de notre culture, de Montaigne à Lévi-Strauss en passant par Montesquieu, qui a non seulement dénoncé la barbarie de la conquête des Amériques, mais aussi la barbarie d’une pensée qui « appelle barbares les peuples d’autres civilisations » (Montaigne).

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Trente ans de crise des banlieues, par Luc Bronner

  • 17 juillet 2011
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Pour faire suite à la table ronde que j’avais organisée le 17 février à l’espace Nelson Mandela, à la Maison de quartier de Planoise, je suggère la lecture de cet article de Luc Bronner, ex-spécialiste des banlieues au journal Le Monde, nouveau Rédacteur en chef et auteur de La loi du Ghetto. Il revient sur la politique de la ville, l’action des politique et l’efficacité sur le visage des banlieues.

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Depuis trente ans, la crise des banlieues fait partie de cette exception sociale française, illustration explosive du formidable décalage entre les promesses de la République et leurs réalisations. Trente ans ? Parce que quelques dizaines de jeunes, un soir de juillet 1981, quelques mois à peine après l’élection de François Mitterrand à l’Elysée, avaient incendié des voitures et exprimé, publiquement, leur colère aux Minguettes à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise.

Cet épisode avait ouvert le chapitre des « étés chauds », des « rodéos », des « violences urbaines », dont nos voisins européens ne cessent de s’étonner. Cet anniversaire coïncide, en un terrible raccourci, avec celui des émeutes des 16, 17 et 18 juillet 2010 dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble. Comme si le paysage des quartiers restait désespérément le même. Comme si la chronique des banlieues devait se limiter aux poussées de fièvre, puis aux périodes d’oubli - celle que nous vivons aujourd’hui dans l’indifférence la plus complète.

Trente ans de crise de banlieues, et donc trente ans de politique de la ville. Pour quels résultats ? Les émeutes de l’automne 2005 ont montré combien les coupures entre la République et ses enfants des quartiers étaient profondes. Fracture sociale, économique, identitaire, mais aussi ethnique, tant les phénomènes de ségrégation sont importants. La gravité de cet épisode de violences collectives, inédit depuis Mai 68, avait eu un mérite : replacer la question des banlieues au coeur de l’agenda politique.

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