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40 ans après la Loi Veil, une résolution pour réaffirmer le droit fondamental à l’IVG
26/11/14
Quarante ans, voici le jour anniversaire du discours de Simone Veil, alors Ministre de la Santé, défendant dans un hémicycle hostile son projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Alors que ce droit tend à être remis en cause par les conservateurs européens comme en Espagne, les députés français se prononceront aujourd’hui sur une résolution visant à réaffirmer le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse en France et en Europe. Je vous propose de lire et partager ce communiqué de ma collègue Catherine Coutelle, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances, et auteure de cette résolution dont je suis signataire.
« Le 26 novembre 1974, Simone Veil montait à la tribune pour défendre devant les député-e-s le projet de loi qui allait dépénaliser l’IVG et en faire un droit pour les femmes. Le 26 novembre 2014, Catherine Coutelle présentera une proposition de résolution visant à réaffirmer le droit fondamental à l’IVG en France et en Europe, texte déposé sous son impulsion et celle du Président Bartolone.
L’adoption de cette proposition de résolution constituera un signal d’importance en France et en Europe. Signée par les présidents de chaque groupe politique siégeant dans l’Hémicycle (PS, UMP, UDI, Ecologistes, Radicaux et Communistes), ce geste politique n’en aura que plus de portée.
Dans l’Héxagone, réaffirmer le droit à l’IVG est une responsabilité qui est capitale pour soutenir, dans leurs vies quotidiennes et leurs combats, les femmes et jeunes femmes, les militants associatifs, les professionnels de santé. Pour que l’IVG, droit longtemps concédé, devienne un droit réel, fondamental.
A l’échelle européenne, alors que le droit à l’IVG reste soit contesté comme l’a prouvé le gouvernement conservateur espagnol récemment sans heureusement avoir gain de cause, soit mal assuré, soit toujours interdit par certains pays membres de l’Union, la France, dont la voix reste très attendue et entendue, se devait en cette occasion de prendre la parole pour en appeler à une harmonisation des législations permettant de mieux assurer ce droit fondamental pour les femmes, pour leur liberté, pour leur émancipation et pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
La proposition de résolution sera débattue dans l’Hémicycle mercredi 26 novembre à la suite de la séance des Questions au Gouvernement, peu après 16h00. »
IVG : quand le Front national parle « d’inattention »…
14/10/12
Marion Maréchal Le Pen a récemment déclaré concernant l’avortement que ce n’était « pas à l’Etat de réparer les inattentions des femmes », dénonçant là l’intention du gouvernement de rembourser intégralement l’IVG.
En parlant d’« inattention », Mme Maréchal Le Pen sous-entend que l’avortement est un confort et une facilité. C’est la manifestation d’une conception de la féminité des plus rétrogrades, de celles qui désignent la femme comme une criminelle inconséquente qui n’a pas su maitriser sa sexualité.
Marion Maréchal Le Pen poursuit : « Il faut dérembourser [les interruptions volontaires de grossesse]. On a quand même des moyens de contraception abordables. Je pense que c’est un acte grave et qu’aujourd’hui on est confronté à un certain nombre d’excès ».
Face à de tels propos, je souhaite rappeler que l’existence d’une contraception abordable répond à un problème différent de celui que règle l’IVG. La contraception est un moyen pour prévenir la grossesse, elle ne résout rien pour les femmes tombées enceintes alors qu’elles ne le souhaitaient pas ; cela relève presque de la gageure de devoir l’expliquer.
Par conséquent, ne doutons pas qu’en déremboursant l’IVG, les avortements ne diminueraient pas pour autant, mais on jetterait par contre des femmes dans la précarité et la détresse. Cette logique culpabilisante et punitive s’oppose radicalement aux valeurs humanistes défendues par les républicains en général et la gauche en particulier.
Faut-il rappeler que l’IVG répond à une situation sanitaire de fait, et qu’il n’encourage ni ne promeut en aucune façon l’avortement lui-même, les chiffres l’attestent. Faut-il rappeler que les avortements sont pratiqués quoiqu’il arrive, et que l’IVG permet que ces avortements cessent de constituer un danger pour la santé des femmes obligées de le pratiquer dans la clandestinité ?
Plus généralement, parler à l’instar de Marine Le Pen d’IVG « de confort » est un scandale quand on sait la douleur et la pénibilité d’une telle intervention ; quand on sait dans quelles situations de détresse se trouvaient les femmes avant l’adoption de l’IVG ; quand on sait aujourd’hui encore les conditions sociales et financières des femmes qui y ont recours ; quand on sait enfin la pression morale à laquelle sont déjà soumises ces femmes. Aussi, je m’insurge contre des propos qui tendent à faire de la femme un être inconséquent, tellement irresponsable d’elle-même et des autres qu’il faudrait l’empêcher d’avoir pleine possession de son corps.
Je voudrais rappeler à Marion Maréchal Le Pen que le coût d’une IVG chirurgicale varie de 250 € à 450 € selon les établissements hospitaliers, et qu’il faut débourser au minimum 190 € pour une IVG médicamenteuse pratiquée dans un cabinet médical. Vouloir rembourser intégralement l’IVG, c’est donc la mettre à disposition réelle de celles qui en ont besoin, c’est s’assurer que le paramètre économique ne soit pas une discrimination dans l’accès à la dignité, c’est affirmer enfin que l’état de grossesse non désiré n’est pas une faute mais un accident qui ne s’exprime pas en termes d’inconscience ou d’imprévoyance.
Au vu de l’extrême complexité des situations d’avortement et de la douleur qu’elles génèrent pour les femmes qui les connaissent, que Mme Maréchal Le Pen se rassure : les femmes ne viendront pas en masses se faire avorter pour le plaisir parce que le gouvernement le leur propose à un meilleur tarif.