François HollandeL’annonce par François Hollande de sa volonté de remanier le quotient familial vient de déclencher les foudres de l’UMP et les commentaires ironiques de nombreux commentateurs. M. Sarkozy n’hésite pas à qualifier cette proposition de « folie ». Même si les modalités de cette réforme mériteraient d’être précisées, en quoi  serait-elle scandaleuse ? Est-il anormal de vouloir mettre plus de justice dans un système injuste ?

En effet, il me semble utile de rappeler que, d’après le rapport de mai 2011 du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), 10 % des foyers les plus aisés bénéficient de 46 % de l’avantage fiscal, tandis que les 50 % les plus pauvres n’en bénéficient qu’à hauteur de 10 % !. François Hollande, candidat de gauche qui fait de la justice fiscale un élément central de son programme, propose donc très logiquement de le « moduler ».

Redonner plus à ceux qui en ont le plus besoin, non seulement ne me paraît pas scandaleux mais me semble le principe même d’une politique de gauche.

Le Chef de l’État annonce que cette mesure « aurait des conséquences absolument dramatiques pour la politique familiale de la nation ». Si le quotient familial créé à la fin de la guerre avait, en effet, l’objectif de favoriser la démographie, peut-on sérieusement penser que cela est aujourd’hui encore le cas ? La priorité de la politique familiale réside aujourd’hui davantage dans l’égalité entre les enfants, entre les parents, entre les hommes et les femmes, dans la conciliation des vies familiale et professionnelle, dans la qualité de l’éducation et en particulier des services d’accueil de la petite enfance (essentiels si l’on veut s’attaquer à la source des futures inégalités scolaires et sociales)…