Archives pour mars, 2015

Notre division participe du désarroi

Le résultat du scrutin de mars 2015 montre que les citoyens ne voient pas dans la gauche un espoir de changement, pas plus dans la gauche de gouvernement que dans celle qui la critique. Dit autrement, la volonté de sanctionner le gouvernement ne profite pas aux partis de gauche qui le contestent. C’est une question très sérieuse qui se pose à nous, la gauche, collectivement. Séparés, nous perdons, alors qu’unis nous pouvons l’emporter. Notre union est nécessaire pour une raison numérique. Quand il faut un pourcentage minimal des inscrits pour pouvoir se maintenir au second tour, toute division des voix au premier tour fait prendre le risque de l’élimination de tous, singulièrement dans des scrutins où le taux d’abstention est élevé. L’union est également nécessaire parce que notre division participe du désarroi de nos concitoyens en cette période si difficile. Je crois que beaucoup ne comprennent pas que les gauches ne soient pas unies dans l’adversité. D’autant plus dans les élections départementales qui viennent de passer, car les différentes formations de gauche ont gouverné ensemble dans les départements, comme c’était le cas dans nombre de municipalités.

Surtout, je crois profondément que de l’union des forces de gauche – politiques, associatives, syndicales – naissent des fonctionnements plus démocratiques et des politiques plus créatives, intelligentes et efficaces dans la résolution des problèmes et des défis auxquels nous sommes confrontés.

Le fait d’être divers nous oblige à écouter les différents partenaires. Cela nous aide à nous préserver du sectarisme des uns et de la volonté hégémonique des autres. C’est en soi important, car je crois que cela nous permet également d’être plus attentifs aux citoyens, à leurs attentes et à leurs expertises et propositions. Dans notre monde en mutation, beaucoup réfléchissent et mettent en œuvre des nouvelles façons de faire, inventent des solidarités concrètes qui facilitent et améliorent la vie. Tous ensemble, il nous faut d’urgence réduire les inégalités au nom de la justice et aussi parce que c’est une condition de notre vie commune. Tout aussi urgente est notre mobilisation pour la survie de la planète et de ceux qui l’habitent. Enfin, ne négligeons pas l’aspiration de chacun d’entre nous à participer à faire advenir un monde meilleur pour soi, ses proches, mais aussi ceux et celles que nous ne connaissons pas, mais qui sont tout aussi humains que nous.

Barbara Romagnan

Chronique publiée dans L’Humanité le 30 mars 2015

Flash info - Semaine du 23 mars 2015

Flash infoSOLIDARITE - Le décret mettant en œuvre, à partir du 1er avril 2015, la nouvelle revalorisation du montant des prestations sociales pour les familles nombreuses modestes et les parents isolés est publié. Deux prestations sociales sont nettement revalorisées : le complément familial, attribué aux familles nombreuses modestes (ressources annuelles inférieures à environ 23 000 euros, pour une famille avec 3 enfants) et l’allocation de soutien familial (ASF), dont bénéficient les parents isolés (en majorité des mères qui élèvent seules leur enfant). >> En savoir plus

SANTE - Le plan national d’action de promotion des médicaments génériques vise à encourager la prescription et l’utilisation des médicaments génériques en ville, à l’hôpital et dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, tout en respectant la liberté de prescription. Une charte d’adhésion aux objectifs du plan est en cours de signature par les principaux acteurs concernés, afin de marquer leur accord sur un objectif commun : lever les derniers freins à l’usage des génériques pour toutes les situations où cet usage est possible. Une campagne de communication nationale à destination du grand public et des professionnels de santé sera lancée à la fin de l’année 2015 pour renforcer la confiance dans les génériques, médicaments efficaces et de qualité. >> En savoir plus

EDUCATION - Le nouveau programme d’enseignement de l’école maternelle entre en vigueur à la rentrée 2015. Les enseignements sont organisés en 5 domaines d’apprentissage. Le programme établit, pour chaque domaine, une définition générale, énonce les objectifs visés et donne des indications pédagogiques de nature à fournir des repères pour organiser la progressivité des apprentissages. La loi de refondation de l’École crée un cycle unique pour l’école maternelle et souligne sa place fondamentale comme 1re étape pour garantir la réussite de tous les élèves au sein d’une école juste pour tous et exigeante pour chacun. Ce temps de scolarité, bien que non obligatoire, établit les fondements éducatifs et pédagogiques sur lesquels s’appuient et se développent les futurs apprentissages des élèves pour l’ensemble de leur scolarité. La mission principale de l’école maternelle est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité. >> En savoir plus

Agenda : semaine du 23 mars 2015

AgendaLundi 23 mars
interview sur la RTS (radio suisse) concernant les élections départementales - rencontre avec le directeur académique des services de l’Education nationale du Doubs - séance de travail à ma permanence parlementaire - rencontre avec l’association CLCV - Assemblée nationale

Mardi 24 mars
réunion « Vive la gauche » - divers rendez-vous à l’Assemblée nationale - rencontre concernant le Médiateur de l’énergie - scrutin solennel pour le projet de loi « biodiversité » -

Mercredi 25 mars
travail en commission - groupe de travail sur le dialogue social - séance des questions au Gouvernement

Jeudi 26 mars
actions militantes et porte-à-porte avec les candidats pour le second tour des élections départementales et visite de Stéphane Le Foll

Vendredi 27 mars
passage au service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Besançon

Dimanche 29 mars
élections départementales : 2ème tour

La Tunisie, pays plein de ressources

Impressionnée par la révolution tunisienne et curieuse des suites qui y seraient données, je me suis rendue à plusieurs reprises dans le pays après le 14 janvier 2011. Ces séjours à moins de deux heures d’avion, juste de l’autre côté de la Méditerranée, dans un pays dont nous partageons un peu d’histoire, dans lequel nous sommes nombreux en France à avoir des amis, ont été plein de surprises. J’y ai notamment vu de nombreuses raisons d’être confiant quant à l’avenir de la démocratie naissante.

Je savais déjà que la Tunisie était relativement avancée en matière de statut des femmes, singulièrement dans les pays arabes. On peut rappeler également que les filles représentent 59,5 % des étudiants. Dans les faits, la situation est contrastée, mais ce que j’ai vu sur place m’a paru encourageant.

À l’occasion de deux réunions politiques publiques, à Tunis et dans un secteur rural à proximité de la frontière algérienne, j’ai pu constater que nombre de Tunisiennes ne craignaient pas de prendre la parole. Elles étaient, comme partout dans le monde, minoritaires à la tribune. Mais dans le public, elles ont été à chaque fois largement majoritaires dans les prises de parole et leur détermination n’avait rien à envier à celle des hommes. Cela m’a frappée car, habituée des réunions publiques en France, je ne crois pas avoir déjà assisté à une seule réunion où les prises de parole étaient majoritairement féminines – sauf dans des réunions dont les femmes étaient l’objet. Cela ne dit pas tout de la place des femmes en Tunisie, ni même de la force de la démocratie, mais je crois que c’est un indice intéressant de la vie démocratique dans ce pays.

J’ai eu également l’occasion d’un échange avec des parlementaires du parti islamiste Ennahdha et des partisans de Nidaa Tounès qui m’a confortée dans cette idée. Ces parlementaires ont des visions de la société et de son organisation souhaitable toujours aussi opposées, mais ils ont convenu que quelque chose avait changé entre le début et la fin de leur mandat. Alors qu’au début chacun aspirait à éradiquer – politiquement – l’autre camp, ils avaient fini par accepter l’existence des autres, à les reconnaître certes comme des adversaires mais aussi à « faire avec » eux. Leurs désaccords, profonds, persistaient, ils continuaient à s’opposer mais ne cherchaient plus à s’éliminer.

Quelques jours après le terrible attentat de Tunis, n’oublions pas que ce pays et ses habitants sont pleins de ressources.

Barbara Romagnan

Chronique publiée dans L’Humanité le 23 mars 2015

Pour la généralisation du tiers payant

Le tiers payant évite à l’usager de devoir avancer de l’argent quand il va consulter un professionnel de santé, sur la part remboursée par l’assurance maladie ainsi que sur la part remboursée par les assurances complémentaires. Le tiers payant est donc un des moyens de lutter contre le renoncement aux soins. En effet, pour certaines personnes, le simple fait de devoir avancer les frais (qui leur seront ensuite remboursés) est une difficulté.

Le tiers payant n’est pas une nouveauté : les médecins le pratiquent déjà pour les bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) et de l’AME (aide médicale d’État). C’est le cas aussi des pharmaciens ou des infirmiers. Le dispositif fonctionne donc déjà. C’est le fait de le généraliser qui est nouveau et semble susciter le rejet d’un nombre important de professionnels. Je ne comprends pas une opposition si farouche. J’entends l’argument de la complexité et du travail supplémentaire générés par le dispositif du tiers payant. Cela ajoute à la charge, parfois déjà très lourde pour certains praticiens, et peut se traduire par une ré-
duction de leur activité de soins. Il est sans doute nécessaire d’alléger, simplifier cette procédure, et d’accompagner les professionnels pour la mise en œuvre de ce changement. Mais il me semble que cela ne saurait remettre en cause le principe de cette mesure essentielle pour la santé publique et la justice sociale.

Un autre argument est avancé en opposition à la généralisation du tiers payant : l’absence d’avance de frais entraînerait des abus de la part de patients déresponsabilisés. Les études menées sur cette question n’ont pas démontré que le tiers payant inviterait à la surconsommation de la part de patients peu soucieux des deniers publics. De même que, sur un plan plus général, le fait de payer quelque chose n’implique pas forcément une « responsabilisation », certains estimant que parce qu’ils paient, ils peuvent se permettre davantage que quand ils ne paient pas. Surtout, je pense que les patients vont chez le médecin pour recueillir un avis de santé qui implique éventuellement des soins, non pas pour « consommer ».

Il me semble que le problème majeur auquel nous sommes confrontés est le fait que des personnes renoncent à se soigner ou repoussent ce moment faute de moyens. C’est un enjeu de justice sociale. C’est également un enjeu majeur de santé publique. Des personnes soignées à temps, cela limite les risques de propagation des maladies et évite des interventions en urgence, beaucoup plus coûteuses pour la collectivité.