Archives pour mars, 2015
Trop bon pour être jeté
31/03/15
Le Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a mis en place en 2013, le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire visant à diminuer par deux le gaspillage en France d’ici à 2025.
Le gaspillage alimentaire dans la consommation des ménages en France représente en moyenne 20 kg de déchets par an et par personne dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés. Jeter de la nourriture alors que de nombreux Français dépendent de l’aide alimentaire pour vivre doit nous poser problème. L’union locale de la CLCV Besançon, a décidé de s’engager concrètement contre cette dérive en promouvant l’usage du sac à emporter (doggy bag). L’objectif de cette expérimentation est d’inciter les restaurateurs bisontins à proposer aux clients qui ne termineraient pas leur assiette, d’emporter chez eux le reste de leur repas. Un logo « trop bon pour être jeté » sera ainsi visible sur les vitrines afin que les consommateurs puissent avoir connaissance des établissements qui adhèrent à cette démarche.
L’association souhaite également fournir, à titre d’expérience, le matériel adapté à la promotion du sac à emporter (boîte, flyer, set de table, mode d’emploi). Le tout sera biodégradable. Si le sac à emporter ne peut répondre à lui seul au problème du gaspillage, cette initiative favorisera sans doute de nouvelles avancées en la matière et participera à redonner à l’alimentation et à ceux qui la produisent leur juste valeur.
Notre division participe du désarroi
31/03/15
Le résultat du scrutin de mars 2015 montre que les citoyens ne voient pas dans la gauche un espoir de changement, pas plus dans la gauche de gouvernement que dans celle qui la critique. Dit autrement, la volonté de sanctionner le gouvernement ne profite pas aux partis de gauche qui le contestent. C’est une question très sérieuse qui se pose à nous, la gauche, collectivement. Séparés, nous perdons, alors qu’unis nous pouvons l’emporter. Notre union est nécessaire pour une raison numérique. Quand il faut un pourcentage minimal des inscrits pour pouvoir se maintenir au second tour, toute division des voix au premier tour fait prendre le risque de l’élimination de tous, singulièrement dans des scrutins où le taux d’abstention est élevé. L’union est également nécessaire parce que notre division participe du désarroi de nos concitoyens en cette période si difficile. Je crois que beaucoup ne comprennent pas que les gauches ne soient pas unies dans l’adversité. D’autant plus dans les élections départementales qui viennent de passer, car les différentes formations de gauche ont gouverné ensemble dans les départements, comme c’était le cas dans nombre de municipalités.
Surtout, je crois profondément que de l’union des forces de gauche – politiques, associatives, syndicales – naissent des fonctionnements plus démocratiques et des politiques plus créatives, intelligentes et efficaces dans la résolution des problèmes et des défis auxquels nous sommes confrontés.
Le fait d’être divers nous oblige à écouter les différents partenaires. Cela nous aide à nous préserver du sectarisme des uns et de la volonté hégémonique des autres. C’est en soi important, car je crois que cela nous permet également d’être plus attentifs aux citoyens, à leurs attentes et à leurs expertises et propositions. Dans notre monde en mutation, beaucoup réfléchissent et mettent en œuvre des nouvelles façons de faire, inventent des solidarités concrètes qui facilitent et améliorent la vie. Tous ensemble, il nous faut d’urgence réduire les inégalités au nom de la justice et aussi parce que c’est une condition de notre vie commune. Tout aussi urgente est notre mobilisation pour la survie de la planète et de ceux qui l’habitent. Enfin, ne négligeons pas l’aspiration de chacun d’entre nous à participer à faire advenir un monde meilleur pour soi, ses proches, mais aussi ceux et celles que nous ne connaissons pas, mais qui sont tout aussi humains que nous.
Barbara Romagnan
Chronique publiée dans L’Humanité le 30 mars 2015
Pour un contrat de rassemblement
30/03/15
L’état réel de la France ne fait pas de doute. L’impuissance à y remédier nous vaut une nouvelle défaite, la troisième en un an. Les résultats du Front National et l’abstention confirment la déception et le désarroi de millions de Français. La vie démocratique française en sort gravement et durablement changée. Le tripartisme d’aujourd’hui est un risque immense pour demain. Continuer sans rien changer, c’est sous-estimer l’ampleur du choc politique. Une embellie mineure ne pourra prévenir d’autres catastrophes majeures.
La crise démocratique qui vient de se traduire dans les urnes exige que nous répondions à la demande de justice dans la République, et d’efficacité face au chômage. Nos propositions pour les douze prochains mois constituent un agenda de réforme, qu’une majorité enfin rassemblée peut dès maintenant assumer et défendre, sans renoncer et sans se renier.
Sans changements sincères dans les politiques, sans renouvellement de la pratique du pouvoir, la dispersion de la gauche sera irréversible. Les Français veulent sentir que ceux qu’ils ont choisis en 2012 se battent sans relâche pour redresser le pays. Mais la France ne changera pas sans les Français. Tout Français porteur d’un projet doit être accompagné. Le destin de chaque jeune dans notre pays ne doit pas être figé dès le plus jeune âge.
– Porteurs de l’espérance de très nombreux socialistes et de beaucoup de Français, nous ne nous laisserons pas enfermer dans une fronde, ou dans la démoralisation. Nous appelons à ce qu’une grande Gauche se rassemble sans retard, pour soutenir des politiques nouvelles, au service de nos engagements.
I. Le « Plan République » : un plan en urgence et dans la durée pour l’égalité sur tous les territoires de la République.
- Particulièrement dans les territoires en difficulté :
Arrivée en grand nombre d’enseignants et d’acteurs de l’éducation / prévention spécialisée, ouverture de nouvelles maisons de services publics, accélération du déploiement de l’accès au Très Haut Débit, implantation de nouveaux centres de santé et de maisons de santé pluridisciplinaires, soutien aux projets et équipements culturels, appui financier aux associations ;
- Engagement général pour le logement :
- Développer des Opérations d’Intérêt National sur le territoire pour contraindre les maires réticents à bâtir.
- Lutter contre la spéculation et la rente foncière pour libérer les terrains privés constructibles.
- Systématiser la vente à la Caisse des dépôts des terrains publics qui ont vocation à accueillir du logement en particulier lorsque la cession par les administrations ou entreprises publiques traine en longueur.
- Augmenter les aides à la pierre pour relancer la construction de logements sociaux à loyers abordables.
- Appliquer sans faiblir la loi ALUR : Garantie des loyers, création des observatoires des loyers, montée en puissance de l’encadrement des loyers.
- Utiliser sans délais le droit de préemption de l’Etat dans les communes qui refusent de construire des logements sociaux.
- Supprimer immédiatement la baisse des dotations aux collectivités locales.
Flash info - Semaine du 23 mars 2015
30/03/15
SOLIDARITE - Le décret mettant en œuvre, à partir du 1er avril 2015, la nouvelle revalorisation du montant des prestations sociales pour les familles nombreuses modestes et les parents isolés est publié. Deux prestations sociales sont nettement revalorisées : le complément familial, attribué aux familles nombreuses modestes (ressources annuelles inférieures à environ 23 000 euros, pour une famille avec 3 enfants) et l’allocation de soutien familial (ASF), dont bénéficient les parents isolés (en majorité des mères qui élèvent seules leur enfant). >> En savoir plus
SANTE - Le plan national d’action de promotion des médicaments génériques vise à encourager la prescription et l’utilisation des médicaments génériques en ville, à l’hôpital et dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, tout en respectant la liberté de prescription. Une charte d’adhésion aux objectifs du plan est en cours de signature par les principaux acteurs concernés, afin de marquer leur accord sur un objectif commun : lever les derniers freins à l’usage des génériques pour toutes les situations où cet usage est possible. Une campagne de communication nationale à destination du grand public et des professionnels de santé sera lancée à la fin de l’année 2015 pour renforcer la confiance dans les génériques, médicaments efficaces et de qualité. >> En savoir plus
EDUCATION - Le nouveau programme d’enseignement de l’école maternelle entre en vigueur à la rentrée 2015. Les enseignements sont organisés en 5 domaines d’apprentissage. Le programme établit, pour chaque domaine, une définition générale, énonce les objectifs visés et donne des indications pédagogiques de nature à fournir des repères pour organiser la progressivité des apprentissages. La loi de refondation de l’École crée un cycle unique pour l’école maternelle et souligne sa place fondamentale comme 1re étape pour garantir la réussite de tous les élèves au sein d’une école juste pour tous et exigeante pour chacun. Ce temps de scolarité, bien que non obligatoire, établit les fondements éducatifs et pédagogiques sur lesquels s’appuient et se développent les futurs apprentissages des élèves pour l’ensemble de leur scolarité. La mission principale de l’école maternelle est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité. >> En savoir plus
Agenda : semaine du 23 mars 2015
30/03/15
Lundi 23 mars
interview sur la RTS (radio suisse) concernant les élections départementales - rencontre avec le directeur académique des services de l’Education nationale du Doubs - séance de travail à ma permanence parlementaire - rencontre avec l’association CLCV - Assemblée nationale
Mardi 24 mars
réunion « Vive la gauche » - divers rendez-vous à l’Assemblée nationale - rencontre concernant le Médiateur de l’énergie - scrutin solennel pour le projet de loi « biodiversité » -
Mercredi 25 mars
travail en commission - groupe de travail sur le dialogue social - séance des questions au Gouvernement
Jeudi 26 mars
actions militantes et porte-à-porte avec les candidats pour le second tour des élections départementales et visite de Stéphane Le Foll
Vendredi 27 mars
passage au service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Besançon
Dimanche 29 mars
élections départementales : 2ème tour
France-Suisse : un projet pour encourager la place des femmes en agriculture
27/03/15
Vendredi 20 mars, j’ai participé à Yverdon-les-Bains, à la journée de clôture du projet FARAH (Femmes en Agriculture : Responsables et Autonomes en complémentarité avec les Hommes), un programme de coopération territoriale franco-suisse 2012-2015, dans le cadre des fonds INTERREG, mené côté français par TRAME (centre de ressources agricole et rural) et côté suisse par Agridea (développement de l’agriculture et de l’espace rural). L’après-midi, la table ronde lors de laquelle je suis intervenue avait pour thème « L’égalité homme-femme : au-delà des lois ».
Le projet FARAH constitue à mon sens une démarche particulièrement intéressante et innovante. Il part du constat que les femmes jouent un grand rôle dans le secteur agricole, en France comme en Suisse. Mais elles souffrent d’un manque de visibilité, tant au niveau de l’exploitation que des instances représentatives agricoles. Quelques chiffres et faits en témoignent :
- 5 500 femmes participent à l’activité agricole en Franche-Comté (28 % des actifs agricoles permanents) et 61 300 en Suisse (37 % des actifs agricoles permanents)
- 19 % des chefs d’exploitations ou coexploitants sont des femmes en Franche-Comté, contre seulement 5 % en Suisse, où les femmes ne bénéficient pas d’un statut aussi étoffé qu’en France
- Les femmes sont moins présentes dans les organisations techniques et spécialisées, et davantage dans les organisations économiques et sociales
- Peu de femmes occupent des postes clés, surtout quand les responsabilités s’éloignent du local, tant en Franche-Comté qu’en Suisse
Pourtant, bien souvent, les femmes endossent le rôle d’intermédiaire entre différents secteurs de la population : famille, associations, activités hors exploitation, tourisme…, ce qui les conduit à bénéficier d’un « capital social » supérieur et plus varié que les hommes.
Pour des raisons économiques, les femmes conservent de plus en plus souvent un emploi à l’extérieur de l’exploitation agricole ou s’engagent dans la diversification, ce qui se traduit de fait par une surcharge de travail dans la mesure où elles ne sont pas soulagées dans la même proportion de leurs activités « traditionnelles » (tâches domestiques, familiales…).
La Tunisie, pays plein de ressources
24/03/15
Impressionnée par la révolution tunisienne et curieuse des suites qui y seraient données, je me suis rendue à plusieurs reprises dans le pays après le 14 janvier 2011. Ces séjours à moins de deux heures d’avion, juste de l’autre côté de la Méditerranée, dans un pays dont nous partageons un peu d’histoire, dans lequel nous sommes nombreux en France à avoir des amis, ont été plein de surprises. J’y ai notamment vu de nombreuses raisons d’être confiant quant à l’avenir de la démocratie naissante.
Je savais déjà que la Tunisie était relativement avancée en matière de statut des femmes, singulièrement dans les pays arabes. On peut rappeler également que les filles représentent 59,5 % des étudiants. Dans les faits, la situation est contrastée, mais ce que j’ai vu sur place m’a paru encourageant.
À l’occasion de deux réunions politiques publiques, à Tunis et dans un secteur rural à proximité de la frontière algérienne, j’ai pu constater que nombre de Tunisiennes ne craignaient pas de prendre la parole. Elles étaient, comme partout dans le monde, minoritaires à la tribune. Mais dans le public, elles ont été à chaque fois largement majoritaires dans les prises de parole et leur détermination n’avait rien à envier à celle des hommes. Cela m’a frappée car, habituée des réunions publiques en France, je ne crois pas avoir déjà assisté à une seule réunion où les prises de parole étaient majoritairement féminines – sauf dans des réunions dont les femmes étaient l’objet. Cela ne dit pas tout de la place des femmes en Tunisie, ni même de la force de la démocratie, mais je crois que c’est un indice intéressant de la vie démocratique dans ce pays.
J’ai eu également l’occasion d’un échange avec des parlementaires du parti islamiste Ennahdha et des partisans de Nidaa Tounès qui m’a confortée dans cette idée. Ces parlementaires ont des visions de la société et de son organisation souhaitable toujours aussi opposées, mais ils ont convenu que quelque chose avait changé entre le début et la fin de leur mandat. Alors qu’au début chacun aspirait à éradiquer – politiquement – l’autre camp, ils avaient fini par accepter l’existence des autres, à les reconnaître certes comme des adversaires mais aussi à « faire avec » eux. Leurs désaccords, profonds, persistaient, ils continuaient à s’opposer mais ne cherchaient plus à s’éliminer.
Quelques jours après le terrible attentat de Tunis, n’oublions pas que ce pays et ses habitants sont pleins de ressources.
Barbara Romagnan
Chronique publiée dans L’Humanité le 23 mars 2015
Départementales : réaction et mobilisation pour le second tour
23/03/15
La participation a ce premier tour des élections départementales est très insatisfaisant mais meilleur qu’attendu. De même, la gauche, et singulièrement le Parti socialiste, s’en tire mieux qu’on aurait pu le craindre.
Le bilan du Conseil général du Doubs est, je le crois, particulièrment bon. Le Département est bien géré (endettement à 4 ans, ce qui le place parmi les meilleurs en France), par des élus de terrain, qui ont su investir massivement : rénovation des collèges, des casernes des sapeurs-pompiers, dans la protection des rivières, la création de places d’accueil pour les personnes âgées et les personnes handicapées alors que le Doubs était très en retard il y a 10 ans…
Le Département du Doubs, dirigé par la gauche avec Claude JEANNEROT, est innovant dans de nombreux secteurs : reconnu département ami des enfants par l’UNICEF (2ème en France après la Savoie), mise en place d’un dispositif assimilable à un service public local de l’aide à domicile avec les structures de terrain, aide aux entrepreneurs…
Mais les électeurs se sont prononcés avant tout sur des enjeux nationaux. Ce résultat montre à mon sens que les citoyens ne voient pas dans la gauche un espoir de changement. Cela concerne la gauche qui gouverne comme celle qui la critique. Si le score du PS au pouvoir est très décevant, celui des écologistes ou du Front de gauche, partis seuls, l’est également. Néanmoins, on peut voir que l’addition des voix de gauche nous place au niveau de la droite. Cela confirme l’absolue nécessité de l’unité de la gauche. Cette unité est de notre responsabilité à tous, et nécessite de rechercher l’adhésion de toute la gauche pour une assise électorale plus large. Ce rassemblement est également une grande richesse pour les politiques que nous pouvons mener au service des citoyens, comme on le voit dans les collectivités où il existe.
La première étape de cette unité se déroule dimanche prochain, par le soutien le plus massif possible aux candidats de gauche encore en course ou aux républicains candidats face au FN.
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Ce lundi 23 mars, j’étais l’invitée de la RTS, la radio suisse, pour réagir aux élections départementales. Je vous propose de réécouter l’émission :
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Défense incendie : le décret attendu depuis 10 ans est sorti
19/03/15
Dans un article publié le 27 octobre 2014, je mettais en exergue un problème important que plusieurs maires ont soulevé lors de réunions que j’avais organisées : la difficulté à remplir les obligations des communes en matière de défense incendie, en raison de règles uniformes au niveau national, datant d’une circulaire de 1951 !
Lors de la discussion de la loi de modernisation de la sécurité civile en 2004, le Gouvernement s’était engagé à réformer ce domaine, mais force est de constater qu’en 10 ans, peu de choses avaient évolué. Une inertie due notamment à la difficulté de parvenir à une vision commune entre toutes les parties prenantes : État, collectivités locales, SDIS (services départementaux d’incendie et de secours)…
J’ai interrogé à plusieurs reprises le ministère de l’Intérieur pour demander à ce que de nouvelles dispositions soient prises dans les meilleurs délais. Et j’ai pu constater qu’un nouveau décret venait d’être publié concernant la défense extérieure contre l’incendie.
Ce texte clarifie et stabilise incontestablement les règles en la matière. La défense incendie communale n’est plus définie à partir de prescriptions nationales : les règles seront fixées par arrêté préfectoral, au niveau départemental après concertation avec les interlocuteurs locaux (élus, SDIS…). Elles seront ensuite déclinées au niveau communal ou intercommunal.
Pour la généralisation du tiers payant
17/03/15
Le tiers payant évite à l’usager de devoir avancer de l’argent quand il va consulter un professionnel de santé, sur la part remboursée par l’assurance maladie ainsi que sur la part remboursée par les assurances complémentaires. Le tiers payant est donc un des moyens de lutter contre le renoncement aux soins. En effet, pour certaines personnes, le simple fait de devoir avancer les frais (qui leur seront ensuite remboursés) est une difficulté.
Le tiers payant n’est pas une nouveauté : les médecins le pratiquent déjà pour les bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) et de l’AME (aide médicale d’État). C’est le cas aussi des pharmaciens ou des infirmiers. Le dispositif fonctionne donc déjà. C’est le fait de le généraliser qui est nouveau et semble susciter le rejet d’un nombre important de professionnels. Je ne comprends pas une opposition si farouche. J’entends l’argument de la complexité et du travail supplémentaire générés par le dispositif du tiers payant. Cela ajoute à la charge, parfois déjà très lourde pour certains praticiens, et peut se traduire par une ré- duction de leur activité de soins. Il est sans doute nécessaire d’alléger, simplifier cette procédure, et d’accompagner les professionnels pour la mise en œuvre de ce changement. Mais il me semble que cela ne saurait remettre en cause le principe de cette mesure essentielle pour la santé publique et la justice sociale.
Un autre argument est avancé en opposition à la généralisation du tiers payant : l’absence d’avance de frais entraînerait des abus de la part de patients déresponsabilisés. Les études menées sur cette question n’ont pas démontré que le tiers payant inviterait à la surconsommation de la part de patients peu soucieux des deniers publics. De même que, sur un plan plus général, le fait de payer quelque chose n’implique pas forcément une « responsabilisation », certains estimant que parce qu’ils paient, ils peuvent se permettre davantage que quand ils ne paient pas. Surtout, je pense que les patients vont chez le médecin pour recueillir un avis de santé qui implique éventuellement des soins, non pas pour « consommer ».
Il me semble que le problème majeur auquel nous sommes confrontés est le fait que des personnes renoncent à se soigner ou repoussent ce moment faute de moyens. C’est un enjeu de justice sociale. C’est également un enjeu majeur de santé publique. Des personnes soignées à temps, cela limite les risques de propagation des maladies et évite des interventions en urgence, beaucoup plus coûteuses pour la collectivité.