Quarante-trois députés socialistes, écologistes et Front de gauche appellent le gouvernement français à « s’engager pleinement pour le  maintien de la Grèce dans la zone Euro » et « à s’opposer avec vigueur à toute stratégie visant à sa sortie », et demande que le débat parlementaire sur la situation grecque qui se tient ce mercredi soit suivi d’un vote.

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Au lendemain du référendum qui a exprimé la volonté du peuple grec de refuser de nouvelles mesures d’austérité, la France, avec l’ensemble de ses partenaires européens,  est amenée une nouvelle fois à la table des négociations.

L’enjeu est immense, pour l’avenir de la Grèce comme pour l’avenir de l’Union toute entière. Tous les peuples européens sont très attentifs au sort qui sera fait au peuple grec.

Plutôt que prendre le risque d’un éclatement de la zone euro, saisissons l’opportunité de sortir de la crise européenne : l’Europe « en panne », « loin des citoyens », peut enfin retrouver du sens et des perspectives. Mais pour cela il nous faut faire des choix hardis, comme nos prédécesseurs ont pu le faire au moment de la renégociation de la dette allemande et au moment des grandes étapes de la construction européenne.

La crise majeure que nous traversons rappelle aussi l’urgente nécessité de donner une véritable conduite démocratique de la zone euro pour que les peuples européens aient toute leur place dans les choix économiques, sociaux et environnementaux.

Alors que nos institutions nationales restent en deçà des possibilités ouvertes à nos collègues allemands, nous devons sans attendre approfondir l’ancrage démocratique des questions européennes au sein de notre Parlement et donner un mandat clair au chef de l’Etat et au Gouvernement.

Nous saluons à ce titre l’organisation d’un débat à l’Assemblée nationale demain 8 juillet portant sur ce sujet. Mais demain il sera peut-être trop tard.

Alors que des réunions cruciales se tiennent à Bruxelles, nous, représentant-e-s du peuple français,  appelons donc dès aujourd’hui le Gouvernement  à user de tout son poids pour faire entendre la voix de la solidarité et de la démocratie dans l’Union, seules garantes de notre avenir commun, et ainsi

  • à s’engager pleinement pour le  maintien de la Grèce dans la zone Euro et de s’opposer avec vigueur à toute stratégie visant à sa sortie ;
  • à ouvrir dès à présent les discussions pour la restructuration de la dette grecque, et plus généralement de la dette des États européens, afin de la rendre soutenable, y compris avec la tenue, à terme, d’une Conférence européenne de la dette,
  • à accompagner le Gouvernement grec dans les nécessaires réformes  pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre la corruption tout en mettant un veto à de nouvelles mesures d’austérité  visant de manière indiscriminée la population grecque déjà  exsangue ;
  • à appuyer la mise en œuvre d’un grand plan d’investissements européens destiné à financer l’économie réelle dont la transition écologique, dont la Grèce serait l’un des premiers bénéficiaires.

Pour toutes ces raisons, nous demandons que le débat sur la Grèce qui aura lieu demain soit suivi d’un vote, comme la Constitution le permet au titre de son article 50.1.

Signataires :

Pouria AMIRSHAHI, Nathalie CHABANNE, Régis JUANICO, Barbara ROMAGNAN, Linda GOURJADE, Denys ROBILLARD, Michel POUZOL, Laurent BAUMEL, Jean-Pierre BLAZY, Fanélie CARREY-CONTE, Pascal CHERKI, Aurélie FILIPPETTI, Daniel GOLDBERG, Benoit HAMON, Philippe NOGUES, Patrice PRAT

Laurence ABEILLE, Isabelle ATTARD, Danielle AUROI, Michèle BONNETON, Christophe CAVARD, Sergio CORONADO, Cécile DUFLOT, François-Michel LAMBERT, Paul MOLAC, Barbara POMPILI, Jean-Louis ROUMEGAS, François DE RUGY, Eva SAS

Nicolas SANSU, François ASENSI, Huguette BELLO, Alain BOCQUET, Marie-George BUFFET, Jean-Jacques CANDELIER, Patrice CARVALHO, Gaby CHARROUX, André CHASSAIGNE, Marc DOLEZ, Jacqueline FRAYSSE, Alfred MARIE-JEANNE, Jean-Philippe NILOR, Gabriel SERVILLE