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Une Europe à réinventer

Drapeau De L’Union Européenne

L’Europe telle qu’elle se construit, néolibérale, sourde au sort des migrants, n’est pas celle à laquelle j’aspire, comme en attestent mes votes contre le Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005 et le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG, pacte budgétaire) en 2012. Qu’il s’agisse des citoyens, des travailleurs ou des réfugiés, force est de constater que l’Europe ne protège pas. Souvent, elle fragilise. Depuis de nombreuses années, l’essentiel de l’horizon de la construction européenne s’est résumé à une compétition entre les pays membres, sous-tendue par l’idée que cette compétition apporterait la prospérité. Nous constatons aujourd’hui que ce n’est pas le cas.

De fait, pour une large part, ce ne sont pas de grands textes politiques qui régissent le fonctionnement de l’Union européenne mais les accords commerciaux signés ou en cours de négociation avec nos partenaires – le TAFTA avec les États-Unis, le CETA avec le Canada, etc. Ces textes ne réservent pas ou peu de place aux citoyens et ne favorisent en rien l’émergence d’une identité européenne. En revanche, ils déterminent beaucoup des lois sociales votées par les différents pays et conditionnent les réformes du droit du travail à conduire pour rester compétitif vis-à-vis de nos partenaires européens et internationaux. Pour l’immense majorité des citoyens, la réalité européenne se résume aujourd’hui à ce que nous appelons depuis les années 2000 le « dumping social ». Loin de parvenir à limiter les violences de la mondialisation non régulée, l’Union européenne les relaie, voire les amplifie.

Or cette compétition économique s’est traduite sur le plan politique par un transfert des souverainetés nationales non pas  essentiellement au profit d’organes démocratiques européens, mais largement en direction de groupes d’intérêts privés, principaux bénéficiaires des accords commerciaux. Cela, les partis nationalistes et les extrêmes droites des différents pays européens l’ont bien compris, et s’en servent pour tenter de mettre un terme définitif à la construction européenne.

Beaucoup a été dit sur la nécessité de réorienter l’Europe, et l’absence de réorientation effective a considérablement affaibli l’idée qu’une Europe différente pouvait émerger de celle que nous connaissons actuellement. Les scores de l’extrême droite en France et chez nos voisins, mais aussi le Brexit nous rappellent combien il est urgent d’agir si nous voulons éviter le repli identitaire que beaucoup présentent désormais comme l’alternative à l’Union européenne.

Car en dépit de ses lacunes, je reste convaincue que dans un monde dominé par les grands ensembles, l’Europe constitue le niveau le plus pertinent pour agir sur les questions structurantes de notre avenir – qu’elles soient sociales ou écologiques. Mais pour cela, elle doit emprunter un tout autre chemin. La compétition n’est en rien constitutive du projet européen ; nous pouvons lui substituer un projet de coopération, qui mutualise les grandes questions auxquelles nous devons faire face et pour lesquelles nous serons plus efficaces si nous agissons ensemble.

Pour construire cette Europe, nous devons répondre au déficit de démocratie dont elle souffre, car c’est le meilleur moyen d’empêcher que des choix économiques se fassent sans tenir compte des citoyens. Un tel contrôle démocratique pourrait s’exercer au moyen d’une assemblée démocratique de la zone euro comme l’ont imaginé Benoît Hamon et Thomas Piketty durant la campagne présidentielle. Composée à quatre cinquième de parlementaires nationaux et à un cinquième d’eurodéputés, cette assemblée aurait la charge de débattre publiquement d’un budget propre à la zone euro. Ce serait aussi l’organe chargé de mettre en place la convergence sociale dont nous avons besoin, par des politiques d’harmonisation fiscale et sociale – et notamment un SMIC européen –, sans lesquels les pays membres continueront de se concurrencer entre eux au détriment de leurs citoyens. Enfin, pour rompre avec les politiques de réduction des déficits imposées par la commission européenne, cette assemblée démocratique débattrait également des objectifs communs en matière de réduction de la dette. A court terme en effet, il faut impérativement mettre un terme à l’austérité qui mine les populations les plus vulnérables sans même parvenir à restaurer la croissance économique.

En parallèle de cet objectif, l’Europe doit sans doute redéfinir son ouverture sur le monde. Pour l’heure, cette ouverture est essentiellement commerciale, tandis que les frontières politiques, elles, se ferment à ceux qui fuient la guerre et la misère. Ce paradoxe fait que les mains d’œuvre européennes, déjà en concurrence entre elles, se trouvent exposées aux standards de production des pays les moins protecteurs en matière de droit du travail. Dans le même temps, sur le plan politique, nous échouons à mettre en œuvre les valeurs d’accueil et de protection dont nous nous réclamons. Pour mémoire, en 2015, la mer Méditerranée est devenue la frontière la plus meurtrière du monde, et près de 5 000 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l’Europe en 2016.

Pourtant, ces afflux que nous qualifions déjà de « massifs » augmenteront vraisemblablement encore dans les années à venir. On comptait en 2015 près de 22 millions de réfugiés climatiques, contre 17 millions de réfugiés politiques. Le dérèglement climatique produit déjà ses premiers effets, et sur cette question non plus, l’Europe ne prend pas le bon chemin. Sur beaucoup de sujets, il existe un décalage croissant entre l’état des travaux d’experts et de chercheurs et les pratiques mises en œuvre. C’est le cas notamment des normes environnementales, sur lesquelles l’Europe a eu très tôt un discours volontariste sans que cela ne se traduise suffisamment dans les législations adoptées. De la même manière, la permanence en Europe d’un modèle d’agriculture intensif alors même que l’agro-écologie parvient à nourrir des populations sans épuiser les sols doit nous conduire à réinterroger des outils  européens existants comme la politique agricole commune. Plus généralement, mutualiser ces questions et en particulier celle de la transition énergétique à l’échelle européenne, avec ce qu’elle comporte d’accueil en direction des populations les plus touchées – notamment via la reconnaissance du statut de réfugié climatique – constitue la meilleure manière de faire face aux changements d’ampleur qui se profilent. C’est aussi, je crois, l’urgence de toutes les urgences.

On le voit, l’Europe ne manque pas d’horizons pour se construire. Nous avons tardé à transformer le projet essentiellement économique en un projet de coopération tourné vers les citoyens, soucieux de les protéger des outrances de la mondialisation afin de nous préserver collectivement des nationalismes qui s’en nourrissent. Loin de régler les problèmes que nous connaissons actuellement, nous détourner de l’Europe les aggraverait encore davantage, car nous conserverions des liens économiques tout en nous privant d’espace politique pour les réguler. Depuis plus de 70 ans, la construction européenne a permis d’assurer la paix sur le continent ; nous n’avons pas d’autre exemple d’une telle réussite. Avec du travail et à condition de prendre la mesure de l’urgence qui est la nôtre, l’Europe constitue notre meilleur outil pour construire une réponse politique aux défis qui nous attendent.

Barbara Romagnan

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