Vulnérables aux changements climatiques
Le bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes présente une étude récente, portant sur 141 pays, qui a établi que les femmes mouraient davantage que les hommes à la suite d’aléas naturels et que cette disparité était fortement liée à l’infériorité de leur statut socio-économique. Par exemple, plus de 70 % des personnes décédées suite au tsunami en Asie étaient des femmes, notamment parce qu’elles sont beaucoup plus nombreuses à ne pas savoir nager.
Dans les sociétés où les femmes sont confinées dans l’espace privé, les compétences de survie sont en effet davantage enseignées aux garçons qu’aux filles. De plus, l’information nécessaire leur arrive plus tardivement. En de nombreux endroits, les hommes travaillent en ville, alors que les femmes sont seules à la maison éloignées des centres. Ainsi, quand une catastrophe se produit, elles ne sont pas au courant et apprennent souvent trop tard qu’elles auraient dû partir pour se protéger. Le dénuement résultant du dérèglement climatique peut conduire à la déscolarisation des filles et à un mariage plus précoce. Après l’ouragan au Bangladesh, les familles du village de Barguna ont décidé de marier plus rapidement leurs filles en raison de leur pauvreté. 50 % des filles ont ainsi quitté l’école. Dans les villages plus éloignés, ce phénomène a touché plus de 70 % d’entre elles. La sécheresse, les inondations, l’érosion, la fonte des glaciers, la salinisation des eaux et l’élévation du niveau des mers ont des impacts particulièrement dommageables : sols moins fertiles, baisse des rendements agricoles, manque d’eau potable et baisse des ressources halieutiques. Les femmes, souvent secondées par les jeunes filles, déscolarisées, se chargent de façon quasi exclusive des tâches ménagères comme aller chercher de l’eau et du bois. Or la raréfaction de ces ressources les oblige à aller toujours plus loin, augmentant ainsi leur temps de travail et diminuant du même coup celui qui leur reste pour effectuer des activités rémunérées.
Malgré cela, rares sont les politiques et les initiatives de lutte contre les dérèglements climatiques qui prennent en compte le fait que les femmes sont davantage et plus durement affectées que ne le sont les hommes.
C’est regrettable, pourtant cela n’empêche pas que les femmes sont malgré tout des actrices majeures de la lutte contre le changement climatique. Elles seront d’autant plus efficaces qu’elles pourront s’autonomiser et être en pleine possession de leurs droits.
Barbara Romagnan
Chronique publiée dans L’Humanité le 7 décembre 2015
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