Une première offensive contre la pauvreté
Issu de la conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, qui s’est tenue début décembre, le plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale a été présenté par Jean-Marc Ayrault lundi dernier. Impliquée depuis quelques mois sur les différents groupes de travail mobilisés dans la lutte contre la pauvreté, je tenais à vous en dire quelques mots.
Avant toute chose, la méthode apparaît en cohérence non seulement avec les engagements de François Hollande mais également avec les attentes de tous ceux qui ont pu travailler collectivement à cette réflexion, y compris de personnes en situation de précarité associées à l’élaboration de ce plan. Cette démarche a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses critiques positives.
Au demeurant, ce plan est irrigué d’un état d’esprit nouveau, plus humain et digne à l’égard des personnes qui traversent des périodes difficiles. C’en est fini de la stigmatisation, de l’accusation de paresse ou de tricherie. La précarité vécue par certains est considérée aujourd’hui davantage comme une responsabilité collective et sociale.
Au-delà, ce plan présente des avancées concrètes, des nouvelles protections, des nouvelles garanties. On peut relever à ce titre :
- L’engagement d’un rattrapage du niveau du RSA socle de 10 % (en plus de l’augmentation liée à l’inflation) d’ici 2017
- Une hausse en septembre 2013 du plafond de la CMU complémentaire, de façon à l’élargir à 750 000 personnes supplémentaires
- L’instauration d’une « garantie jeune » pour les 18-25 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation, leur permettant de toucher un revenu d’un montant équivalent au RSA et d’être accompagné pour démarrer un projet professionnel pérenne
- Une aide pécuniaire aux familles monoparentales en situation de pauvreté
- La création de 9 000 places supplémentaires d’accueil d’urgence pour en finir avec la gestion « au thermomètre »
- Une réforme du RSA activité pour remédier au taux de non-recours record (68 %)
- Un renforcement de l’accès aux crèches pour les enfants de familles en situation de pauvreté avec un minimum fixé à 10 %
- La création d’un registre national des crédits aux particuliers (dit « fichier positif ») pour participer à la lutte contre le surendettement.
Par ailleurs, nous pouvons saluer la perspective d’un suivi régulier de la concrétisation de ce plan, par la mission de suivi et d’évaluation confiée à François Chérèque, également à travers la réunion annuelle d’un comité interministériel de Lutte contre les Exclusions, pour un bilan d’étape.
Je voudrais toutefois conclure sur le chemin qu’il nous reste encore à parcourir collectivement. Au-delà de la nécessité d’un renforcement des dispositifs présentés, il me semble également que nous devrons être plus attentifs aux étrangers en situation irrégulière en situation de grande précarité. J’ai d’ailleurs posé une question écrite en ce sens à la Ministre du Logement s’agissant de l’élargissement du dispositif de la « trêve hivernale » aux personnes vivant dans des campements informels ou des bidonvilles visées par des procédures d’expulsion.
Imprimer l'article | Cette entrée a été postée par Barbara Romagnan le 25 janvier 2013 à 18 h 51, et placée dans Affaires sociales. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0 Les commentaires et les pings sont fermés pour l'instant |
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about 2 years ago
Je voudrais attirer votre attention sur un point : l’élargissement du périmètre de la CMU-C et de son complément, l’ACS (Aide à la Complémentaire Santé).
Cela va certes dans le bon sens, mais pourquoi ne pas mieux traiter le véritable sujet à propos de l’ACS ? 2,7 millions de personnes y sont éligibles et n’en bénéficient pourtant pas. La diffusion de cette aide est catastrophique.
C’est pourquoi nous avons décidé d’alerter les ministres de la santé et de l’économie numérique dans une lettre ouverte (http://www.mutuelle-zen.com/lettre-ouverte/) pour leur proposer la mobilisation des acteurs de la santé sur Internet.
Il faut faire plus que ce que prévoit ce plan pour l’ACS !
about 2 years ago
Reformer les RSA socle et activité semble important, y compris au regard des différentes manifestations de salariés et « bénéficiaires » de la CAF (dont celle de Besançon).
Cependant, ces taux records de non-recours ne sont pas le fruit unique d’une stigmatisation des bénéficiaires. Il s’agit aussi de la réponse à un système non-adapté à la reprise d’emploi, pourtant là, son principe initial et opaque.
La gestion informatisée, le calcul tri-mensuel, le manque de maîtrise manifeste d’agents souvent sous-formés couplés à la forte détresse des usagers de la CAF entraînent un désistement par défaut. Finalement, mieux vaut rien que peu à un coût très élevé.
D’un mois sur l’autre, on peut apprendre que l’on doit à la CAF XXX € alors qu’un coup de fil à la plate-forme avait confirmé la validitée d’un versement ultérieur, une visite sur site plus tard, nous n’en devons plus que la moitié « le logiciel ne prend pas en compte ceci ou cela… ». Le mois suivant, l’on doit finalement rembourser une somme à 4 chiffres.
Quelqu’un peut-il clarifier le fait que lorsque l’on est pauvre, le fond de roulement du ménage ne permet pas ce type d’erreurs ?
Etre dans la précarité subie demande un effort considérable, être pauvre finalement c’est un vrai job. Et comme tout boulot, de l’absence d’objectifs, de projets et/ou d’espérance vient le désintéressement.