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Enseignement de la « théorie du genre » : entre mensonges et dénaturation du programme de l’Education nationale
29/01/14
Suite aux messages que j’ai reçus ou qui m’ont été transmis concernant le mouvement de retrait des enfants de l’école, je souhaite préciser un certain nombre de points. Comme l’a rappelé Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, lors des questions au Gouvernement du mardi 28 janvier, il ne s’agit pas d’enseigner la prétendue « théorie du genre » aux élèves de l’Education nationale. Les annonces de boycott lancées par des groupes d’action épars n’ont aucun fondement et s’appuient sur des argumentations qui ont largement modifié les termes du débat.
La « théorie du genre » qui serait censée « nier la différence des sexes » est une fiction inventées par les traditionnalistes de toutes sortes afin de discréditer toute réflexion sur la construction sociale des identités sexuées.
L’action engagée par le ministre de l’Education nationale vise simplement à favoriser l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge, au moment où précisément se forment les stéréotypes qui favorisent les comportements sexistes. Les comportements sociaux sont acquis, appris et ne procèdent pas du sexe des individus. Ainsi, les femmes ne sont pas forcément destinées à être secrétaires ou mères au foyer, de même que les hommes peuvent vouloir faire autre chose que pompiers ou chefs d’entreprises. L’ambition des travaux menés par le ministère de l’Education nationale et le ministère des Droits des femmes est de déconstruire ces standards sexistes afin de sensibiliser dès leur enfance les élèves aux questions d’égalité. Il ne s’agit ni plus ni moins que de donner aux enfants les moyens de construire leur liberté.
L’école républicaine étant un service public, il me parait non seulement souhaitable mais aussi nécessaire qu’en tant que tel, elle s’efforce de ne pas reproduire les stéréotypes véhiculés par la société. L’égalité est au cœur même du projet républicain, et consubstantielle de sa réussite. Pourtant, elle est loin d’être atteinte. Au lendemain du vote de la loi sur l’égalité entre les hommes et les femmes, force est de constater que des mesures destinées à réduire les inégalités, si ambitieuses soient-elles, ne suffiront pas à modifier à terme les mentalités. Il s’agit donc bien d’une question d’éducation.
Quant aux simplifications et aux raccourcis idéologiques employés par ceux qui combattent ces initiatives, ils trahissent le caractère réactionnaire de leur opposition. Est-il normal que des métiers soient encore largement considérés comme féminins ou masculins ? Peut-on accepter qu’une élève ne se sente pas autorisée à être ingénieure informatique au motif que ce métier serait masculin ? Le service public a pour devoir d’enseigner la mixité, et d’œuvrer à déconstruire les logiques qui participent à reproduire des comportements sexistes.
Je voudrais enfin exprimer mon indignation quant aux actions de boycott de l’école lancées par des groupes extrémistes. Il existe en France une obligation de scolarité, et l’école républicaine constitue un socle essentiel de la cohésion de notre société. Vouloir y soustraire les enfants, même temporairement, me semble éminemment dangereux.
Réforme de l’éducation prioritaire : des mesures pour une école plus juste
17/01/14
Avec l’objectif de réduire à 10 % les écarts de maîtrise des compétences entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres, le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé ce jeudi 16 janvier les mesures qui vont être mises en place dans le cadre des engagements pris dans la loi d’orientation pour la refondation de l’école, pour donner à l’éducation prioritaire les moyens de sa réussite.
Ainsi, 1 000 réseaux d’éducation prioritaire (REP) vont-ils être créés, dont 350 regrouperont les situations les plus difficiles (REP+).
Pratiques pédagogiques innovantes, enseignants valorisés et environnement scolaire propice aux apprentissages sont les 3 axes de cette refonte de la politique de l’éducation prioritaire.
La scolarisation des enfants de moins de 3 ans sera assurée dans chaque REP avec un objectif de scolarisation de 30 % à la fin du quinquennat, pour favoriser la réussite des enfants dont la famille est éloignée de la culture scolaire. À l’école élémentaire, le dispositif « plus de maîtres que de classes » sera étendu dans chacune des 7 000 écoles de l’éducation prioritaire pour réduire les inégalités en apportant une aide renforcée aux populations scolaires les plus fragiles en particulier au CP et au CE1. Grâce au recrutement d’assistants d’éducation, les élèves de 6ème des collèges de l’éducation prioritaire seront pris en charge jusqu’à 16h30 : ils bénéficieront d’activités pédagogiques et éducatives visant à développer leur autonomie dans leur travail personnel. Enfin, des internats de proximité vont être développés pour permettre aux élèves n’ayant pas de conditions optimales de réussite scolaire à domicile de pouvoir y être accueillis.
Parce que les enseignants de l’éducation prioritaire ont des besoins particuliers et pour favoriser la stabilité des équipes éducatives, les indemnités d’exercice spécifiques vont être substantiellement revalorisées. Au-delà de cette revalorisation, leur temps de travail sera adapté avec une décharge horaire de leur service d’enseignement qui se traduira par 1h30 de cours en moins à assurer pour les professeurs certifiés au collège et neuf jours libérés par an pour les professeurs des écoles pour favoriser le travail collectif de l’équipe éducative, le suivi des élèves et les rencontres avec les familles, qui améliorent la qualité de la relation entre l’institution scolaire et les parents . Dans les réseaux les plus difficiles, 3 journées de formation leur seront par ailleurs proposées.
Lutte contre le décrochage scolaire : un an de mobilisation
10/01/14
En faisant de la jeunesse une priorité du quinquennat, le Gouvernement a engagé la refondation de l’école de la République reposant sur une approche globale pour ainsi permettre de faire progresser tous les élèves vers la maîtrise du socle commun et réduire les risques de sortie précoce du système éducatif. En donnant la priorité au primaire, en offrant du meilleur temps scolaire aux élèves, en aménageant les programmes et en redonnant aux maîtres une véritable formation, le Président de la République a fixé l’objectif de diviser par deux au cours de la mandature le nombre de décrocheurs.
Les décrocheurs sont les élèves de 16 à 25 ans qui quittent le système de formation initiale sans avoir obtenu de diplôme professionnel ni le baccalauréat.
En 2013, ce sont ainsi 23 000 décrocheurs qui se trouvent de nouveau en formation initiale diplômante ou en service civique. A ceux-là s’ajoutent 11 000 jeunes qui bénéficient actuellement d’un parcours de retour en formation accompagné par la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) dont l’action s’articule autour de 3 axes principaux : repérer, accueillir et former.
Dès décembre 2012, le ministère de l’Éducation nationale a mis en place un dispositif « Formation-qualification-emploi » (FOQUALE) visant à faire revenir dans un parcours de formation qualifiante 20 000 jeunes ayant décroché, dans le courant de l’année 2013.
Les réseaux FOQUALE permettent de renforcer la coordination entre les structures existantes en croisant les fichiers des uns et des autres (rectorat, service public de l’emploi, collectivités locales) par le biais des 360 plates-formes d’appui et de suivi présentes sur le territoire. Ce dispositif permet d’identifier puis de contacter et d’orienter les décrocheurs vers des solutions adaptées. Dans ce cadre, les jeunes se voient proposer des formations menant à des métiers qui recrutent.
PISA : une étude qui nous engage à poursuivre la refondation de l’Ecole
5/12/13
Depuis ce début de semaine, une étude comparative PISA sur notre système éducatif fait grand bruit. Pourtant, elle constitue à la fois constat d’échec de la droite en confirmant les constats éducatifs posés depuis des années, mais également une motivation supplémentaire pour engager la seconde phase d’une réforme éducative dont l’urgente nécessité se trouve malheureusement démontrée.
Le poids des déterminismes sociaux dans les résultats scolaires n’a fait que s’aggraver en 10 ans. L’étude souligne que les inégalités se sont accrues entre 2003 et 2012. Qui oserait donc en rejeter la faute sur l’actuel gouvernement ? Ce n’est que le bilan malheureux de deux quinquennats de droite qui ont supprimé les IUFM, estimant inutile de former les enseignants, qui ont raccourci la semaine de cours pour les élèves en augmentant plus que de raison le nombre d’heure dans une même journée, qui ont consacré l’élitisme de leur politique éducative en supprimant la carte scolaire, piétinant la mixité sociale et laissant de côté les élèves les plus en difficultés. Bilan, les inégalités sociales ne sont pas corrigées par la réussite scolaire, bien au contraire quand on connaît le poids que l’on accord en France au diplôme dans la recherche d’un emploi. Les inégalités se creusent donc dès l’enfance.
Notre vision de la politique éducative se trouve donc confirmée. Elle montre que les systèmes les plus égalitaires, qui luttent le mieux contre les déterminismes sociaux et contre les écarts de niveau scolaires, sont souvent aussi les plus performants. Voilà ce vers quoi notre politique éducative doit tendre.
- Permettre à tous les élèves d’acquérir la même richesse de vocabulaire par une pédagogie différenciée, ce qui constitue la base de la lecture, la compréhension, mais également des capacités des enfants et futurs adultes à imaginer, à créer, à innover ;
- Supprimer les devoirs à la maison, source d’inégalités entre les enfants qui peuvent être aidés par leurs parents, et ceux qui ne le sont pas ;
- Favoriser la prise en charge publique des très jeunes enfants pour permettre aux parents, souvent aux jeunes mères, de reprendre un travail et de ne pas avoir à chercher de solution de garde privée, payante, et donc profondément inégalitaire ;
- Prendre enfin en considération l’intérêt des enfants et leurs rythmes chronobiologiques en refondant les rythmes scolaires.
Part variable de la prime ÉCLAIR : mon courrier au ministre
21/06/13
Interpellée par des enseignants exerçant dans des établissements relevant du dispositif ÉCLAIR (écoles, collèges, lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite) à Besançon, j’ai souhaité interroger Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, sur les inégalités de traitement induites par l’attribution de la part variable de la prime ÉCLAIR.
En effet, le décret n°2011-1101 du 12 septembre 2011 prévoit une rétribution spécifique en faveur des personnels exerçant dans les établissements relevant de ce dispositif en leur octroyant une indemnité qui comprend une part fixe à laquelle peut s’ajouter une part modulable, définie à la fois par les dispositions réglementaires qui leur sont applicables, et qui se voient confier, à titre accessoire, des activités, des missions ou des responsabilités particulières au niveau de l’école ou de l’établissement.
Cette disposition particulière, dont il ne me paraît pas illégitime de douter du bien-fondé dans sa notion induite de gratification au mérite, entraîne des disparités de traitement pouvant aller de 0 à 2 400 € (taux plafond).
Les objectifs du programme ÉCLAIR, mis en place selon l’origine sociale défavorisée de la population accueillie et le retard scolaire à l’entrée en classe de sixième, sont la progression de chacun des élèves, le développement de leur ambition scolaire et professionnelle et l’instauration d’un climat scolaire apaisé propice aux apprentissages. L’atteinte de ces objectifs me semblant corrélée à un travail collectif des membres de la communauté éducative autour de ce but commun ainsi qu’à leur nécessaire cohésion, plutôt que par l’attribution d’une prime « au mérite », pouvant entraîner une concurrence entre enseignants, incontestablement au détriment des élèves, j’ai voulu, par mon courrier, demander son point de vue au ministre sur ce sujet particulier.
Pour la refondation de l’école de la République
27/03/13
Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République a été présenté en conseil des ministres le mercredi 23 janvier 2013 par le Ministre de l’Éducation nationale. Le décret de modification des rythmes scolaires du 24 janvier dernier prévoit le retour à 4,5 journées de cours par semaine pour les élèves du primaire, soit une demi-journée supplémentaire, de préférence placée le mercredi matin (ou le samedi avec dérogation). Ce décret prévoit également une journée d’enseignement limitée à 5h30 avec une pause méridienne minimale d’1h30. Les communes sont invitées à mettre en œuvre cette réforme dès la rentrée 2013 ou, par dérogation, en septembre 2014.
Depuis la rentrée scolaire de septembre, je rencontre régulièrement, à ma demande, ou à la leur, des équipes enseignantes, des élus locaux, des parents d’élèves. Dans le cadre de ces rencontres, nous avons régulièrement évoqué la réforme, en particulier son volet sur les rythmes scolaires. Les personnes que j’ai rencontrées sont à la fois impliquées dans leur travail, soucieuses de l’intérêt et de l’avenir des enfants, mais sont aussi inquiètes des coûts, de la mise en œuvre pratique de la réforme des rythmes, et de leur rôle et place dans le dispositif. Les enseignants sont aussi parfois, il faut bien le dire, déçus. Ils ont l’impression de ne pas avoir été associés au débat, de ne pas être considérés. Parfois également désemparés, parce que dans certaines écoles, la rentrée a été difficile, pas moins que les précédentes : manque de psychologues, d’enseignants, d’EVS… avec des enfants en grandes difficultés auxquelles on ne peut répondre dans l’immédiat. Cette déception est d’autant plus grande, que les attentes sont toujours, fortes.
Peut-être que le ton et le discours du ministre à l’égard des enseignants a pu, parfois, paraître trop péremptoire. Néanmoins, reprocher à Vincent Peillon un manque de concertation me semble injuste parce qu’il l’a engagée très tôt, il y a plus d’un an, avant les élections. Puis, pendant plusieurs mois, en tant que ministre. Le décret laisse une large part d’autonomie aux enseignants, parents ou élus, pour la mise en œuvre des rythmes au niveau local. C’est une chance à saisir.
Pour autant, ces revendications s’entendent et doivent être prises en compte, car s’il y a bien eu 1000 postes de professeurs des écoles créés pour pallier les difficultés importantes suscitées par les suppressions d’emplois massives et pour faciliter l’accueil des enfants en situation de handicap, dans l’immense majorité des écoles rien n’a encore vraiment changé. Par ailleurs, même si 280 professeurs certifiés ont été recrutés dans les disciplines en souffrance, même si le recrutement d’un plus grand nombre d’enseignants, la mise en place d’une vraie formation au métier, la création des emplois d’avenir professeur sont clairement engagés, il est évident que l’effet de ces mesures ne sera réellement perçus que dans quelques années.
Refondation de l’école : la loi ouvre une dynamique nouvelle
13/03/13
Ce lundi 11 mars s’est ouvert le débat sur le projet de loi sur la refondation de l’école, avec le discours de Vincent Peillon auquel j’ai assisté dans l’hémicycle. Le texte proposé est à la fois une loi d’orientation et une loi de programmation. C’est-à-dire qu’elle fixe les grands objectifs à atteindre, les principes sur lesquels elle se fonde, mais elle prévoit aussi la répartition des moyens qui sont accordés aux différentes politiques du gouvernement dans le domaine éducatif.
Cette refondation est nécessaire parce que le système éducatif fonctionne mal. En effet, chaque année, 150 000 jeunes quittent l’école sans formation ni qualification. Cette refondation est également nécessaire parce que ce système, dont l’une des vocations essentielles est de réduire les inégalités, non seulement ne les réduit pas mais les aggrave, comme en attestent différents rapports, notamment internationaux.
Si la loi fixe des priorités, elle ne clôt pas la refondation, mais vise au contraire à ouvrir une dynamique. Les points qui me paraissent essentiels sont ceux qui ont trait à la priorité au primaire, à la formation des maîtres et à la pédagogie.
La priorité au primaire s’explique parce que c’est là que les fondamentaux sont acquis ou pas, c’est aussi là que les inégalités se créent, c’est donc ici qu’il faut y répondre. Bien sûr, il faut lutter contre l’échec scolaire, il faut surtout tout faire pour l’éviter. L’entrée par la pédagogie s’explique par le fait que le problème n’est pas le niveau de formation disciplinaire (math, français…), mais la formation pédagogique. Apprendre à apprendre est un métier. C’est la première fois qu’une loi sur l’école est abordée d’abord sous l’angle de la pédagogie et non des structures.
Cette réforme est exigeante car elle implique le travail en équipe des enseignants entre eux, de tous les acteurs du système éducatif, donc pas uniquement l’Education nationale mais également les collectivités, les acteurs associatifs, les parents d’élèves. Cette démarche novatrice doit être particulièrement stimulante pour imaginer de nouvelles synergies, des collaborations innovantes permettant d’effacer le cloisonnement auquel on peut être habitué. J’y vois, en tout cas, une perspective collective très intéressante et au long cours.
En savoir plus…
La refondation de l’école sur le site du ministère de l’Education nationale