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Projet de loi « égalité femmes-hommes » : les amendements que je défendrai
11/12/13
Courant janvier, l’assemblée nationale examinera le texte de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes présenté en juillet dernier par la Ministre des droits des femmes, Mme Najat Vallaud-Belkacem. En tant que co-rapporteure pour la délégation aux droits des femmes et que responsable pour la commission des affaires sociales et de la Délégation aux droits des femmes, je me suis impliquée sur ce texte de loi, en particulier sur les volets égalité professionnelle et précarité, qui correspondent aux titres I et II de la loi. A la faveur des auditions auxquelles j’ai assisté, ou que j’ai organisées et co-organisées avec mes collègues depuis juin et jusqu’à récemment, nous avons affiné nos connaissances et tenté de répondre aux questions qui se posaient à nous.
Après la lecture et le vote au Sénat en septembre, l’Assemblée nationale se saisit donc du texte et les députés s’apprêtent à déposer des amendements. Le texte présente de nombreuses qualités et notamment celle de faire exister un débat large et ouvert sur la question. Il adopte également, pour la première fois, une approche transversale comme l’indique l’article premier. En d’autres termes, il porte l’idée que les violences, la précarité, les inégalités dans la vie personnelle et professionnelle ainsi que l’exclusion des lieux de pouvoir sont étroitement liés, et qu’il est donc nécessaire pour en venir à bout de développer une action politique simultanée et cohérente.
Dans le cadre de ce travail parlementaire, il m’a semblé que notre travail d’amendement pouvait se concentrer sur les axes suivants afin de compléter le texte. D’une part, les femmes dans leur travail sont assez régulièrement envisagées comme des personnes ayant des difficultés à concilier leur vie professionnelle et familiale. C’est en effet une dimension essentielle, et nombre de mesures du texte répondent de manière pragmatique à cet aspect, mais toutes les femmes n’ont pas d’enfants et qu’elles en aient ou pas, les discriminations ou les difficultés auxquelles elles ont à faire face au travail ou dans l’accès au travail, ne s’y limitent pas nécessairement. Il m’a donc paru intéressant de travailler sur les questions d’inégalités entre les hommes et les femmes dans le travail ou l’accès à l’emploi en termes de temps partiel, et de lutter contre les inégalités salariales que l’on évalue à près de 30 %, 30 ans pourtant après la loi Roudy sur l’égalité professionnelle.
L’objectif des amendements est d’une part de faire progresser la situation des femmes dans le milieu professionnel au sein duquel elles évoluent, en renchérissant des formes d’emploi qu’elles subissent, en revalorisant ceux qu’elles exercent le plus souvent et en donnant les moyens de lutter contre la discrimination salariale dont elles sont les victimes. D’autre part, il s’agit de reconnaître les hommes en tant que pères, parce que cela me parait juste, souhaitable pour les enfants et que cela est susceptible également de libérer les femmes, quand elles sont mères, de ce qui est parfois le poids de la maternité, – tant sur un plan matériel que psychologique. Ce projet de loi est donc l’occasion de montrer que l’implication dans le travail, dans l’éducation des enfants ou dans les tâches domestiques ne dépend pas du sexe des personnes mais bien de constructions sociales liées à notre éducation.
Le travail d’amendement : accompagner, prolonger, compléter le texte de loi
Surcotisation sur les temps partiels
De ce point de vue, il me semble nécessaire que la loi édicte clairement que cette forme de travail, occupée à 82% par des femmes, n’est pas souhaitable, car elle est la plupart du temps subie et, lorsque ce n’est pas le cas, si elle est recherchée par les femmes, c’est souvent en raison d’une répartition inégale des tâches familiales et domestiques. Par ailleurs, le temps partiel, bien qu’il ait semblé un temps être synonyme d’autonomie et d’accès au marché du travail pour les femmes, est essentiellement facteur de précarité du fait des faibles revenus générés. En termes de retraites, il s’avère désastreux tant pour la validation de carrières complètes que pour les montant de pensions au moment de la liquidation des droits.
Renforcement du Rapport de Situation Comparée
Cet outil décisif, à destination entre autres des partenaires sociaux, permet notamment d’évaluer les différences de situations entre les hommes et les femmes au sein de l’entreprise. Or, tel qu’il est réalisé actuellement, le RSC masque certaines inégalités entre les femmes et les hommes. Le RSC devrait au contraire pouvoir mettre en lumière des situations d’inégalités qui n’apparaissent pas clairement de prime abord. Par exemple, l’égalité salariale peut sembler acquise alors même que les femmes dans l’entreprise n’atteignent tel niveau de rémunération qu’à 45 ans contre 35 ans pour les hommes d’une même catégorie. Durant les auditions et au travers des contributions que nous avons reçues a été soulevée la nécessité de former spécifiquement les représentants du personnel à la lecture des données sexuées, existantes ou à instituer, afin de permettre leur publicité effective au sein de l’entreprise.
Loi relative au harcèlement sexuel : séance du 24 juillet
24/07/12
Ce mardi 24 juillet, je suis intervenue en séance publique de l’Assemblée nationale en tant que rapporteure pour avis du projet de loi sur le harcèlement sexuel au nom de la commission des affaires sociales.
Je vous propose d’ores et déjà de retrouver la vidéo de mon intervention, qui suivait celle de Christiane Taubira, ministre de la Justice, Garde des Sceaux et celle de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes.
Le texte intégral de mon intervention figure ci-dessous et sera très rapidement disponible dans le compte rendu intégral de la séance. La discussion se poursuit actuellement sur le projet de loi, notamment avec les amendements.
Intervention - Loi sur le harcèlement sexuel -… par barbara-romagnan
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Intervention de Barbara Romagnan, rapporteure pour avis
Monsieur le Président,
Mesdames les ministres,
Mesdames et Messieurs les présidents de commissions,
Mesdames les rapporteures,
Mes chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Je résumerai le cadre dans lequel s’inscrit ce projet par le paradoxe suivant : le harcèlement sexuel était réprimé jusqu’alors par des instruments juridiques variés et nombreux, nationaux et internationaux ; pourtant, il n’a donné lieu qu’à un nombre très faible de condamnations et demeure un fait de société très mal connu.
En France, c’est un délit pénal depuis 1992 et la loi Roudy, dont le champ a été étendu en 1998 et 2002. Il est également sanctionné par le code du travail qui interdit toute discrimination faisant suite à un harcèlement sexuel. Le code du travail prévoit explicitement le délit de harcèlement depuis 2008 soumis de surcroît à une procédure plus favorable aux victimes permettant un aménagement de la charge de la preuve et une représentation par les organisations syndicales de l’entreprise.
Loi sur le harcèlement sexuel : mon intervention en commission
18/07/12
Nommée rapporteure pour avis, je suis intervenue hier en commission des affaires sociales pour présenter le rapport que j’ai rédigé au sujet du projet de loi relatif au harcèlement sexuel.
Voici ci-dessous le texte de mon intervention. Le projet de loi sera débattu et voté en séance le mardi 24 juillet prochain.
MàJ 18 juillet - 19h30 : La retranscription des débats en commission des affaires sociales et les amendements que j’ai déposés sont accessibles sur le site de l’Assemblée nationale. Les amendements examinés sont ici.
Le rapport pour avis est désormais également consultable.
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Intervention en commission des affaires sociales
de Mme Barbara Romagnan, rapporteure pour avis
Madame la Présidente,
Mes chers collègues,
Comme vous le savez, le 4 mai dernier, le Conseil constitutionnel a déclaré l’article 222-33 du code pénal, qui sanctionnait le délit de harcèlement sexuel, contraire à la constitution, en raison de sa définition trop imprécise au regard du principe de légalité des délits et des peines.
Les conséquences de cette décision sont très graves. Elle a, tout d’abord, créé un vide juridique, le harcèlement sexuel n’étant désormais réprimé qu’au travail et non plus de manière générale. Une partie des victimes se trouve donc, aujourd’hui, privée de recours pour obtenir la condamnation de leur agresseur.
S’appliquant aux procédures en cours, cette décision interdit également leur poursuite sur le fondement de l’article abrogé. Certaines procédures devront donc être abandonnées, lorsque la requalification des faits s’avérera impossible.
Face à cette situation, le Gouvernement a immédiatement réagi et déposé au Sénat un projet de loi visant à rétablir le délit de harcèlement sexuel et à améliorer la protection des victimes, auquel la Haute assemblée a apporté d’importantes modifications, notamment suite aux travaux réalisés par son groupe de travail. La suite >