François Hollande - Interview sur France 2 le 29 mars 2013A l’occasion de l’interview en direct hier sur France 2, François Hollande est revenu sur la situation actuelle en faisant le point tant sur la politique menée depuis maintenant 10 mois que sur les perspectives à venir. Sous une forme différente de la conférence de presse du 13 novembre 2013, le chef de l’État a expliqué la politique du Gouvernement et rendu compte aux Français des mesures mises en œuvre. La crise que nous traversons depuis 2008 est une crise profonde, qui nécessite des réformes structurelles.

Davantage que l’annonce de nouvelles mesures, cet échange a permis de rappeler les objectifs et d’en détailler les étapes. La politique que nous menons s’envisage et s’organise sur un temps long. C’est dans ce cadre-là qu’elle doit être jugée.

En matière de lutte contre le chômage, le président a rappelé les dispositifs déjà mis en place : les emplois d’avenir et les contrats de génération qui seront déployés pleinement dans les mois à venir ; le Pacte de compétitivité qui permet de préserver l’investissement des entreprises ; la création de la Banque publique d’investissement pour favoriser le développement des filières d’avenir.

Concernant l’Union européenne, le président de la République a énoncé les ambitions que nous devons nourrir à l’égard du projet de construction européenne, aux antipodes de son avatar appauvri qu’est l’austérité budgétaire aveugle prônée par les conservateurs. La récession concerne l’Europe dans son ensemble, les solutions sont donc à rechercher à l’échelle continentale si l’on veut donner aux mesures économiques une réelle cohérence politique.

Par ailleurs, François Hollande a rappelé que, comme il s’y est engagé et outre les évolutions de la TVA applicables au 1er janvier, les prélèvements fiscaux ne seront pas augmentés en 2014. Les efforts ont été demandés à tous, et en particulier aux foyers et entreprises les plus aisés, au début du quinquennat.

L’urgence de la situation, sa très grande dureté pour beaucoup de nos concitoyens de même que l’impatience de voir cette situation s’inverser ne doivent pas nous aveugler quant à la politique à mener : les mesures que nous prenons ne peuvent régler en l’espace de 10 mois toutes les difficultés engendrées par une crise qui dure depuis 5 ans.

Cette urgence, cette impatience ne doivent pas non plus nous conduire à des excès inutiles et dommageables pour les convictions républicaines qui doivent nous rassembler. En ce sens, je veux également saluer la volonté d’apaisement du président de la République, qui constitue une nécessité face aux radicalisations que produisent les crises.

Je suis toutefois beaucoup plus réservée sur le choix de poursuivre la baisse des dépenses publiques alors même que le taux de croissance est très faible, celui du chômage élevé et que le budget européen est en berne. Il ne s’agit pas, bien sûr de les augmenter de façon inconsidérée, mais de ne pas aggraver une situation sociale extrêmement difficile. De même l’allongement de la durée de cotisation, alors que deux tiers des salariés sont licenciés au-delà de 55 ans et que le taux de chômage des jeunes est si élevé ne me paraît pas aller de soi, même si la durée de vie s’allonge.

Enfin, si je salue le fait que la réforme du cumul des mandats verra bien le jour avant la fin du quinquennat puisqu’elle sera présentée lors du conseil des ministres du mercredi 3 avril prochain, je regrette que François Hollande n’ait pas dit plus clairement si elle s’appliquerait dès les municipales de 2014.