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5ème rapport du GIEC : quand le monde (re)découvre que l’écologie est une question sociale
15/04/14
Ce week-end à Berlin paraissait le dernier rapport du GIEC, groupe intergouvernemental de scientifiques sur le climat. Ce rapport n’est que le dernier en date d’une longue série d’alertes qui relancent chaque fois nos débats politiques sur le dérèglement climatique et ses conséquences sociales et économiques à venir.
Hausse des températures mondiales et accroissement des inégalités : l’échec des politiques publiques existantes
Après le volet sur les preuves physiques du réchauffement publié en septembre 2013 et celui sur les impacts du réchauffement en mars 2014, ce dernier volet boucle le 5e rapport du GIEC. Sept ans après le précédent, il confirme l’échec des politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent des niveaux sans précédent, leur croissance n’a jamais été aussi rapide qu’au cours de la dernière décennie, et l’utilisation accrue du charbon, notamment dans les pays ayant misé sur les gaz de schistes, y a pour beaucoup contribué. A ce rythme, le seuil des 2 °C supplémentaires sera franchi dès 2030, pour 3,7 à 4,8°C d’ici la fin du siècle. Ce qui ne va pas sans conséquences pour chacun d’entre-nous, et notamment sur l’accroissement des inégalités.
La première des conséquences, et celle qui aura un impact quotidien sur nos modes de consommation et notre pouvoir d’achat, sera celle de l’accès aux ressources et la stabilité des prix. La diminution des récoltes agricoles et stocks de poissons due aux sécheresses ou à l’acidification des océans perturberont fortement la sécurité alimentaire de tous les pays. Le pouvoir d’achat des consommateurs européens ne sera pas épargné par la diminution des productions de riz, blé ou maïs au moment où la demande mondiale va augmenter. Là encore, les mêmes seront affectés, les plus pauvres, ce qui n’ont d’autre choix dans les produits et les manières de consommer que du hard discount et du pas cher.
Plus au Sud, ce sont les habitants des pays en voie de développement qui trinqueront. Le GIEC alerte sur la future progression des fléaux sanitaires, la sous-nutrition liée à la raréfaction des ressources, les conflits divers engendrés par les migrations climatiques et l’accès aux ressources. Pourtant, les gouvernements se renvoient la balle, l’Europe accusant les USA et la Chine de l’augmentation des émissions mondiales, les pays en développement pointant le rôle historiques des vielles économies industrielles comme les nôtres depuis plus d’un siècle.
L’expression du Secrétaire d’Etat américain n’a jamais été aussi appropriée « Ce rapport est très clair sur le fait que nous sommes face à une question de volonté mondiale et non de capacité ». Alors, qu’attendons-nous ?
Le sujet n’est plus scientifique, mais politique : mettons les bons sujets sur la table
Les scientifiques ne peuvent pas répondre à toutes les questions, et certainement pas celles des solutions politiques que nous devons mettre en œuvre en Europe et à l’échelle mondiale. Mettons donc les bonnes questions sur la table. Parlons croissance, croissance économique indexée sur l’accès aux ressources énergétiques, dans un contexte de raréfaction du pétrole et des énergies fossiles, d’augmentation de son coût et du trop faible développement des énergies renouvelables. Parlons de cette croissance économique aujourd’hui atone dans toute l’Europe et sur laquelle notre modèle de protection sociale, nos emplois, notre modèle économique et nos discours politiques restent pourtant focalisés. Les scientifiques du GIEC considèrent que la croissance économique et l’augmentation de la population restent les plus importants facteurs d’augmentation des émissions. On ne réduira pas la population mondiale, alors agissons sur le second facteur.
Les points importants du PLF 2014 en matière d’écologie
25/10/13
En plein travail des parlementaires sur le budget 2014 et quelques semaines après la clôture du débat national sur la transition énergétique par François Hollande, je souhaite revenir sur quelques éléments de ce texte en matière d’écologie. Isolation du bâti, fiscalité écologique visant à orienter la consommation énergétique, soutien aux énergies renouvelables, un certain nombre de mesures vont dans le bon sens. Reste désormais à les approfondir, ce que permettra ce débat parlementaire.
Comme le rappelle le récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur l’efficacité énergétique (1), le bâtiment représente à lui seul 44 % de la consommation finale d’énergie. Il était donc urgent que le Gouvernement, en cohérence avec les objectifs rappelés par François Hollande le 20 septembre dernier de réduction de moitié de notre consommation d’énergie finale en 2050, engage un grand plan d’isolation du bâti.
Quant à nos choix énergétiques, ils sont aujourd’hui encore dominés par le nucléaire et l’électrique. La transition énergétique que nous engageons aura donc plusieurs volets. Celui de la sobriété énergétique constitue une priorité, illustrée notamment par les investissements engagés en matière d’isolation thermique du bâti. Celui de l’accroissement de l’indépendance énergétique de la France, du développement d’énergies renouvelables, alternatives au tout-pétrole et tout-nucléaire, le développement d’un système énergétique décentralisé en est une autre, que ce PLF ne pouvait contenir.
88 % du déficit de notre balance commerciale est en effet dû à la facture énergétique. Ce chiffre n’a pas manqué d’alerter François Hollande qui affirmait lors du même discours : « Si nous réduisons notre consommation d’énergie, nous pouvons faire une économie de 20 à 50 milliards sur notre facture énergétique, 20 à 50 milliards d’ici 2030 ». «Cela représente donc, et en termes de pouvoir d’achat, et en termes de rentabilité pour les entreprises, et en termes de gains pour les comptes extérieurs, un enjeu considérable. A l’horizon 2050, c’est une division de 3 à 6 fois notre facture énergétique. » (2).
Si ces avancées dans ce PLF 2014 sont à noter, ceci ne nous exonère pas d’un travail plus approfondi pour avancer vers la loi transition écologique qui a été annoncée à l’issue de la Conférence environnementale le mois dernier. J’entame donc une série de rencontres avec des acteurs du secteur de l’énergie : le CLER (Comité de liaison pour les énergies renouvelables), le SER (Syndicat des énergies renouvelables), ou encore de nombreux acteurs locaux du Doubs. Des rendez-vous importants dont je ne manquerai pas de rendre compte.
Isoler les logements pour les rendre moins énergivores
- Art. 7 : Cet article additionnel après l’article 7 a été adopté par les parlementaires afin d’abaisser la TVA à 5,5% pour les travaux de rénovation thermique. Ce taux concernera les travaux d’amélioration de la performance énergétique éligibles au crédit d’impôt « développement durable » (CIDD), lui aussi modifié par l’article 56 du même PLF qui n’est pas encore passé devant les députés.
« N’ayons pas peur d’une fiscalité écologique juste, progressive, redistributive » : tribune dans Le Monde
20/09/13
Alors que s’ouvre aujourd’hui la conférence environnementale, je signe avec Guillaume Balas, secrétaire général de « Un Monde d’Avance » et membre du bureau national du PS, une tribune dans Le Monde.
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Ce sont les énergies fossiles qui saignent la France et les ménages. A quelques jours des arbitrages de la Conférence Environnementale, les esprits s’échauffent, et le débat recule. Attendus depuis près d’un an, ceux-ci devront être à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux auxquels doit faire face la France.
Ménages et entreprises françaises paient pourtant chaque jour une facture énergétique qui s’aggrave. Quand 88% du déficit commercial français est creusé par les importations de pétrole, c’est le bilan économique de la France qui en est lourdement affecté. Quand les cours du pétrole explosent, ce sont les salariés devant prendre leur voiture pour aller travailler qui en font les frais. Ce sont nos entreprises qui font le choix entre payer ou embaucher. Ce sont bien les citoyens qui en paient le prix. Et pas n’importe lesquels.
Réduire nos émissions de gaz à effet de serre en réduisant notre consommation énergétique, ce n’est pas faire plaisir aux » bobos « comme certains le disent. Engager la France sur la voie de la sobriété énergétique, c’est se battre au quotidien aux côtés de ceux qui subissent de plein fouet la hausse du prix de l’énergie et l’épuisement des ressources mondiales. C’est rappeler chaque jour que 8 millions de Français survivent dans la précarité énergétique.
Gardons le cap, choisissons le camp de la gauche, celui du progrès social, de la lutte incessante contre les inégalités, d’une gauche qui donne à tous le droit de vivre sainement. Ne laissons pas les plus pauvres de côté sur le chemin de la transition énergétique, n’ayons pas peur d’une fiscalité écologique juste, progressive, redistributive et incitative.
LE DIESEL TUE
La fiscalité écologique a toute sa part dans le projet de loi de finance 2014. Elle sera d’autant plus acceptée par tous, que ses fruits profiteront à ceux qui en ont le plus besoin, à ceux qui n’ont pas les moyens d’isoler leur logement ou de s’acheter une voiture plus économe. Ne la laissons pas combler ça et là des trous dans les finances publiques.
Vous avez dit milliers emplois et politiques industrielles ? Répondons écologie et socialisme.
17/01/13
Compétitivité, déficit commercial, politiques industrielles, pertes d’emplois, ces mots reviennent sans cesse dans les médias, et cela n’a rien d’étonnant. Ces questions sont celles qui secouent notre pays et préoccupent légitimement les Français. Mais ce qui est plus surprenant, c’est qu’aucun commentateur ne réponde qu’une partie des solutions sont à rechercher dans l’écologie.
Un débat qui doit devenir citoyen
Au quotidien, l’écologie est encore mal comprise, peu accessible, parfois porté, il est vrai, par un discours technocratique laissant penser que l’affaire serait uniquement scientifique, économique, mais rarement politique et citoyenne.
C’est pourquoi la loi sur la participation du public aux décisions environnementales, devenue effective depuis fin décembre, doit être saluée. Elle redonne la parole aux citoyens contre une minorité qui s’accapare les débats, monopolise la parole publique et impose ses vues.
Répondre aux défis industriels de la France par la transition énergétique : des gisements d’emplois
Comme élus, nous sommes interpelés pour trouver des solutions aux plans sociaux. La désindustrialisation de la France est certes engagée depuis longtemps, mais elle n’est pas inéluctable, il est de la responsabilité de l’Etat de la combattre, en définissant les secteurs et les activités prioritaires, en engageant la reconversion de pans entiers du secteur industriel français.
Pourtant, qu’a fait la droite pour développer les gisements d’emplois qui sont encore inexploités dans le photovoltaïque, l’éolien, la géothermie, ou même le démantèlement des centrales nucléaires ? De véritables plans sociaux ont été subits par ces filières ces deux dernières années. A titre d’exemple dans le photovoltaïque, suite aux nombreuses suppressions d’emplois ces dernières années, la France se classe derrière l’Allemagne, la Chine, ou les Etats-Unis.
Un plan gouvernemental en faveur de l’emploi et de l’industrie photovoltaïque française
Le plan annoncé par Delphine Batho il y a quelques jours pour le soutien à la filière photovoltaïque démontre la volonté du gouvernement d’agir pour l’emploi et la réindustrialisation de la France.
Modifiant les critères d’attribution des appels d’offres pour de grandes installations photovoltaïques, le gouvernement socialiste entend dissuader l’utilisation de terres agricoles déjà rares, favoriser l’accès des PME à ces marchés, et pénaliser les installations à fort coût carbone, dont les composants auraient été importés de loin. Autre mesure et non des moindres, les tarifs de rachat pour les plus petites installations seront plus avantageux pour les particuliers et industriels utilisant des panneaux photovoltaïques fabriqués en Europe. Ne cachant pas sa volonté protectionniste, la Ministre entend ainsi développer le « made in Europe » et relancer la filière et l’emploi.