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Crise agricole : des clés pour comprendre
14/09/15
La crise qui secoue des pans entiers de l’agriculture française est profonde et structurelle. Elle touche fortement les productions standards dans les secteurs de la viande porcine, de la viande bovine et du lait. Chacun de ces secteurs est particulier et obéit à des règles et des ressorts qui lui sont propres, ce qui rend toute réponse globale et uniforme, relativement inefficace sur le moyen et le long terme.
Aussi, parce que l’agriculture française est un secteur à la fois essentiel pour l’économie de nos territoires mais également vital pour notre qualité de vie et la préservation de notre environnement, voici quelques clés pour que chacun saisisse la complexité des problèmes posés… et des réponses à apporter.
Colère sous-jacente et accord non respecté
La colère qui s’est déclenchée chez les éleveurs de porcs et de bovins (lait et viande) fin juin-début juillet était sous-jacente depuis plusieurs mois. C’est d’ailleurs l’expression de ce malaise qui avait présidé à la conclusion d’un accord trouvé mi-juin avec les autres acteurs des filières afin de revaloriser progressivement les prix du porc et du bœuf, trop bas et souvent inférieurs aux coûts de production. Mais force est de constater que cet accord n’a pas été respecté, ou plus exactement qu’il ne l’a été qu’en partie par la grande distribution et l’industrie de transformation (abattoirs et intermédiaires) mais que la hausse n’a pas été répercutée de façon conforme jusqu’aux éleveurs.
La mécanique complexe des prix
Il faut dire que le système de fixation des prix du porc, du bœuf ou du lait est particulièrement complexe, d’autant que chaque production répond à des règles spécifiques.
Pour le porc, le prix est fixé au marché du cadran de Plérin, en Bretagne, selon le principe des enchères dégressives. C’est ce prix qui sert ensuite de référence nationale entre producteurs et acheteurs et qui se trouve mis en comparaison avec le prix sur d’autres marchés européens, notamment l’Allemagne où le prix est moins important du fait du recours à des travailleurs détachés et à des standards environnementaux moins exigeants. Une fois les porcs achetés et abattus, les relations commerciales se font de gré à gré et ce sont enfin les enseignes de grande distribution qui fixent le prix final de vente au consommateur.
50 ans de l’interprofession Comté : retour sur la visite de Stéphane Le Foll
13/07/13
Jour de célébration que ce vendredi 12 juillet pour toute l’interprofession Comité qui fêtait ses 50 ans. Le cadre choisi pour cette manifestation : la commune de Déservillers, berceau du Comté, où on retrouve la trace de la première fructerie en 1272. Et une présence de marque : Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.
Claude Vermot-Desroches, l’actuel président du Comité interprofessionnel du gruyère de Comté, a pu rappeler que le succès du célèbre fromage est dû à la fois à un cahier des charges strict et à une organisation performante en interprofession. C’est ainsi qu’entre 1990 et 2012, la production - et donc les ventes - a augmenté de 78 %. Dans cette interpro exemplaire, la solidarité et l’esprit de coopération ne sont pas de vains mots. Il s’agit aussi d’un secteur très important pour l’économie régionale puisque les 4 fromages AOP (Comté, Morbier, Mont d’or et Bleu de Gex) ont réalisé un chiffre d’affaires de 640 M€ en 2012, ce qui génère 5000 emplois directs et près de 7500 emplois induits.
Le président Vermot-Desroches a également insisté devant le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll, sur les 3 principes menaces : la sortie des quotas laitiers et la nécessité de trouver de nouveaux moyens de régulation, la concurrence déloyale des fromages d’imitation et enfin, l’ignorance de ce modèle qui peu conduire à la surproduction et à des incompréhension au niveau de l’Union européenne.
Stéphane Le Foll, après avoir visite de GAEC des Crêtes, à quelques dizaines de mètres du lieu de la manifestation à Déservillers, a tenu à réaffirmer son soutien à ce modèle, à cette organisation. « Aujourd’hui, nous sommes face à un choix dont on déduit tout le reste. Quelle conception de l’agriculture avons-nous ? Quelle est sa place, celle de ses produits ? Est-ce simplement un marché « hors sol » qui doit s’auto-réguler, comme le pensent les Etats-Unis, ou alors une activité noble liée aux territoires, aux terroirs, comme nous le pensons ? Notre choix est fait et nous le défendons auprès de l’Union européenne à Bruxelles et dans les négociations qui s’ouvrent pour l’accord transatlantique. », a souligné le ministre. Stéphane Le Foll est aussi revenu sur la réforme de la politique agricole commune, où la France a pu faire valoir son point de vue, que ce soit sur la transparence des GAEC, sur le maintien d’une part d’aides couplées (c’est-à-dire que l’on peut moduler en fonction du type de production à soutenir), sur la reconnaissance du rôle et de la place des interprofessions.
Retour en quelques images sur la visite du ministre à Déservillers :
Coopératives laitières : s’unir pour écrire une nouvelle page après les quotas
5/04/13
Comme tous les ans, les fédérations départementales des coopératives laitières (FDCL) du Doubs et du Jura se réunissent conjointement pour la séance plénière de leur assemblée générale. Cette réunion, à laquelle je me suis rendue, avait lieu ce jeudi 4 avril à Frasne.
Les fédérations départementales des coopératives laitières fédèrent et représentent les coopératives productrices de lait. Elles sont réunies au niveau national dans une fédération nationale.
En France, 60 groupes coopératifs et près de 200 coopératives « fruitières » collectent et valorisent le lait produit par leurs associés-coopérateurs. Plus de la moitié des 76 000 producteurs de lait en France sont les associés d’une coopérative laitière. Il s’agit pour les différents acteurs de promouvoir le modèle coopératif : un modèle économique performant, équitable, durable, humaniste et solidaire, qui répond aux aspirations de nombreux consommateurs-citoyens.
Alain Mathieu, président de la FDCL du Jura et Bernard Marmier, président de la FDCL du Doubs ont pu accueillir Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et Daniel Costantini, ancien entraîneur de l’équipe de handball masculine, premier entraîneur à avoir amené une équipe nationale d’un sport collectif au titre de champion du monde. L’occasion de débattre autour du thème « L’après quotas, le match à gagner : pas d’autre choix que le collectif ! ».
En effet, instaurés en 1984 par deux règlements du Conseil européen, le dispositif réglementaire des quotas avait pour but de limiter le déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché du lait et des produits laitiers. La suppression des quotas laitiers par l’Union européenne est programmée pour 2015 mais elle est déjà en vigueur puisque les quantités de lait octroyées aux producteurs dépassent largement les possibilités d’absorption par le marché des appellations d’origine protégée (AOP).
Les fromages d’appellation d’origine comtoise : une richesse que je défendrai
14/09/12
Cette semaine, c’est le lancement de la saison du Mont d’Or, avec ce week-end la « Coulée du Mont d’Or » à Pontarlier. Et justement, lundi, j’ai rencontré les directeurs des syndicats interprofessionnels des 4 appellations d’origines protégées (AOP) présentes en Franche-Comté (le Comté, le Morbier, le Mont d’Or et le Bleu de Gex), réunis dans l’Urfac (union régionale des fromages d’appellation d’origine comtoise). Ce rendez-vous m’a permis d’échanger avec eux autour des problématiques qu’ils rencontrent dans une période charnière avec la fin des quotas laitiers notamment.
L’Urfac m’a choisi pour être le relais et la porte-parole en quelque sorte, de leurs préoccupations au sein de l’Assemblée nationale, en étant attentive aux projets de loi, aux amendements… J’ai bien volontiers accepté de défendre ces appellations si importantes pour notre région, d’autant que les principes et les valeurs portées rejoignent les miennes : travail et produit de qualité, respect de la santé et de l’environnement, solidarité et esprit coopératif… La première circonscription du Doubs compte d’ailleurs plus de 80 exploitations agricoles produisant du lait AOP.
Avant de revenir sur les problèmes rencontrés actuellement et pour lesquels nous devons nous mobiliser, il est important de bien resituer ces appellations d’origine.
Histoire d’une réussite…
Les 4 AOP sont produites sur le massif jurassien, en zone de moyenne montagne au climat rigoureux et à la végétation riche et variée. Dès le 13e siècle, les paysans se sont regroupés en « fructeries » pour atteindre les 400 litres de lait quotidien afin de fabriquer une meule, large et lourde pour une longue conservation. La suite >