Le magazine « Alternatives économiques » vient de publier un hors-série en format poche, « Pour une autre économie », qui dresse notamment une liste de 50 propositions pour changer de cap.

Le philosophe Edgar Morin signe la préface de cet ouvrage et plaide justement pour « un changement de cap civilisationnel », avec une économie plurielle, capable de refouler progressivement l’aire économique déterminée par le seul profit. Je vous en recommande vivement la lecture (texte ci-dessous).

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Pour une autre économie - Alternatives économiques

"Pour une autre économie" - Alternatives économiques

« L’économie sociale et solidaire s’inscrit dans la voie d’une économie plurielle. Plutôt que de croire à la fin imminente du capitalisme ou à son inéluctable perpétuation, l’économie plurielle signifie qu’il y a possibilité de refouler progressivement et systématiquement l’aire économique déterminée par le seul profit. Cela implique non seulement l’extension du champ de l’économie sociale, mais aussi un ensemble d’évolutions dans tous les domaines, et la revitalisation de la notion capitale de solidarité surtout dans un contexte de désintégration des solidarités traditionnelles.

Déjà, dans l’entreprise capitalistique, les idées d’éthique d’entreprise, d’entreprise citoyenne, de commerce équitable peuvent apporter des régulations et limiter l’impératif du profit. Mais c’est surtout au-delà, dans le domaine de la consommation et de la vie quotidienne, que s’imposent des réformes diverses mais convergentes. Ainsi s’agit-il de susciter les résistances aux intoxications consuméristes.

Il est temps de promouvoir l’alimentation de saison et de proximité qui favorise l’agriculture maraîchère et fermière, de substituer au règne du jetable celui des objets durables et des métiers de réparation, de favoriser le besoin d’objets artisanaux singuliers plutôt que d’objets industriels. Il s’agit de prendre à nouveau conscience que l’amour est plus important que l’argent et de retrouver la part de gratuité et de responsabilité qui permettent l’épanouissement des relations humaines. Il s’agit en somme de remplacer l’hégémonie de la quantité par celle de la qualité. Certes les plus démunis n’ont pas les moyens d’accéder aux produits bios et fermiers, mais cela signifie que l’économie sociale doit être accompagnée de mesures politiques pour lutter contre les misères croissantes en favorisant le développement de métiers de solidarité et de convivialité et en suscitant des grands travaux « verts ». L’économie sociale doit se développer parallèlement à une grande politique d’humanisation des villes et de revitalisation des campagnes.

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