Comice à Rennes-sur-LoueJour de comice à Rennes-sur-Loue, ce samedi. Un jour historique et exceptionnel pour cette commune de 90 habitants du canton de Quingey, traversée par la RN 83, à la limite du Jura. Et tout était réuni pour faire de cette journée une belle et grande fête populaire et conviviale mettant à l’honneur l’agriculture, les agriculteurs et leurs montbéliardes. 170 animaux présents, près de 400 repas servis le midi et près de 250 le soir à Arc-et-Senans, un soleil rayonnant : il faut féliciter l’ensemble des bénévoles du village et du canton qui ont apporté leur précieuse contribution à l’organisation et à la réussite de cette manifestation qui a lieu tous les deux ans. Ce bénévolat crée du lien, du mieux vivre ensemble.

C’était donc pour moi un réel plaisir d’être présente à Rennes-sur-Loue aux côtés du maire, Thierry Maire du Poset, du président du bureau du comice, François Sage et du conseiller général, Jacques Breuil. Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, avait prévu d’être présent aujourd’hui à mon invitation mais il a été retenu par la préparation d’un sommet international. Il regrette vivement de ne pas avoir pu être présent mais il m’a assuré de sa visite dans la circonscription au cours les prochains mois.

De mon coté, j’ai pu voir ou revoir de nombreux agriculteurs et échanger avec le public présent sur de différents sujets : agriculture bien sûr, mais aussi projet de loi de finances, éducation, retraites, associations, patrimoine… L’après-midi se prêtait davantage aux échanges informels qu’aux longs discours. Mais je profite de cette occasion pour vous faire part du message que j’aurais pu délivrer.

Comice à Rennes-sur-LoueL’agriculture est importante dans ce beau et vaste canton de Quingey. C’est une activité économique et sociale à part entière, qui tisse des liens entre la population et de la valeur ajoutée non délocalisable pour nos territoires. Elle est en constante évolution et s’adapte aux réalités du monde et des consommateurs.

Ces évolutions sont une chance, mais aussi une vraie menace parce que l’agriculture est de plus en plus souvent soumise à la dérégulation complète, à la concurrence et à la spéculation financière comme on le voit sur le marché des matières premières où les conséquences sont dramatiques, tant pour les producteurs que pour les habitants des pays les plus pauvres qui ne peuvent plus se nourrir.

Nous avons besoin de davantage de régulation et d’encadrement, au niveau européen et surtout au niveau mondial. Il faut rétablir impérativement ce que j’appellerais « l’exception agricole », au même titre que l’exception culturelle en France, parce que les productions issues de l’agriculture ne peuvent pas être considérées comme des biens soumis aux seuls aléas des marchés et de la volatilité des cours.

L’agriculture dans notre région n’échappe pas aux problèmes liés à tous les paramètres économiques et mondiaux. Je n’ignore pas les difficultés de la profession agricole, en matière de revenus, d’installation ou de transmission d’exploitation, les relations complexes avec les centrales d’achat et grands groupes de transformation. La manifestation ces derniers jours d’agriculteurs haut-saônois devant l’usine de transformation Eurosérum à Port-sur-Saône pour protester contre la baisse du prix du lait nous le rappelle.

Mais notre région, celle qui a vu l’invention du système des fruitières au XIIIe siècle – et cette année 2012 est l’année internationale des fruitières –, a la chance d’être une région d’AOC, ou plus exactement d’AOP, appellations d’origine protégée comme le veut la nouvelle dénomination européenne. Ces fromages comtois, issus du massif jurassien, que sont le Comté, le Morbier, le Mont d’Or et le Bleu de Gex sont des atouts considérables pour toute la production laitière régionale. L’organisation en syndicats interprofessionnels rassemblant les producteurs, les transformateurs et les vendeurs – tous les maillons de la chaîne – est exceptionnelle. C’est un patrimoine social et économique à défendre, à conserver, à améliorer encore.

Les 4 syndicats professionnels de ces AOP m’ont choisie pour être la députée référente et porte-parole de ces questions à l’Assemblée nationale. C’est un honneur pour moi qui ai fait du développement territorial une priorité. J’ai eu l’occasion d’être déjà sensibilisée à l’épineuse question de la fin des quotas laitiers – suppression qui est à mon sens une grave erreur aux conséquences importantes. J’espère, et je sais que Stéphane Le Foll partage cet état d’esprit, que nous pourrons obtenir des négociations européennes un retour des quotas ou, a minima, la possibilité pour chaque Etat ou chaque AOP de réglementer et réguler la production laitière, pas seulement la production fromagère.

Je resterai mobilisée pour une agriculture locale de qualité, respectueuse de l’environnement, qui permette aux producteurs de vivre décemment.