Après l’échec de la Conférence de Bonn sur le climat fin octobre et un nouveau Paquet « Energie-climat 2030 » de l’Union Européenne peu ambitieux, le 5ème rapport des scientifiques du GIEC sur le climat a achevé de sonner l’alarme. Pourtant, indécision, compromis, blocages et inertie semblent prédominer dans l’actualité de décisions politiques sensées combattre urgemment le réchauffement climatique.

Paquet « Energie climat 2030 » : fausses avancées et vraies inquiétudes
Un paquet « Energie-Climat » est un plan d’action issu d’un accord obtenu entre les 28 pays membres de l’Union Européenne (UE) au sujet de la lutte commune contre le réchauffement climatique. Le dernier datait de 2009.
Vendredi 24 octobre, les Etats membres se sont donc accordés sur une nouvelle mouture, issue de mois de négociations. En apparence, des mesures ambitieuses sont actées. L’UE s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Mais une ombre est portée au tableau : sur la même période, la consommation d’énergie issue des énergies renouvelables devra passer à 27%, tout comme l’efficacité énergétique, au lieu des 30% initialement prévus, tout cela sans aucun aspect contraignant pour les Etats-membres.
Difficile de penser que le pouvoir politique ne pouvait accoucher que de ce compromis. Les parlementaires européens avaient eux-mêmes réagi et réclamé des engagements plus ambitieux pour ces deux objectifs, respectivement de 30 et 40 %, lors d’un vote en février dernier. Encore une fois, nous passons à côté de la construction d’une Europe politique, une Europe qui se doterait d’une politique commune en matière énergétique et s’appuierait sur le Parlement démocratiquement élu par nos concitoyens.
C’était sans compter sur le poids des pressions exercées par le Royaume-Uni, qui avait par ailleurs obtenu de la Commission Européenne un mécanisme inédit de soutien à la construction d’une centrale nucléaire à Hinkley Point. C’était également sans compter sur la Pologne et les concessions obtenues, elle qui s’appuie encore à 80% sur le charbon, gros émetteur de GES. L’enjeu résidait en effet dans la mise en place de mécanismes de solidarité pour aider les pays de l’Est de l’UE à répondre à ces objectifs.
Déception donc, d’autant que l’issue de la conférence de Bonn sur le climat ne sera pas plus fructeuse pour le climat. J’ajouterais que selon l’Agence européenne pour l’environnement, l’UE sera déjà à 20% d’énergies renouvelables en 2020, elle devrait donc ralentir le rythme pour atteindre les 27% en 2030. Selon certains, avec la désindustrialisation du continent, l’UE sera même déjà à moins 30% d’émissions de GES en 2020…. Difficile dans ce cas de parler d’un accord révolutionnaire.

Bonn dans l’impasse, avant Paris en 2015
Idem, à la sortie de la conférence de Bonn sur le climat le 24 octobre dernier, aucun début de pré-accord n’a pu être brandi. Tout le monde, et l’Union Européenne en premier lieu, semble se regarder en chien de faïence tandis que le réchauffement climatique touche de plus en plus de personnes dans le monde, y compris en France.
L’Europe n’est pas exemplaire, alors même qu’elle accueillera le sommet annuel de Paris en 2015. Les négociations ont encore une fois achoppé sur les aides aux pays en développement pour atteindre ces objectifs climatiques. Le Fonds vert pour le climat, qui devait recevoir une capitalisation initiale de 10 milliards de dollars avant la fin de l’année, n’en est qu’à 3 milliards de promesses de dons des Etats. Et l’Union tient une lourde responsabilité dans cet échec, sans pour autant cesser d’exiger que les pays émergents s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Pourtant, dimanche 2 novembre, le dernier rapport des scientifiques du GIEC sur le climat était publié. Comme les précédents, le bilan s’alourdit à chaque page. Sans mesures supplémentaires pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement pourrait atteindre 4°C d’ici à la fin du siècle. Précisions que l’Europe peine déjà à négocier pour se doter d’objectifs contraignants pour limiter à 2°C le réchauffement climatique…

Reprenons-nous, montrons-nous ambitieux, construisons un projet de société qui fasse sens et permette à tout le monde de vivre sans subir le réchauffement climatique. Mais pour cela, il va falloir cesser d’avoir peur de notre ambition pour le climat.