Nous entrons en congrès. Le Congrès du Parti socialiste sert à déterminer la ligne politique qui va nous guider durant les années qui viennent. Il sert aussi à désigner ceux et celles qui porteront ce projet qui doit nous permettre d’emporter les échéances électorales à venir, en particulier l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2012. Cela, afin que nous soyons à même de transformer la société.

On se plait à rappeler, plus ou moins sincèrement, que c’est le projet qui est le plus important, même si la question de « qui le porte » est également cruciale. Si je partage cette hiérarchie, je pense néanmoins que nous oublions un éléments central, qui est celui de notre crédibilité. En effet, ce qu’on appelle la crise politique, qu’elle se manifeste sous la forme des critiques populaires, de l’abstention, du vote pour les partis qui contestent le système, est patente.

Les citoyens pensent de moins en moins que nous sommes susceptibles de changer leur vie, pensant que la mondialisation, l’économie, rendent nos marges de manœuvre trop faibles. Ils pensent que nous n’en sommes pas capables ou que c’est impossible. En outre, pour beaucoup, ils ne nous croient plus tout simplement. Ils pensent qu’on leur ment. Ils n’ont pas confiance en nous. Que ce sentiment soit fondé ou pas, n’en rend pas la méfiance moins grande.

Ils n’ont pas confiance en nous parce qu’ils ne se reconnaissent pas en nous (1) et parfois aussi, il faut bien le dire, parce que nous ne faisons pas ce que nous disons (2).

Pour qu’ils aient une chance de se reconnaître en nous, il faut que nous leur ressemblions davantage. Cela passe par un renouvellement du personnel politique. Pour ce renouvellement, la limitation stricte du cumul des mandats est un moyen. (1) Le non-cumul est également un objectif en lui-même (2). En cela, il est la condition nécessaire et non suffisante pour que nous retrouvions de la crédibilité auprès de nos concitoyens pour qu’ils puissent nous faire davantage confiance. En effet, pour être crédible, il faut en finir avec l’accumulation du pouvoir dans les mains de quelques uns, pendant des décennies, sur plusieurs mandats (3).

1. Ils ne se reconnaissent pas en nous parce que nous ne leur
ressemblons pas. Certes, dans notre vision républicaine de la
représentation, le rôle des élus est de proposer et de mettre en œuvre
une vision d’intérêt général. Ils n’ont pas sexe, pas d’âge, pas
d’appartenance sociale, pas de couleur.

En effet, une femme n’est pas forcément la meilleure porte-parole des
femmes. De même, pas besoin d’être soi-même jeune ou habitant des cités
pour comprendre les besoins des jeunes et des habitants des cités.
Enfin, un chômeur ne serait pas forcément un bon ministre de l’emploi.


Mais quand même…

Un parti qui se met en situation de payer des amendes en application
d’une loi (la loi sur la parité) qu’il ne respecte pas alors que c’est
lui-même qui l’a fait voter…
Un parti dont la moyenne d’âge est supérieure à 55 ans et qui compte 5 % de moins de 30 ans…
Un parti dont le nombre d’ouvriers et d’immigrés est tellement anecdotique qu’on ne sait pas l’évaluer…
Ce parti peut difficilement être en phase avec la population et
comprendre les difficultés qu’elle rencontre, même si il y est sensible.

Une des conditions de ce renouvellement des candidatures et des élus,
c’est évidemment une limitation stricte du cumul des mandats ; le tout
devant évidemment être associé au statut de l’élu.

En effet, si l’on exerce 1 mandat, 2 ou 3 fois de suite et non pas 5 ;
ou, si l’on exerce 1 mandat et non pas 2 ou 3 à la fois, cela fait
autant de places de libérées et de candidatures nouvelles qui peuvent
émerger.

2. Cet outil est aussi un objectif en lui-même. Un objectif que nous
partageons tou-te-s, qui est inscrit dans la synthèse du Parti
socialiste et qui était dans toutes les motions du dernier comgrès.

C’est évidemment une question de principe. Car, même si certains sont
capables d’assumer 3 mandats, mieux que d’autres, un seul, nous sommes
socialistes. Et, être socialiste, cela implique de partager le pouvoir,
de la même manière que nous prônons le partage des richesses
.

C’est aussi une question de démocratie parce que tout le temps passé à
autre chose qu’à son mandat est laissé aux services des collectivités
ou de l’Etat, sans doute très compétents. Mais les citoyens votent pour
que leurs élus tranchent, décident, et non pas pour que les techniciens
le fassent à leur place.

3. C’est enfin une question de crédibilité.
Comment continuer à défendre l’idée qu’une seule personne serait plus à
même d’exercer 2 mandats à la fois, que deux personnes exerçant chacune
un mandat et travaillant en bonne intelligence ?
Comment croire qu’un Président, ou une Présidente de Région qui serait
en même temps parlementaire, remplirait mieux les tâches que lui ont
confié les citoyens que deux personnes, un président de région et un
député ?
Comment penser que les indemnités des parlementaires, des Présidents de
collectivités territoriales (toutes bien supérieures à 5 000 €
mensuels) ne justifient pas un engagement à plein temps ?

Si nos concitoyens peuvent comprendre que la résolution du problème du
chômage est largement entravée par la mondialisation libérale, nous
n’avons aucune excuse sur le renouvellement de la vie politique
. C’est
une question de crédibilité également parce que la perspective
d’inscrire dans la loi une nouvelle limitation du cumul des mandats ne
nous exonère pas de la responsabilité d’agir dès maintenant, de nous
appliquer à nous-mêmes ce que nous prônons pour tous.

4. Le non cumul une mesure qui ne coûte rien, qui est populaire, qui
est salutaire pour la démocratie
… nous y engager immédiatement est
possible et fortement souhaitable.

Immédiatement signifie que ce n’est pas une proposition qui
s’appliquerait à condition que l’on emporte les prochaines élections, à
condition que l’on vote une loi, à condition que quoi encore…

Immédiatement signifie que c’est un engagement que l’on prend et que
l’on met en œuvre tout de suite, que l’on s’applique personnellement
quoi que fasse les autres.

C’est une condition de notre crédibilité, un moyen non suffisant mais
nécessaire pour redonner confiance dans la politique. C’est aussi une
façon de respecter nos concitoyen-ne-s, en nous consacrant pleinement à
cette mission qu’ils nous confient. C’est enfin, un argument fort pour
emporter les échéances électorales à venir.