Margareta Steinrücke : « Les 30 heures pour tous ! » (L’Est républicain)
Voici l’interview donnée par Margareta Steinrücke, porte-parole d’ATTAC Allemagne, dans L’Est républicain, concernant la réduction du temps de travail.
En quoi ATTAC Allemagne est-elle intéressée par les conclusions de la commission d’enquête parlementaire qui s’est efforcée d’évaluer l’impact des politiques de réduction du temps de travail en France ? Les situations sociales des deux pays sont différentes, non ?
L’Allemagne applique déjà les 35 heures dans certaines branches, dont la métallurgie et l’imprimerie. Depuis deux ans, ATTAC porte une revendication centrale, pour notre pays et en Europe, c’est la semaine de 30 heures avec compensation complète des salaires et des effectifs. J’ai lu le rapport rédigé par la députée du Doubs, Barbara Romagnan, pour cette commission d’enquête de votre Assemblée. Je suis très heureuse de ce que j’y ai appris. Il montre que la réduction du temps de travail a eu des effets bénéfiques pour l’emploi, la productivité des entreprises et la qualité de vie des gens. C’est un grand exemple pour nous.
Ces conclusions « optimistes » ne font pas l’unanimité. Les 35 heures restent contestées et leur application par certains métiers, ceux de l’hôpital notamment, a entraîné des déséquilibres…
La mise en place de la réduction du temps de travail pose inévitablement des problèmes concrets qui varient selon les secteurs d’activité. Il faut donc trouver des solutions spécifiques. Cela doit être, branche par branche, une démarche qui associe vraiment les partenaires sociaux avec la volonté d’en faire une réussite. Sinon, comme nous l’avons vu en Allemagne où il n’y a pas eu de compensation dans les filières concernées, cela se traduit par une intensification de la charge qui pèse sur les personnels. Ce qui n’est pas le but recherché. Au contraire, nous voulons du temps pour les jeunes parents et éviter que l’un d’eux ne doive cesser de travailler, pour les salariés qui souhaitent accompagner un aîné fragile, pour les salariés les plus âgés et usés, pour ceux qui ont été « cassés » physiquement par le stress ou le surmenage. En Allemagne, le droit à la crèche n’est que de quatre heures par jour et la retraite est à 67 ans, je le rappelle.
Et pourtant, à l’inverse de la France où les 35 heures résultent d’une loi, l’Allemagne les négocie dans le cadre d’un dialogue social direct. Ce n’est pas mieux ?
C’est différent car il faut discuter par branche d’activité et c’est plus compliqué. Le syndicat des services Verdi (Vereinte Dienstleistungsgewerkschaft), le plus important d’Allemagne, compte 13 départements composés chacun d’un minimum de 5 branches. Ce qui nécessite de conclure autant d’accords au final. Nous avons des temps de travail de 34 et 35 heures dans les télécommunications et l’imprimerie, de 37 heures dans le commerce, de 38 heures dans les crèches, de 39 heures dans les banques et assurances, de 40 heures dans des services publics de länder, lesquels fonctionnent d’ailleurs en fonction de règles différentes. Quand un accord est signé, son application dépend ensuite d’un rapport de forces, selon que le syndicat du secteur ou de l’entreprise est puissant ou faible. C’est pour cela que notre initiative, « La réduction du temps de travail, maintenant ! », réclame un cadre global et réunit ceux qui ont intérêt à ce partage : ATTAC, les syndicats, les écologistes, le Collectif Roosevelt, les mouvements de femmes, de jeunes…
Conférence-débat organisé par la députée Barbara Romagnan, vendredi 23 janvier à 19 h 30, Petit Kursaal, place Granvelle, Besançon. Avec la participation de Denis Clerc, fondateur d’Alternatives Economiques.
Propos recueillis par Jean-Pierre TENOUX
Imprimer l'article | Cette entrée a été postée par Barbara Romagnan le 23 janvier 2015 à 10 h 04, et placée dans Divers. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0 Les commentaires et les pings sont fermés pour l'instant |
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about 7 months ago
toujours avec toi Barbara , par la pensée: et plus le nombre de chomeurs augmente plus je me demande pourquoi Hollande n’a pas écouté T.PIketty
AmicaLEMENT