Martine Aubry

Martine Aubry / © Photo Philippe Grangeaud - Solfé Communications

La publication dans la presse d’un certain nombre d’éléments d’enquête ou de contenus d’écoutes judiciaires mettant en cause Jean-Noël Guerini, président du Conseil général des Bouches du Rhône sont, s’ils sont avérés, d’une extrême gravité pour l’image et l’avenir de notre parti et de la démocratie dans notre pays. Tu as raison de rappeler qu’il « faut laisser faire la justice » et que « nous n’avons pas à anticiper ses décisions ».

Mais le « rapport de constatation » d’Arnaud Montebourg révèle également un fonctionnement, qui certes n’a « rien de répréhensible » sur le plan légal mais qui néanmoins nous interpelle car il décrit une dérive qui dépasse largement cette fédération. « La culture du chef », « le clientélisme féodal » constituent des pratiques qui s’installent peu à peu dans le quotidien de la vie de nos fédérations. Ces habitudes ne relèvent pas d’un projet prémédité ou de la volonté malfaisante de quelques grands élus, elles se mettent banalement en place au nom d’une efficacité politique à courte vue. Le résultat semble en apparence positif en terme électoral mais il est détestable et dangereux à long terme, au regard de nos valeurs et de la démocratie elle-même. La défiance généralisée envers la « classe politique », l’abstentionnisme et le développement des différentes formes du populisme nous le rappellent tous les jours.

Tu as courageusement mis « la question démocratique » au cœur de notre projet et affirmé la nécessité « de nouvelles pratiques démocratiques pour que les citoyens contribuent réellement aux décisions et à la transformation de la société ». Il est aujourd’hui urgent de redonner du crédit à la parole politique en exigeant de notre parti un comportement exemplaire en matière d’éthique républicaine et de respect des citoyens et des militants. L’application des décisions de non cumul, de la parité, le renouvellement et diversifications de nos adhérents et de nos élus, la séparation entre les structures d’élus et celles du parti, la transparence des votes et des désignations de candidats sont des limites que nous devons nous imposer nous-mêmes face à nos propres risques de démesure ou de tentation autocratique.

Dans l’immédiat, je crois urgent, à minima de mettre en œuvre ce que nous avons décidé comme militants socialistes. A défaut d’être des garanties contre toutes les dérives ces mesures constituent des garde-fous indispensables, une sorte de « principe de précaution démocratique » et un signe fort donné à nos concitoyens, susceptible de leur redonner un peu de confiance dans la vie civique et d’espoir pour le nécessaire « changement de civilisation » que tu appelles de tes vœux et qui est largement attendu.

Barbara Romagnan
Conseillère générale du Doubs