La régression numérique, par la Gauche durable
Je souhaite vous faire partager cet édito du groupe informel de parlementaires « La Gauche durable » auquel je participe, concernant la question numérique, ainsi que l’interview de Christian Paul, député PS de la Nièvre, au Lab d’Europe 1 sur cette question, en particulier sur les dispositions contenues dans la loi de programmation militaire.
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La Gauche durable aurait pu céder précocement à la trêve des confiseurs, mais parmi les sujets des derniers jours dans le débat public, il en est beaucoup qui seront au menu de la rentrée. Autant s’y préparer : réforme fiscale, statut des travailleurs détachés à travers l’Europe…et politique du numérique.
Là, nous sonnons l’alarme. Car parmi les positions débattues depuis quelques semaines, nous flairons comme un parfum de régression. Oublié, l’élan de la révolution numérique ? Abandonnés, dix ans de combats au Parlement sur les libertés ? Négligés, des sujets en apparence techniques mais terriblement politiques, comme la responsabilité des fournisseurs d’accès et des hébergeurs ?
La gauche au pouvoir doit se ressaisir. Plusieurs lois en débat, même progressistes comme la loi sur l’égalité femmes/hommes, risquent de confier à des entreprises privées des pouvoirs de censure. La loi de programmation militaire, en voulant encadrer les interceptions électroniques, a été comprise comme leur légalisation généralisée et le basculement vers une société de surveillance. Des textes arrivent au Parlement sur la géolocalisation ou le renseignement. La Tva à 19,6% sur la presse en ligne menace l’existence même des média exclusivement en ligne, les « pure players » (voir l’appel pour l’égalité fiscale de Mediapart). Et le Csa, pour sa part, exige que lui soient transférés les pouvoirs de l’Hadopi. Ça fait beaucoup pour un seul mois de décembre !
La Cnil s’émeut, les geeks s’enflamment, des experts raisonnables prennent la parole, les défenseurs des droits de l’homme lèvent l’étendard. Nous avions déjà plaidé en ce sens. Il faudra, sans plus attendre, des initiatives parlementaires et citoyennes, qui préviennent de nouvelles erreurs, réparent les dégâts et surtout éclairent le débat public. Le numérique, que nous décryptons sans angélisme, doit être régulé. Ce n’est pas un monde sans droit. Mais nous devons à ce nouveau monde de garantir les libertés, celles de toujours, comme celle qu’il rend désormais possibles.
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Cliquez ici pour lire l’interview de Christian Paul au Lab d’Europe 1
Imprimer l'article | Cette entrée a été postée par Barbara Romagnan le 24 décembre 2013 à 15 h 33, et placée dans Analyse. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0 Les commentaires et les pings sont fermés pour l'instant |
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about 1 year ago
Difficile questions, sur internet on veut pouvoir contrôler des contenus illicites (calomnies, pédophilie, mensonges reconnus, négationnisme,…) mais on veut se défendre de savoir qui c’est et on ne veut pas mettre de « gendarmes » sur le bord de la route.
On veut aussi que les artistes (cinéma, musique, littérature,…) et journalistes gagnent leur vie tout en ne contrôlant pas la rediffusion de leur production. Si on ne veut pas ce contrôle de la rediffusion, il faudra que tout soit financé par la pub et fonctionne comme les radio ou Télé en « libre » réception. La liberté n’y gagnera pas, le modèle de société que l’on souhaite non plus.
Avec la diffusion papier c’était plus simple. Pourquoi devrait-il y avoir des règles différentes pour ce qui concerne le contrôle des contenus entre la diffusion papier et la diffusion numérique ?
about 1 year ago
J’ai évidemment signé l’appel pour MDP