Enseignement de la « théorie du genre » : entre mensonges et dénaturation du programme de l’Education nationale
Suite aux messages que j’ai reçus ou qui m’ont été transmis concernant le mouvement de retrait des enfants de l’école, je souhaite préciser un certain nombre de points. Comme l’a rappelé Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, lors des questions au Gouvernement du mardi 28 janvier, il ne s’agit pas d’enseigner la prétendue « théorie du genre » aux élèves de l’Education nationale. Les annonces de boycott lancées par des groupes d’action épars n’ont aucun fondement et s’appuient sur des argumentations qui ont largement modifié les termes du débat.
La « théorie du genre » qui serait censée « nier la différence des sexes » est une fiction inventées par les traditionnalistes de toutes sortes afin de discréditer toute réflexion sur la construction sociale des identités sexuées.
L’action engagée par le ministre de l’Education nationale vise simplement à favoriser l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge, au moment où précisément se forment les stéréotypes qui favorisent les comportements sexistes. Les comportements sociaux sont acquis, appris et ne procèdent pas du sexe des individus. Ainsi, les femmes ne sont pas forcément destinées à être secrétaires ou mères au foyer, de même que les hommes peuvent vouloir faire autre chose que pompiers ou chefs d’entreprises. L’ambition des travaux menés par le ministère de l’Education nationale et le ministère des Droits des femmes est de déconstruire ces standards sexistes afin de sensibiliser dès leur enfance les élèves aux questions d’égalité. Il ne s’agit ni plus ni moins que de donner aux enfants les moyens de construire leur liberté.
L’école républicaine étant un service public, il me parait non seulement souhaitable mais aussi nécessaire qu’en tant que tel, elle s’efforce de ne pas reproduire les stéréotypes véhiculés par la société. L’égalité est au cœur même du projet républicain, et consubstantielle de sa réussite. Pourtant, elle est loin d’être atteinte. Au lendemain du vote de la loi sur l’égalité entre les hommes et les femmes, force est de constater que des mesures destinées à réduire les inégalités, si ambitieuses soient-elles, ne suffiront pas à modifier à terme les mentalités. Il s’agit donc bien d’une question d’éducation.
Quant aux simplifications et aux raccourcis idéologiques employés par ceux qui combattent ces initiatives, ils trahissent le caractère réactionnaire de leur opposition. Est-il normal que des métiers soient encore largement considérés comme féminins ou masculins ? Peut-on accepter qu’une élève ne se sente pas autorisée à être ingénieure informatique au motif que ce métier serait masculin ? Le service public a pour devoir d’enseigner la mixité, et d’œuvrer à déconstruire les logiques qui participent à reproduire des comportements sexistes.
Je voudrais enfin exprimer mon indignation quant aux actions de boycott de l’école lancées par des groupes extrémistes. Il existe en France une obligation de scolarité, et l’école républicaine constitue un socle essentiel de la cohésion de notre société. Vouloir y soustraire les enfants, même temporairement, me semble éminemment dangereux.
Imprimer l'article | Cette entrée a été postée par Barbara Romagnan le 29 janvier 2014 à 20 h 50, et placée dans Culture et éducation. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0 Les commentaires et les pings sont fermés pour l'instant |
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