Ce mardi 7 février, les organisations syndicales des DIRECCTE (Directions régionales des entreprises, de la consommation, de la concurrence, du travail et de l’emploi) ont appelé à des rassemblements suite au suicide de leur collègue inspecteur du travail, Romain Lecoustre, à Arras, le 18 janvier dernier.

Un rassemblement a eu lieu à 13h30, place Jean-Cornet à Besançon, devant les locaux de la DIRECCTE.

Très sensible aux conditions de travail et à la souffrance au travail, j’ai souhaité m’associer à cette mobilisation légitime.

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« Mesdames, Messieurs les inspecteurs et contrôleurs du travail,

C’est avec tristesse que j’ai pris connaissance du suicide de votre collègue Romain Lecoustre, le 18 janvier dernier, à Arras. J’ai également éprouvé une profonde colère et un sentiment d’incompréhension.

Tristesse car il s’agit de la mort d’un homme sensible, courageux, doué, engagé dans son travail, qui laisse sa famille et ses amis dans la douleur.

Colère et incompréhension parce que je relève que son administration, qui plus est l’administration en charge même des problèmes de souffrance au travail, semble s’être montrée négligente. Je relève que tant individuellement pour les cas de vos collègues Romain et Luc que collectivement, pour vous-mêmes, contrôleurs et inspecteurs du travail, il n’y a pas eu de réponses à la mesure de la gravité de la situation.

J’ai lu qu’elle avait mis en place une cellule de soutien psychologique auprès des collègues de Romain et qu’elle avait engagé une enquête pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Ces mesures nécessaires peuvent paraître un peu dérisoires. Tout se passe comme si l’on n’apprenait rien. A France-Telecom, il y a deux ans, on a procédé sensiblement de la même manière. Cela est d’autant plus révoltant que le problème de la souffrance psychologique au travail n’est pas un sujet nouveau.

Je mesure les tensions que peut vivre un inspecteur du travail pris entre des exigences contradictoires dans des rapports interpersonnels directs ou frontaux : protection des salariés dans leur ensemble et non pas du salarié qu’il peut voir en face de lui, respect du droit du travail, responsables d’entreprises certaines fois précarisés, formalisme pesant, procédures « qualité », RGPP, gestion de l’activité sur indicateurs et observations désobligeantes si le « chiffre » n’y est pas. Le tout pouvant friser la mise en échec organisée et s’apparentant à une véritable perte de sens.

Je ne connais bien sûr pas tout de votre métier et des conditions des suicides de vos camarades  mais je crois en comprendre une partie. Je mesure vos mots : « notre colère et notre écœurement sont immenses ». De tels propos employés dans un communiqué de presse intersyndical ne sont pas employés à la légère. Je reconnais vos revendications et permettez-moi de m’y associer.

Je vous prie de recevoir, Mesdames, Messieurs les inspecteurs et contrôleurs du travail, l’assurance de mes respectueuses salutations. »

Barbara Romagnan

Conseillère générale du Doubs
Candidate PS aux élections législatives
1ère circonscription du Doubs