Sylvia PinelA plusieurs reprises ces derniers mois, mon attention a été attirée sur les dysfonctionnements pénalisants liés au statut d’auto-entrepreneur. Sylvia Pinel, ministre déléguée chargée de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, a lancé l’automne dernier un travail d’état des lieux et de réflexion. Les conclusions de cet état des lieux ont été présentées récemment, de même que les mesures que le Gouvernement entend prendre pour réformer ce statut.

En effet, le régime de l’auto-entrepreneuriat, créé par la loi de modernisation de l’économie (LME) d’août 2008, visait à faciliter la création d’entreprise par un dispositif simple qui permettait de s’affranchir des dispositions administratives qui pourraient constituer des freins. L’idée était bonne à la base : simplifier les démarches pour créer son entreprise et permettre aux gens aux revenus modestes d’avoir un petit complément de revenu.

Cependant, plusieurs dérives ont été pointées par les acteurs économiques depuis la création de ce régime : sous-déclaration du chiffre d’affaires, salariat déguisé ou encore concurrence déloyale dans certains secteurs comme la construction ou les services à la personne.

L’état des lieux a permis de recenser à ce jour 895 000 auto-entrepreneurs, utilisant ce statut à 40-45 % de façon secondaire et à 55-60 % pour créer une entreprise à titre principal. Toutefois, ce régime n’a que très faiblement permis de créer des entreprises ayant un potentiel de croissance : la moitié des auto-entreprises n’a aucun chiffre d’affaire et 90 % peinent à dégager un revenu égal au SMIC.

Dès lors, le Gouvernement, que je soutiens pleinement dans cette démarche, souhaite conserver le régime de l’auto-entrepreneur en le clarifiant et en l’encadrement mieux.

Ainsi, il est envisagé de maintenir le régime en l’état dans le cadre d’une activité exercée à titre complémentaire, afin que celles et ceux qui l’utilisent conservent leur complément de revenu.

Par ailleurs, le statut d’auto-entrepreneur doit rester un tremplin pour glisser ensuite vers les statuts classiques, avec un dispositif de transition aménagé. C’est pour cela que des mesures seront prises pour lutter contre la distorsion de concurrence dans un esprit de justice, notamment en limitant dans le temps le statut d’auto-entrepreneur exercé à titre principal et en mettant en œuvre des contrôle a priori pour les qualifications et les obligations d’assurance.

La transition vers les statuts classiques sera une priorité en renforçant considérablement l’accompagnement qui fait tant défaut aujourd’hui car devenir entrepreneur ne s’improvise pas.

Enfin, il est indispensable de lutter contre la précarité que peut, bien souvent, engendrer le statut d’auto-entrepreneur. Ce régime n’offre pas la perspective d’une retraite à taux plein et reste peu sécurisé.

Ces éléments vont dans le bon sens et doivent permettre de mieux encadrer ce statut qui ne doit pas être un « sous-contrat de travail déguisé » ni une concurrence déloyale envers les artisans.