Archives pour décembre, 2013
Projet de loi « égalité femmes-hommes » : les amendements que je défendrai
11/12/13
Courant janvier, l’assemblée nationale examinera le texte de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes présenté en juillet dernier par la Ministre des droits des femmes, Mme Najat Vallaud-Belkacem. En tant que co-rapporteure pour la délégation aux droits des femmes et que responsable pour la commission des affaires sociales et de la Délégation aux droits des femmes, je me suis impliquée sur ce texte de loi, en particulier sur les volets égalité professionnelle et précarité, qui correspondent aux titres I et II de la loi. A la faveur des auditions auxquelles j’ai assisté, ou que j’ai organisées et co-organisées avec mes collègues depuis juin et jusqu’à récemment, nous avons affiné nos connaissances et tenté de répondre aux questions qui se posaient à nous.
Après la lecture et le vote au Sénat en septembre, l’Assemblée nationale se saisit donc du texte et les députés s’apprêtent à déposer des amendements. Le texte présente de nombreuses qualités et notamment celle de faire exister un débat large et ouvert sur la question. Il adopte également, pour la première fois, une approche transversale comme l’indique l’article premier. En d’autres termes, il porte l’idée que les violences, la précarité, les inégalités dans la vie personnelle et professionnelle ainsi que l’exclusion des lieux de pouvoir sont étroitement liés, et qu’il est donc nécessaire pour en venir à bout de développer une action politique simultanée et cohérente.
Dans le cadre de ce travail parlementaire, il m’a semblé que notre travail d’amendement pouvait se concentrer sur les axes suivants afin de compléter le texte. D’une part, les femmes dans leur travail sont assez régulièrement envisagées comme des personnes ayant des difficultés à concilier leur vie professionnelle et familiale. C’est en effet une dimension essentielle, et nombre de mesures du texte répondent de manière pragmatique à cet aspect, mais toutes les femmes n’ont pas d’enfants et qu’elles en aient ou pas, les discriminations ou les difficultés auxquelles elles ont à faire face au travail ou dans l’accès au travail, ne s’y limitent pas nécessairement. Il m’a donc paru intéressant de travailler sur les questions d’inégalités entre les hommes et les femmes dans le travail ou l’accès à l’emploi en termes de temps partiel, et de lutter contre les inégalités salariales que l’on évalue à près de 30 %, 30 ans pourtant après la loi Roudy sur l’égalité professionnelle.
L’objectif des amendements est d’une part de faire progresser la situation des femmes dans le milieu professionnel au sein duquel elles évoluent, en renchérissant des formes d’emploi qu’elles subissent, en revalorisant ceux qu’elles exercent le plus souvent et en donnant les moyens de lutter contre la discrimination salariale dont elles sont les victimes. D’autre part, il s’agit de reconnaître les hommes en tant que pères, parce que cela me parait juste, souhaitable pour les enfants et que cela est susceptible également de libérer les femmes, quand elles sont mères, de ce qui est parfois le poids de la maternité, – tant sur un plan matériel que psychologique. Ce projet de loi est donc l’occasion de montrer que l’implication dans le travail, dans l’éducation des enfants ou dans les tâches domestiques ne dépend pas du sexe des personnes mais bien de constructions sociales liées à notre éducation.
Le travail d’amendement : accompagner, prolonger, compléter le texte de loi
Surcotisation sur les temps partiels
De ce point de vue, il me semble nécessaire que la loi édicte clairement que cette forme de travail, occupée à 82% par des femmes, n’est pas souhaitable, car elle est la plupart du temps subie et, lorsque ce n’est pas le cas, si elle est recherchée par les femmes, c’est souvent en raison d’une répartition inégale des tâches familiales et domestiques. Par ailleurs, le temps partiel, bien qu’il ait semblé un temps être synonyme d’autonomie et d’accès au marché du travail pour les femmes, est essentiellement facteur de précarité du fait des faibles revenus générés. En termes de retraites, il s’avère désastreux tant pour la validation de carrières complètes que pour les montant de pensions au moment de la liquidation des droits.
Renforcement du Rapport de Situation Comparée
Cet outil décisif, à destination entre autres des partenaires sociaux, permet notamment d’évaluer les différences de situations entre les hommes et les femmes au sein de l’entreprise. Or, tel qu’il est réalisé actuellement, le RSC masque certaines inégalités entre les femmes et les hommes. Le RSC devrait au contraire pouvoir mettre en lumière des situations d’inégalités qui n’apparaissent pas clairement de prime abord. Par exemple, l’égalité salariale peut sembler acquise alors même que les femmes dans l’entreprise n’atteignent tel niveau de rémunération qu’à 45 ans contre 35 ans pour les hommes d’une même catégorie. Durant les auditions et au travers des contributions que nous avons reçues a été soulevée la nécessité de former spécifiquement les représentants du personnel à la lecture des données sexuées, existantes ou à instituer, afin de permettre leur publicité effective au sein de l’entreprise.
Travailleurs détachés : un accord et de vraies avancées qu’il nous faut maintenant poursuivre
10/12/13
Un Monde d’Avance salue le volontarisme du gouvernement français qui a permis d’aboutir hier à un accord pour mieux encadrer la directive de 1996 sur la question des travailleurs détachés, jusqu’alors source de dumping social.
Aux côtés de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Italie et après le revirement de la Pologne, la France a ainsi pu obtenir le durcissement des règles normatives en matière de détachement des travailleurs. Désormais, chaque Etat aura le droit de fixer la liste des documents exigibles auprès des entreprises pour contrer plus efficacement les abus. Un principe de “responsabilité conjointe et solidaire” visant à pouvoir mettre en cause les entreprises donneuses d’ordre dans le secteur du BTP a également été rendu obligatoire.
Ces deux conquêtes majeures constituent de réelles avancées sociales en Europe.
Un Monde d’Avance appelle désormais les institutions européennes à poursuivre dans cette voie en continuant à améliorer les termes du texte. La responsabilité conjointe et solidaire doit dépasser le seul secteur du BTP.
Plus globalement, le dumping social et salarial qui sévit en Europe nécessite la mobilisation immédiate des pouvoirs publics en faveur d’une harmonisation sociale par le haut, à commencer par la mise en place d’un salaire minimum dans l’ensemble des États membre et l’obligation de respect par les entreprises étrangères des droits fiscaux et sociaux des pays au sein desquels s’effectue le travail.
Alors même que le camp des progressiste reste minoritaire en Europe, l’action du gouvernement français en particulier et de la gauche européenne en général a permis de modifier le rapport de force en faveur des travailleurs européens. Les avancées sociales arrachées hier aux libéraux doivent désormais en appeler de nouvelles et inspirer notamment les futures campagnes du PSE.
Un Monde d’Avance accorde son soutien total à la proposition de loi déposée à l’Assemblée Nationale par les députés socialistes qui permettra notamment la mise en œuvre de l’accord en France dans les meilleurs délais.
Flash info - Semaine du 2 décembre 2013
9/12/13
Innovation - Lundi 2 décembre Arnaud Montebourg, Fleur Pellerin et Anne Lauvergeon ont lancé le Concours mondial #Innovation2030 en présence de François Hollande. Objectif : faire émerger les talents et les accompagner dans leur croissance, en France. >> En savoir plus
Travailleurs détachés - Le contournement des règles pour les travailleurs détachés s’accroît en France ainsi que dans tous les Etats européens. Ces abus constituent une menace pour le tissu social et économique français tout en précarisant les salariés. Le Gouvernement prend à bras le corps ce dossier et engage la bataille. >> En savoir plus
Pension alimentaire - Inscrite dans la future loi sur l’égalité femmes-hommes, la garantie contre les impayés de pensions alimentaires va être expérimentée dans plusieurs départements. Cette action participe de la lutte contre la pauvreté et du soutien aux mères isolées. >> En savoir plus
Formation des enseignants - Les 24 membres du comité de suivi de la réforme de la formation des enseignants, installé vendredi 29 novembre par Vincent Peillon et Geneviève Fioraso, aura pour mission principale d’accompagner et suivre la mise en place des ESPE. >> En savoir plus
Handicap - La journée internationale des personnes handicapées a porté en 2013 sur le thème « Une École inclusive : des activités pour tous ». Cette journée du 3 décembre a un double objectif : d’une part, présenter des actions qui concourent à rendre les écoles, collèges, lycées encore plus inclusifs ; d’autre part, sensibiliser la communauté éducative pour mieux faire connaître la question du handicap, instaurer le dialogue parmi les élèves et les équipes pédagogiques et accompagner la prise de conscience autour des enjeux de la scolarisation des jeunes en situation de handicap. >> En savoir plus
Prime de Noël - Le Gouvernement a décidé de reconduire le versement de la « prime de Noël » pour les allocataires du RSA socle et du RSA socle majoré mais aussi aux bénéficiaires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), de l’allocation équivalent retraite (AER) et de l’allocation transitoire de solidarité (ATS). >> En savoir plus
Education nationale - Vincent Peillon a réuni vendredi 6 décembre un Conseil supérieur de l’éducation exceptionnel, pour exposer aux représentants de la communauté éducative ses orientations pour les nouveaux programmes scolaires, de la maternelle au collège, dont la mise en place commencera à la rentrée 2015. Le ministre a demandé au nouveau Conseil supérieur des programmes, installé début octobre, de lui remettre des propositions pour la maternelle et les apprentissages des trois cycles d’enseignement devant mener à la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. >> En savoir plus
Agenda - Semaine du 2 décembre 2013
9/12/13
Lundi 2 décembre
visite à la caserne des sapeurs pompiers de Besançon Centre - France Bleu Besançon : invitée du Forum des auditeurs - auditions locales d’organisations sur le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt - séance dans l’hémicycle : lecture définitive du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014
Mardi 3 décembre
question orale sans débat au ministre du Travail sur l’amiante - réunion du groupe socialiste - déjeuner avec l’ambassadeur du Venezuela - réunion des commissaires socialistes aux affaires sociales - délégation aux droits des femmes - séance des question d’actualité au Gouvernement - commission des affaires sociales : audition dans le cadre du projet de loi pour l’égalité femmes-hommes - vote par scrutin public sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 et sur le projet de loi de programmation militaire - « Mardi de l’avenir » sur la transition énergétique, organisé par Claude Bartolone
Mercredi 4 décembre
commission des affaires sociales - audition du Medef sur le projet de loi pour l’égalité femmes-hommes - réunion du groupe socialiste, audition de Stéphane Le Foll sur le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt - groupe de travail sur l’égalité professionnelle - séance des questions d’actualité au Gouvernement - vote par scrutin public sur la proposition de loi luttant contre le système prostitutionnel - rencontre avec Vincent Peillon lors de la commission nationale Education du Parti socialiste
Jeudi 5 décembre
séance dans l’hémicycle : propositions de loi de l’UMP sur le libre choix des maires pour l’application de la réforme des rythmes scolaires dans les écoles, sur l’ouverture des commerces la nuit et sur la lutte contre l’ambroisie
Vendredi 6 décembre
différents rendez-vous à ma permanence parlementaire - rendez-vous avec le président et le directeur de la Cress (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) - rencontre avec la direction du SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation)
Samedi 7 décembre
inauguration de la permanence de campagne de Jean-Louis Fousseret avec les militants PS, PC, EELV et société civile
Dimanche 8 décembre
fête de l’hiver à la maison de quartier de Rosemont Saint-Ferjeux
Après Varsovie, la déception et l’avenir du réchauffement climatique : la France au centre du jeu
6/12/13
Il y a quelques jours s’achevait la Conférence des Parties sur le Climat à Varsovie (COP19). Cette conférence internationale était sensée marquer une étape décisive dans l’écriture progressive d’un accord international sur le climat, dont la signature est prévue pour 2015 en France et qui aura vocation à remplacer le protocole de Kyoto d’ici 2020. C’est pourtant un sentiment d’échec qui se dégage de Varsovie, alors que les pays devaient se montrer ambitieux et s’engager à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2050.
Si les pays industrialisés se sont engagés à augmenter leurs versements aux fonds d’aides aux pays en développement et à faire preuve de transparence quant à leur provenance, c’est bien un texte a minima qui ressort de ce sommet, remplaçant tout principe de contrainte par des « contributions », sans objectif chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Je ne doute pourtant pas de l’implication de la délégation française, et je sais que les parlementaires font de même. Mes collègues de la Commission développement durable de l’Assemblée recevaient d’ailleurs mardi dernier Lord Jey qui exposait les avancées de l’action de Globe International pour faire adopter dans tous les pays des mesures environnementales. Je ne peux que souhaiter que l’on ait bien pris collectivement la mesure des enjeux environnementaux, sociaux et démocratiques du réchauffement climatique.
L’enjeu climatique, un défi environnemental, social et démocratique
Enjeu climatique en effet, car le dernier rapport du GIEC, Groupement Intergouvernemental de scientifiques sur le Climat, évoque une hypothèse d’augmentation des températures terrestres de 4°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Ceci alors même que intensité carbone des différentes économies n’a pas faibli, bien au contraire, la Chine dépassait finalement en 2006, contre 2030 selon les premières prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie, le niveau d’émissions des USA.
L’enjeu est également social, car l’on sait qui sont les premiers touchés par les événements climatiques meurtriers, à savoir les pays pauvres ou en voie de développement, ceux-là même qui aimeraient voir les anciens pays industrialisés comme l’Europe assumer leur responsabilité dans les niveaux d’émissions passés et actuels. Le récent typhon aux Philippines aura été suffisamment rappelé pendant la conférence. Social également, car ces même émissions ne sortent pas de nulle part, mais d’un modèle économique capitaliste particulièrement inégal que l’on peut encore qualifier de « productiviste », basé sur le libre-échange, théorisant la délocalisation des productions, et donc des pollutions et de l’exploitation humaine à l’autre bout du monde.
PISA : une étude qui nous engage à poursuivre la refondation de l’Ecole
5/12/13
Depuis ce début de semaine, une étude comparative PISA sur notre système éducatif fait grand bruit. Pourtant, elle constitue à la fois constat d’échec de la droite en confirmant les constats éducatifs posés depuis des années, mais également une motivation supplémentaire pour engager la seconde phase d’une réforme éducative dont l’urgente nécessité se trouve malheureusement démontrée.
Le poids des déterminismes sociaux dans les résultats scolaires n’a fait que s’aggraver en 10 ans. L’étude souligne que les inégalités se sont accrues entre 2003 et 2012. Qui oserait donc en rejeter la faute sur l’actuel gouvernement ? Ce n’est que le bilan malheureux de deux quinquennats de droite qui ont supprimé les IUFM, estimant inutile de former les enseignants, qui ont raccourci la semaine de cours pour les élèves en augmentant plus que de raison le nombre d’heure dans une même journée, qui ont consacré l’élitisme de leur politique éducative en supprimant la carte scolaire, piétinant la mixité sociale et laissant de côté les élèves les plus en difficultés. Bilan, les inégalités sociales ne sont pas corrigées par la réussite scolaire, bien au contraire quand on connaît le poids que l’on accord en France au diplôme dans la recherche d’un emploi. Les inégalités se creusent donc dès l’enfance.
Notre vision de la politique éducative se trouve donc confirmée. Elle montre que les systèmes les plus égalitaires, qui luttent le mieux contre les déterminismes sociaux et contre les écarts de niveau scolaires, sont souvent aussi les plus performants. Voilà ce vers quoi notre politique éducative doit tendre.
- Permettre à tous les élèves d’acquérir la même richesse de vocabulaire par une pédagogie différenciée, ce qui constitue la base de la lecture, la compréhension, mais également des capacités des enfants et futurs adultes à imaginer, à créer, à innover ;
- Supprimer les devoirs à la maison, source d’inégalités entre les enfants qui peuvent être aidés par leurs parents, et ceux qui ne le sont pas ;
- Favoriser la prise en charge publique des très jeunes enfants pour permettre aux parents, souvent aux jeunes mères, de reprendre un travail et de ne pas avoir à chercher de solution de garde privée, payante, et donc profondément inégalitaire ;
- Prendre enfin en considération l’intérêt des enfants et leurs rythmes chronobiologiques en refondant les rythmes scolaires.
Lutte contre le système prostitutionnel
5/12/13
Ce mercredi 4 décembre, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi visant à lutter contre le système prostitutionnel, déposée par Catherine Coutelle et Maud Olivier. Je voudrais revenir sur le sens de ce vote, ainsi que sur le texte lui-même et le débat qu’il a permis d’ouvrir.
Ce texte me semble comporter des avancées notables pour les personnes prostituées, tant pour leurs droits que pour son ambition de faire évoluer les mentalités et les pratiques. Tout d’abord, un article a été créé pour reconnaitre leur vulnérabilité face aux violences en général et aux violences sexuelles en particulier, afin que les peines en cas de viols puissent être aggravées. Un autre aspect fondateur du texte est l’affirmation du rôle de l’Etat dans la politique de réduction des risques sexuels (lutte contre le Sida et prévention notamment). Enfin, le texte de loi permet d’instaurer une interdiction d’achat d’actes sexuels, punie d’une contravention, et d’une amende en cas de récidive.
Au-delà des mesures phares, la loi comporte pour la première fois un dispositif permettant d’aider à sortir de la prostitution : une aide financière, un hébergement, des formations, un titre de séjour renouvelable permettant de travailler, etc. En effet, lors des auditions réalisées par la Délégation aux droits des femmes notamment, beaucoup d’associations ont fait part des difficultés des personnes prostituées à se maintenir durablement hors de la prostitution, du fait notamment d’un manque d’aide à la réinsertion. Un des mérites de cette loi est donc d’envisager le parcours réel vécu par les personnes souhaitant sortir de la prostitution, en ne s’appuyant pas seulement sur leur volonté et le travail des associations. Nul doute cependant que ces dispositifs ont vocation à être complétés et approfondis et renforcés.
Il me semble important également de rappeler l’esprit de cette loi. Il s’agit d’affirmer que l’achat d’actes sexuels met le corps humain au rang de bien marchand, et par là même le dégrade. La très grande difficulté du débat a notamment été de répondre aux arguments des syndicats et des personnes prostituées qui invoquent le droit à disposer de soi comme justification de la prostitution. Face à cela, il convient de considérer la situation des personnes prostituées en France.
Abolir la prostitution : discours de Najat Vallaud-Belkacem à l’Assemblée nationale
3/12/13
Alors que ce mercredi aura lieu le vote solennel sur la proposition de loi visant à lutter contre le système prostitutionnel, à laquelle j’apporterai ma voix, je tiens à vous faire partager ici le discours de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, porte-parole du Gouvernement, en ouverture de l’examen du texte le 29 novembre à l’Assemblée nationale.
Abolition de la prostitution : discours de… par Najat-Belkacem
Monsieur le Président,
Monsieur le Président de la Commission spéciale,
Madame la Rapporteure,
Mesdames et messieurs les Députés,
Avant qu’un client puisse acheter une prestation sexuelle, quelque part dans l’une de nos rues ou à la lisière de nos bois, il y a des femmes et parfois des hommes qui sont vendus et achetés, échangés, séquestrés, violés et torturés, trompés, rackettés, spoliés, soumis aux pires aux chantages ainsi que leurs familles et leurs enfants, exportés et importés comme n’importe quelle marchandise, animal ou denrée périssable.
Ensuite, seulement, leur vie de prostitués peut commencer : n’oublions pas, n’oubliez pas avant de les considérer comme des prostituées, qui sont ces êtres humains.
Et si vous manquiez de force pour imaginer ces derniers, pensez seulement à ces jeunes femmes africaines dont le réseau de proxénétisme nigérian a été démantelé hier soir en Espagne, des jeunes femmes dont les enfants de 3 ans avaient été séquestrés attachés aux pieds d’un lit depuis plus de 2 ans, pour obliger leurs mères à se prostituer, d’abord vendue au Maroc avant d’être exploitées en Europe, en France.
Pourquoi tant de violence ? Précisément parce que si la prostitution pouvait être exercée sans répugnance et sans souffrance, il serait moins nécessaire d’utiliser de tels moyens.
Que les visages, les corps, et les destins de ces victimes à jamais abîmées ne vous quittent pas : elles sont l’essentiel de la prostitution aujourd’hui, elles sont l’essentiel du système prostitutionnel.
Un système qui brasse 40 milliards de dollars chaque année, qui enrichit d’abord ceux qui vivent de la traite, du crime, du trafic de drogue.
Un système qui n’existerait pas, si à l’autre bout de la chaine, il n’y avait pas quelqu’un pour accepter et pour payer.
Pourquoi payer le corps d’une femme ? J’entends les arguments qui s’expriment depuis plusieurs jours de la façon la plus décomplexée. C’est d’ailleurs, ce débat, un moment de révélation pour notre société. Un moment, avec au cœur de ce débat, les travaux du Parlement. Un moment de démocratie aussi.
Pourquoi payer le corps d’une femme ? Parce que cela a toujours été comme ça, disent certains. Les femmes s’achètent, ce serait une loi cachée du monde. Il y aurait dans notre planète une loi de gravité qui ramènerait systématiquement les femmes en dessous des hommes. Quelle chose curieuse et quelle paresse que de s’arrêter là. Je n’ose croire que, parmi vous, vous qui faites les lois et qui en suivez jour après jour, mois après mois, les effets de ces lois, vous puissiez être atteints par cette idée.
Risques sanitaires liés à l’amiante : ma question orale à Michel Sapin
3/12/13
Ce mardi 3 décembre, j’ai posé une question orale à Michel Sapin, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, sur les risques sanitaires liés à l’amiante, en particulier la limite maximale de concentration des fibres par litre d’air. Un sujet important pour les travailleurs, qui concerne notamment les travaux du CHU de Besançon.
Je vous propose de retrouver ci-dessous la vidéo de mon intervention et la réponse du ministre.
Question orale sans débat - Risques sanitaires… par barbara-romagnan
Mme Barbara Romagnan. Monsieur le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, comme vous me l’avez rappelé dans un courrier récent, les avis scientifiques de 2009 concernant la toxicité de certaines fibres d’amiante qui, jusque-là, étaient invisibles, montraient que la valeur limite d’exposition professionnelle de cent fibres par litre d’air actuellement en vigueur était insuffisante, et qu’il convenait de la limiter à dix fibres par litre.
J’ai bien noté la campagne expérimentale mise en place à partir de 2009 par les services du ministère du travail, permettant de rendre visibles ces fibres, ainsi que l’avis de l’Institut national de la recherche scientifique, l’INRS, faisant état de l’impossibilité d’abaisser dès maintenant la valeur limite d’exposition professionnelle à dix fibres par litre d’air.
Cela est facilement compréhensible, car il faut évidemment une période d’adaptation, à la fois pour le matériel de protection et pour les entreprises. Il faut également une période de transition pour permettre de collecter des données à disposition des entreprises afin qu’elles ajustent leur évaluation des risques. Ainsi, le décret du 4 mai 2012 prévoit une période transitoire de trois ans. Pourtant, il me semble que ces protocoles et ces périodes transitoires ne règlent pas la question du risque pour la santé des personnels qui travaillent au retrait de l’amiante, risque sanitaire dont la connaissance remonte maintenant à 2009 et a été confirmée depuis.
Je souhaite donc savoir ce qui a été entrepris pour protéger les salariés concernés. Pourquoi, par exemple, ne pas prononcer de moratoires sur les chantiers qui présentent un danger sanitaire, moratoires que le parti socialiste avait appelés de ses vœux en 2011 ? D’autres questions s’ajoutent à mon sens à celle des moratoires : d’une part, pourquoi la nouvelle réglementation amiante du 4 mai 2012, à laquelle je faisais référence, ne prévoit-elle plus des mesures de niveau d’empoussièrement ou d’exposition des travailleurs dans la zone de travail sur tous les chantiers, comme cela était le cas auparavant, mais uniquement dans certains cas limités ?
D’autre part, parmi les recommandations de l’INRS, il était conseillé de procéder à un repérage approfondi et systématique des matériaux d’amiante avant les travaux. Cette préconisation n’a pas été retenue alors qu’elle aurait sans doute permis d’éviter l’exposition de tous les travailleurs assurant la maintenance dans les bâtiments et les locaux ; j’ai notamment en tête l’exemple des salariés de maintenance du CHU de Besançon, mais d’autres salariés doivent être exposés aux poussières d’amiante sans le savoir. Je souhaite donc savoir, monsieur le ministre, ce que vous envisagez concernant la protection de ces salariés.
M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
M. Michel Sapin, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Madame la députée Romagnan, vous connaissez très bien le sujet, et vous venez de décrire dans le détail les évolutions réglementaires et les difficultés d’application dans le temps de ces évolutions réglementaires. Je répéterai donc, après vous, que l’INRS a précisé en septembre 2011 qu’en l’état actuel des techniques et des connaissances, un abaissement de la valeur limite d’exposition professionnelle à dix fibres par litre ne peut être effectif immédiatement. Certains préalables déterminants, comme les facteurs de protection assignés des appareils de protection respiratoires, ne sont pas connus de façon suffisante.
Ces avis scientifiques ont donc conduit mon ministère à prévoir, vous y avez fait allusion, une période transitoire de trois ans à compter de l’entrée en vigueur du décret, période transitoire durant laquelle la valeur limite d’exposition professionnelle est maintenue à cent fibres par litre pour permettre à l’INRS des mesures des facteurs de protection assignés des appareils de protection respiratoire aujourd’hui utilisés sur les chantiers de désamiantage. Cette opération constitue un préalable à la mise en œuvre intégrale des avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’ANSES, de 2009, et nécessite au moins vingt-quatre mois à partir du moment où les protocoles d’essai et les autorisations administratives requises pour effectuer ces essais sont disponibles.
Une deuxième mesure sera mise en œuvre pendant cette période transitoire de trois ans, permettant aux organismes chargés des prélèvements et des analyses de se former à l’élaboration de la stratégie de prélèvement sur huit heures, avec l’appui de l’INRS, et de s’approprier la nouvelle méthode en milieu professionnel.
Il s’agit en outre de permettre aux entreprises d’ajuster leur évaluation des risques suivant les situations mesurées par la nouvelle technique de mesure sur les chantiers, et de rechercher les meilleurs moyens de prévention disponibles. J’ajoute que c’est aussi le temps qu’il faut aux fabricants de matériels pour innover en matière de protection collective et individuelle.
Le Conseil d’État, saisi sur ce point, a jugé cette période de transition conforme aux obligations qui incombent aux autorités publiques chargées de la prévention des risques professionnels de prendre mesures les plus appropriées pour limiter et si possible éliminer les dangers que peuvent courir les travailleurs dans le cadre de leur activité professionnelle.
Avec le décret du 4 mai 2012, la réglementation française en matière de prévention des risques d’exposition à l’amiante est aujourd’hui, et c’est tant mieux, la plus exigeante au sein de l’Union européenne.
Enfin, au cours de la dernière période, plusieurs textes d’application ont été pris pour mettre en œuvre les mesures de prévention : la démarche de certification permet ainsi aux entreprises d’améliorer leur maîtrise technique sur le plan de la prévention des risques professionnels, d’éviter les pollutions et l’exposition du public. En outre, le dispositif de formation des travailleurs susceptibles d’être exposés à l’amiante a également été renforcé par l’arrêté du 23 février 2012. Enfin, les moyens de prévention collective et les équipements de protection individuelle ont été définis en fonction de trois niveaux d’empoussièrement par les arrêtés du 7 mars 2013 et du 8 avril 2013.
Ces mesures, madame la députée, renforcent la prévention contre les risques liés à l’amiante en matière de santé des travailleurs, mais également en matière de santé publique. Elles permettront, dans le délai de trois ans, de mettre en œuvre la nouvelle réglementation dans les meilleures conditions possibles.
Flash infos - Semaines des 18 et 25 novembre 2013
2/12/13
Territoires - Au cours du conseil des ministres du 20 novembre, le Premier ministre a présenté une communication relative à la politique du Gouvernement en faveur des communes et des territoires. >> En savoir plus
Travail illégal et détachement abusif - Au cours du conseil des ministres du 27 novembre, Le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social a présenté une communication relative au plan de lutte contre le travail illégal et le détachement abusif. >> En savoir plus
Congrès des maires - En s’exprimant devant le Congrès des maires le 19 novembre, le Premier ministre a réaffirmé aux élus sa confiance dans leur action et dans l’institution qu’ils représentent. Entouré de nombreux membres du Gouvernement, il a plaidé en faveur des communes « qui ont fait la France, et qui font (encore aujourd’hui) sa solidité et sa cohésion ». >> En savoir plus
Autonomie - Le Premier ministre a lancé les concertations préalables à l’élaboration de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, qui sera votée fin 2014. Dans la seconde partie du quinquennat, le Gouvernement ouvrira un second chantier : celui de la prise en charge en maisons de retraite. >> En savoir plus
Tarifs sociaux - 4 millions de ménages vont bénéficier automatiquement des tarifs réduits pour le gaz et l’électricité dès cet hiver. La mesure est effective à compter du 1er novembre 2013, précise le décret d’application paru ce 18 novembre 2013. >> En savoir plus
PAC 2014-2020 - Le Gouvernement fait le choix d’un rééquilibrage en faveur de l’élevage dans la répartition des 64 milliards des aides de la Pac pour la période 2014-2020. Il souhaite aussi favoriser l’emploi, notamment en aidant davantage de jeunes à s’installer. >> En savoir plus
Compte pénibilité - La création d’un compte personnel de prévention et de pénibilité permettra à tout salarié exposé à des conditions de travail pénibles d’accumuler des points à convertir en formation, en temps partiel payé temps plein ou en départ anticipé à la retraite. >> En savoir plus
Harcèlement à l’école - Vincent Peillon a présenté, le 26 novembre, un plan d’action pour agir contre le harcèlement scolaire. Près de 10 % des élèves étant concernés par le phénomène, le prévenir et le combattre est un enjeu éducatif majeur. >> En savoir plus
Préservatifs - Pour la journée mondiale de lutte contre le sida, ce 1er décembre, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé la baisse du taux de TVA sur les préservatifs de 7 % à 5,5 %.