Archives pour novembre, 2013

Une première étape à saluer dans la lutte de la France contre les délinquants fiscaux

Assemblée nationale (nuit)Mardi 5 novembre dernier, contre les voix de la droite, les députés de gauche de l’Assemblée nationale ont voté, unis, le projet de loi contre la fraude fiscale et la délinquance financière. J’en faisais partie. Un peu plus de six mois après sa présentation par le gouvernement, le projet est finalement adopté définitivement, entérinant de manière historique de nouveaux moyens pour lutter contre ces formes de pillage financier de l’Etat, dont les contribuables font in fine les frais.

En France, si l’on déduit le montant des redressements fiscaux que l’administration parvient à récupérer, ce ne sont rien de moins qu’une cinquantaine de milliards d’euros qui disparaissent chaque année des caisses de l’Etat français.

Les multinationales optimisent abusivement leurs impôts en transférant leurs bénéfices dans des pays à faire fiscalité. La faute également à une Union européenne qui se refuse à toute harmonisation fiscale, à tout impôt socle sur les sociétés européennes, qui permettrait de lutter contre le dumping fiscal.

Je tiens à saluer pour cela les travaux de mes collègues Nicolas Dupont-Aignan et Alain Bocquet pour le travail de recherche qu’ils ont mené pendant des mois, puis présenté à la commission des affaires étrangères le mois dernier.

Cette loi constitue une belle avancée. Elle permettra d’aggraver les amendes encourues par les personnes physiques en matière de corruption. Elle étend les circonstances aggravantes en matière de délits fiscaux et d’abus de biens sociaux. Elle protège efficacement les lanceurs d’alertes et crée un procureur de la République financier permettant enfin de faire sauter « le verrou de Bercy ». Le ministère de l’économie était jusque là seul à pouvoir décider de poursuite sur ces sujets. C’est finalement l’indépendance et l’efficacité de la justice qui se trouve renforcée.

Mais cette loi ne constitue qu’une première étape. Bien d’autres nous attendent pour atteindre une réelle transparence bancaire par exemple, en accélérant les échanges de données bancaires entre pays, en harmonisant la taxation des bénéfices des entreprises en Europe, en introduisant une taxation unitaire des multinationales afin d’imposer les entreprises en fonction du lieu où s’exerce réellement leur activité, et non du seul siège social.

Appel de Montpellier : limiter les risques sanitaires et écologiques des pesticides

Réunis le lundi 26 août à Montpellier, chercheurs, praticiens, militants d’ONG, élus politiques, voulons lancer un cri d’alerte concernant l’atteinte des objectifs du plan Ecophyto 2018, qui visait à la réduction de 50 % des quantités de pesticides utilisées en France à l’horizon 2018. Malgré une diminution nette des quantités vendues depuis 1998, nous constatons, à ce jour, que les ventes de pesticides ne diminuent pas depuis trois ans. Le constat est alarmant : 90 % des cours d’eau du pays connaissent, selon le Commissariat général au développement durable, une « présence généralisée » de pesticides.

Cette situation est d’autant plus condamnable que, depuis 2009, des données récentes viennent à la fois préciser les risques sanitaires encourus, certains étant désormais avérés, et montrer les mécanismes des atteintes à la biodiversité, notamment concernant les abeilles.

Dans le même temps, il apparait que là où existe une réelle volonté d’agir des partenaires et des autorités politiques, il est possible de diminuer significativement les quantités de pesticides utilisées, en agissant sur les systèmes de productions et par des méthodes substitutives biologiques.

La récente expertise collective de l’INSERM vient de montrer que les conséquences néfastes des pesticides sur la santé sont désormais reconnues par les travaux internationaux de recherche : une forte présomption d’association est désormais reconnue entre certaines substances et différentes pathologies, notamment des maladies neurodégénératives, certains cancers, comme des cancers du sang, que ce soit chez les adultes ou les enfants.

Les travaux de l’INRA ont permis de faire avancer nos connaissances sur les mécanismes de la perturbation endocrinienne comme sur la surmortalité des abeilles. Les travaux menés par les instituts de recherche agronomique en conditions tempérées (INRA), mais aussi en conditions tropicales (CIRAD), ont montré qu’un mode de gestion agro-écologique des systèmes de production agricole permettait de réduire drastiquement la quantité de pesticides utilisée, voire dans certains cas de s’en affranchir.

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