Archives pour octobre, 2013
PLF 2014 : un amendement pour la TVA à taux réduit sur le bois énergie
17/10/13
Cette semaine a lieu à l’Assemblée nationale l’examen et la discussion sur la première partie du projet de loi de finances pour 2014 (PLF 2014). En effet, ce projet de loi est à la fois fondateur et particulier. Fondateur parce qu’il constitue l’acte majeur de l’année en définissant le budget de l’État et de ses opérations pour l’année à venir. Particulier puisque sa discussion se déroule en deux partie : la première – actuellement – concerne les recettes et la seconde – dès la fin du mois – concerne les dépenses, par ministère, programme et mission. Ainsi, durant plusieurs semaines, tous les députés travaillent sur ce texte, dans toutes les commissions. Il convient d’ajouter que, parallèlement se déroule l’examen de l’important projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014.
Je souhaite mettre en avant l’un des amendements au PLF 2014 dont j’ai été à l’origine avec mon collègue Jean-Yves Caullet, concernant une proposition d’application du taux réduit de TVA pour le bois énergie utilisé par les particuliers pour leur chauffage (bois bûches, plaquettes, pellets…). Cet amendement a été co-signé par 35 autres députés PS.
En effet, dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2014, une mission de la commission des finances de l’Assemblée nationale a proposé d’élargir un certain nombre de secteurs susceptibles de bénéficier du taux réduit de TVA à 5 % au lieu de les assujettir au taux intermédiaire augmenté à 10 %. Il s’agissait, à titre d’exemple, du logement social ou des travaux de rénovation énergétique.
Par ailleurs, dans son rapport remis au Premier ministre sur l’avenir de la filière bois, Jean-Yves Caullet a proposé d’assujettir le bois de chauffage au taux réduit de TVA à 5 %.
Cette mesure poursuivrait un double objectif, social et environnemental. Objectif social car l’application du taux réduit à 5 % pour cette énergie affirme le caractère de première nécessité du chauffage pour nos concitoyens, comme cela est déjà le cas pour les abonnements relatifs aux livraisons d’électricité d’une puissance maximale inférieure ou égale à 36 kilovoltampères, d’énergie calorifique et de gaz naturel combustible. Objectif environnemental afin d’encourager dans le chauffage domestique l’usage du bois énergie, énergie renouvelable disponible dans notre pays, génératrice d’emplois locaux et qui participe pleinement à l’atteinte des engagements de notre pays en matière de développement des énergies renouvelables.
Il faut souligner également que l’abaissement du taux de TVA de 10 % à 5 % sur le bois de chauffage et les produits similaires participerait à la lutte contre le commerce illégal et le travail dissimulé sur ce marché qui y est sensible.
Au-delà de cette mesure dont nous verrons si elle sera introduite dans le volet « recettes » du PLF 2014, j’aurai l’occasion de revenir ici dans les prochaines semaines sur le budget consacré à la forêt, avec des avancées notables.
Expulsion de Léonarda et sa famille : au-delà de la loi…
16/10/13
Mercredi 9 octobre dernier, une famille du Doubs a été expulsée vers le Kosovo. Comme le rappelle le communiqué de presse de Ministère de l’Intérieur, la famille a pu effectuer tous les recours auxquels elle avait droit, conformément au droit, qu’il s’agisse de la demande d’asile ou de son réexamen ensuite. Mais j’ai été interpellée par le récit de son expulsion.
La loi a certes été respectée, mais on peut légitimement se poser la question de savoir si ce doit être notre unique préoccupation. Le fait d’avoir respecté la législation n’exonère en rien du reste, et notamment du respect de nos engagements internationaux protégeant l’intérêt supérieur de l’enfant et interdisant de recourir à tout traitement dégradant. Au-delà, cela interpelle me semble-t-il nos principes élémentaires d’humanité. D’ailleurs, si l’on souhaite s’en tenir aux règles, rien n’empêcherait à ce jour qu’une circulaire permette aux enfants menacés d’expulsion de terminer une année scolaire entamée en France, alors même que cela procède d’une très bonne démarche d’intégration. Même si elle a été appliquée très brièvement, c’était d’ailleurs le sens d’une circulaire du 31 octobre 2005 par laquelle Nicolas Sarkozy demandait au préfet de ne pas intervenir dans l’enceinte des établissements scolaires pour permettre aux enfants de terminer leur année.
Les enfants de cette famille Rom étaient scolarisés depuis près de 4 ans en France. Le dernier enfant y était né. Il s’agit donc d’un déracinement majeur. Les conditions d’interpellation de la jeune fille sont évidemment traumatisantes. Même si l’on souligne que le comité de soutien et la mère étaient consentants, quel est le degré de consentement d’un parent dont l’époux est déjà éloigné, et qui reste seul avec ses 6 enfants ? Est-ce que le départ pressait tellement qu’il faille interrompre un voyage scolaire plutôt que d’attendre au moins la fin de celui-ci ? Il faut envisager les conséquences de cette interruption des activités scolaires et sociales des enfants, qui du jour au lendemain se retrouvent soustraits à tous leurs cadres familiers. Il faut prendre conscience de la violence du retour dans un pays quitté depuis de nombreuses années, sans doute pour protéger sa famille.
Expulser des étrangers a également un coût
Depuis 2012 pourtant, il y a eu des avancées, notamment grâce à la circulaire du 28 novembre 2012 et les critères de régularisation. Le délit de solidarité a été supprimé, de même que la politique chiffrée d’expulsion en direction des préfets. Malgré tout, et le cas présent en donne l’exemple, il existe encore des situations de violence au moins morale infligée à des familles. Rien n’exigeait une expulsion dans les 24h : les enfants n’étaient pas sans parents, la séparation n’allait de toute manière pas excéder les 72 heures. Il était donc bien possible d’attendre les délais permettant de ne pas interrompre une journée de classe.
En réalité, la question de cette famille pose une nouvelle fois celle des conditions d’intégration et des incohérences de notre système : en quatre ans, les familles s’intègrent nécessairement, via la scolarité des enfants, via les emplois qu’ils occupent, via parfois leurs engagements associatifs locaux. Les flux migratoires sont inévitables, il s’agit donc de régler la seule vraie question : préfère-t-on des étrangers que l’on intègre et qui ont vocation à devenir citoyens français, ou bien des clandestins que l’on empêche de participer pleinement à la société mais qui demeurent, ou reviennent, bien souvent, lorsqu’ils sont expulsés ?
Les coûts de la politique de rétentions et d’expulsion sont conséquents : l’Etat dépense 394 millions d’euros pour les seuls centres de rétention, selon une estimation d’un rapport du Sénat ; 42 millions pour les billets d’avion, train ou bateau. Le Sénat a estimé au total à un peu plus 20 000 euros le coût d’une expulsion. Dans la mesure où la plupart du temps, les étrangers reviennent, (au péril de leur vie, le drame de Lampedusa l’a encore montré dernièrement), on peut raisonnablement estimer que cet argent n’a servi à rien. Il est perdu alors qu’il pourrait être investi dans un service public d’apprentissage de la langue par exemple.
Ces moyens absolument démesurés montrent bien que l’on est dans le dogme et non pas une politique réaliste. On peine à voir en quoi ces pratiques s’inscrivent dans les principes fondateurs de la République et de l’Union Européenne.
Exprimons notre malaise, n’oublions pas que cette enfant est Rom
Cette expulsion nous interpelle sur la politique migratoire mise en place en France et plus spécifiquement sur les règles fixées à l’égard des populations Roms. C’est pourquoi, sans nier la complexité de définir un équilibre mais en restant fidèles à notre héritage, nous appelons la France à s’interroger sur de telles situations et à en prendre toutes les conséquences. Ne nions pas plus notre malaise en tant que militant de gauche, quand aujourd’hui encore plus de 30 personnes sont expulsées chaque jour hors de nos frontières, et ce alors même que nous descendions dans la rue, à la sortie des écoles, aux côtés des militants de RESF, pour dénoncer la politique migratoire du précédent gouvernement de droite.
Dans quelques mois, le régime transitoire appliqué à la Roumanie et à la Bulgarie va prendre fin, n’est-ce pas le moment opportun pour demander lors du sommet européen de cette fin octobre à ce qu’une concertation européenne soit organisée sur la situation de la minorité « Roms » en Europe ? N’est-ce pas le moment, en parallèle, de mener cette réflexion à l’échelle nationale avec l’ensemble des personnes concernées à commencer par les Roms eux-mêmes ?
Dans cette actualité mouvementée, soumise à la dictature de l’instant, je tiens à saluer les milliers de militants, de citoyens, qui chaque jour s’indignent eux-aussi du traitement fait aux personnes en situation irrégulière, sans pour autant bénéficier d’une telle reconnaissance médiatique. Et c’est bien dommage.
Egalité professionnelle : retour sur les auditions
16/10/13
Le projet de loi relatif à l’égalité femmes-hommes a été présenté par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, le 3 juillet dernier. J’ai eu l’occasion ici de revenir à plusieurs reprises sur le contenu de ce texte :
- 21 juin 2013 – Loi sur l’égalité femmes-hommes : je serai co-rapporteure sur le volet « égalité professionnelle »
- 3 juillet 2013 – Projet de loi : l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes ses dimensions
- 3 juillet 2013 – « Les femmes sont encore trop souvent perçues comme des mères » : interview à Elle Active
- 12 juillet 2013 – Egalité femmes-hommes : la question des droits familiaux et conjugaux
- 18 septembre 2013 – Egalité femmes-hommes : large majorité au Sénat pour le projet de loi
Alors que le texte a été modifié en première lecture au Sénat et qu’il viendra en débat à l’Assemblée nationale en décembre, je souhaite aujourd’hui revenir sur les auditions locales et nationales. En effet, rapporteure au nom de la Délégation aux Droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, sur la dimension professionnelle – articulation des temps de vie et la lutte contre la précarité traités dans les titres I et II du projet de loi –, j’ai procédé à un certain nombre d’auditions à Paris, aux côtés de Catherine Coutelle, présidente de la Délégation et à Besançon avec des acteurs locaux.
Aussi, différentes pistes ont été évoquées pour enrichir ce texte ou amorcer des études approfondies dans les mois à venir, sachant que plusieurs modifications sont déjà intervenues courant septembre lors de l’examen du texte en première lecture au Sénat.
La liste n’est évidemment pas exhaustive. Elle fait état des principales propositions formulées lors des auditions et ne préfigurent en rien les amendements ou les recommandations qui seront formulées par la Délégation aux Droits des femmes.
Sur l’article 2 relatif à la réforme du CLCA (complément de libre choix d’activité) ou en complément de celui-ci, il nous a été suggéré :
- de tendre vers une indemnisation revalorisée d’un an, partagée en deux, et répartie en périodes de six mois pour chaque parent ;
- de favoriser les formations pendant ce temps de congé, voire de reconnaitre certains compétences acquises par sa/son bénéficiaire (par une forme de validation des acquis de l’expérience) ;
- de changer la terminologie du CLCA qui fait référence à un libre choix qui n’a parfois de libre que le nom (comme la Commission des Lois du Sénat l’a voté) ;
- de rendre le congé paternité obligatoire ou de fixer une interdiction légale de travail d’une semaine pour les pères à l’instar de celle qui est prévue pour les mères (article 1225-29 du code du travail) ;
- de mettre en place une protection juridique afin de prévenir les licenciements des nouveaux pères salariés pendant une durée d’un mois après la naissance de l’enfant ;
- d’autoriser les absences des futurs pères pour les examens prénataux obligatoires (c’est un droit pour les salariées au titre de l’article L 1225-16 du code du travail).
Peut-on encore s’épanouir au travail ? : réécoutez toute la conférence
15/10/13
Près de 250 personnes ont fait le déplacement ce lundi soir au théâtre de l’Espace - Planoise, à Besançon, pour assister à la conférence « Peut-on encore s’épanouir au travail ? » que j’organisais avec la participation de Sophie Prunier-Poulmaire, ergonome et psychologue du travail et de Danièle Linhart, sociologue du travail. Je tiens à remercier les intervenantes pour leur participation, le public venu en nombre ainsi que les équipes du théâtre et les bénévoles qui ont permis la réussite de cette soirée.
Comme je l’ai déjà fait à plusieurs reprises lorsque j’étais conseillère générale et récemment encore, le 30 janvier, en tant que députée, je souhaite organiser régulièrement ce type de conférence, des moments de rencontre avec des intellectuels, des chercheurs qui ont généralement une actualité dans leurs travaux et publications. L’idée n’est pas d’être impérativement dans le feu de l’actualité, mais au contraire d’être dans la réflexion, le temps long, la profondeur des enjeux et des problématiques en se mettant un peu à distance.
Prévue il y a déjà plusieurs mois, cette conférence autour de l’épanouissement au travail trouve un prolongement dans l’actualité (le débat sur le travail le soir et le dimanche) et dans le travail parlementaire (système de retraite, égalité professionnelle…).
Au moment où le Gouvernement est engagé dans la bataille pour l’emploi et s’efforce de faire face à ces disparités, j’ai donc souhaité réfléchir sur la place du travail dans nos vies et notre société pour envisager à quelles conditions (d’organisation, d’autonomie, de rémunération, de temps) le travail peut être source d’épanouissement, de plaisir et de bonheur.
Je vous propose donc de réécouter l’intégralité des interventions de cette conférence :
Agenda - Semaine du 7 octobre 2013
15/10/13
Lundi 7 octobre
travail à ma permanence parlementaire - visite de la maison d’arrêt de Besançon avec Eric Alauzet - séance publique à l’Assemblée nationale : examen du projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraite
Mardi 8 octobre
réunion du groupe socialiste à l’Assemblée nationale - réunion des commissaires socialistes aux affaires sociales - séance des questions d’actualité au Gouvernement - séance publique à l’Assemblée nationale : examen du projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraite
Mercredi 9 octobre
commission des affaires sociales - réunion du groupe socialiste à l’Assemblée nationale - commission des affaires sociales - séance des questions d’actualité au Gouvernement - séance publique à l’Assemblée nationale : examen du projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraite - Mercredi de la gauche durable : « L’égalité n’attendra pas la croissance », avec Dominique Méda, Thomas Piketty et Jean-Claude Guillebaud - séance publique à l’Assemblée nationale : examen du projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraite
Jeudi 10 octobre
commission des affaires sociales - rencontre du collectif « Les retraites, une affaire de jeunes » - séance publique à l’Assemblée nationale : examen du projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraite
Vendredi 11 octobre
séance publique à l’Assemblée nationale : examen du projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraite
Samedi 12 octobre
inauguration de la mairie de Serre-les-Sapins - fête du timbre à Champvans-les-Moulins - vernissage de l’exposition « Création passion » à Pouilley-les-Vignes
Flash infos - Semaine du 7 octobre 2013
15/10/13
Panthéon - Le Président de la République s’est vu remettre des mains de Philippe Bélaval, le rapport « Pour faire entrer le peuple au Panthéon », contenant des propositions dont celle de faire entrer des femmes du XXe siècle. >> En savoir plus
Justice - La garde des sceaux, ministre de la justice, a présenté un projet de loi relatif à la prévention de la récidive et à l’individualisation des peines. Le projet de loi a pour objectif d’améliorer la sécurité des français et de diminuer le nombre des victimes, tout en garantissant la réinsertion des personnes condamnées. Inspiré des conclusions de la conférence de consensus organisée par le Gouvernement en février 2013, le projet de loi a pour objectif d’améliorer l’efficacité des peines. >> En savoir plus
Gaz de schiste - Le Conseil constitutionnel confirme sans réserve la validité de la loi du 13 juillet 2011 instaurant l’interdiction de la fracturation hydraulique pour la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures. >> En savoir plus
Egalité professionnelle - La première semaine de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes a lieu du 14 au 20 octobre. >> En savoir plus
Egalité des territoires - La politique en faveur de l’égalité des territoires se fonde sur deux objectifs prioritaires : « assurer l’accès aux services publics » à l’ensemble des citoyens et « développer les capacités de toutes et tous, quel que soit la position dans l’espace physique et social », a rappelé la ministre de l’Egalité des territoires et du Logement. >> En savoir plus
A Besançon, la prison expliquée aux députés - L’Est Républicain
14/10/13

Elle ne comprend pas, Barbara Romagnan. Elle s’est séparée de son sac, a vidé ses poches, envisage d’ôter sa ceinture, rien n’y fait. Le portique de sécurité de la maison d’arrêt de Besançon ne cesse de se déclencher à tout va. La surveillante lui conseille d’enlever ses chaussures. Enfin, l’engin se calme. La première découverte de la députée (PS) du Doubs, qui exerce son droit parlementaire de visite d’un lieu de privation de liberté, aura été le sexisme du détecteur électronique. L’armature des bottines féminines lui est insupportable tandis qu’il se fait indulgent envers les godillots masculins.
C’est la seconde fois depuis leur élection que l’élue et son collègue (EELV) Eric Alauzet viennent dans l’institution qu’au dehors on surnomme « La Butte ». Ils s’y sont déjà entretenus avec la directrice, Céline Jusselme, mais n’ont jamais parcouru les lieux. C’est leur grand jour. Lors du dernier conseil des ministres, Christiane Taubira a présenté son projet de loi sur la prévention de la récidive et l’individualisation des peines. L’examen du texte à l’Assemblée ne viendra qu’en avril 2014. Il faudra d’ici là que nombre de députés maîtrisent le sujet. À regarder ceux du Doubs pénétrer, gênés, dans le bâtiment carcéral du XIXe siècle, on devine l’initiation utile.
Autour d’une tasse de café, Céline Jusselme et Amadou Camara, son adjoint, sondent les attentes de leurs hôtes afin de mieux les guider dans les méandres de l’établissement. « Où n’avons-nous pas le droit d’aller ? », s’inquiète Eric Alauzet. « Vous pouvez vous rendre partout et parler à qui vous voulez », répond la directrice, qui leur détaille le circuit proposé sur une photo aérienne. « Sauf sous les combles. Ou alors, c’est sans moi. Je n’aime pas les cadavres de pigeons. Et des autres petites bêtes… »
Les questions des parlementaires fusent, en vrac. La maison d’arrêt de Besançon se situe aux antipodes du pénitencier d’Alcatraz, mais les rapports de force entre détenus, gardiens et direction y sont une réalité. À Barbara Romagnan, curieuse de savoir comment la jeune femme de 34 ans s’impose face au personnel majoritairement masculin, blanchi sous le harnais, Céline Jusselme dit que ce n’est pas forcément de tout repos, que « certains ont tendance à se considérer comme les chefs », qu’on remarque à « La Butte » une « vraie résistance qu’on ne connaît pas ailleurs » chez les surveillants. À sa prise de fonction, elle a aussi noté qu’il y avait ici davantage de détenus condamnés pour faits de violence que dans ses précédentes affectations. Ceci explique cela, peut-être.
Etrangers : refusons une justice d’exception - Tribune dans Libération
13/10/13
Le lieu où la justice est rendue n’est pas anodin, surtout lorsque cela concerne une population bien ciblée…
Pourtant, sous peu, des audiences délocalisées pourraient se tenir au bord des pistes de l’aéroport de Roissy, à proximité du centre de rétention du Mesnil-Amelot ou de la ZAPI (zone d’attente pour les personnes en instance).
Décidées par les gouvernements précédents, la nouvelle annexe du Tribunal de grande instance de Meaux permettra très probablement, dès lundi prochain, au juge de confirmer ou non les décisions d’éloignement du territoire français, tandis que la salle d’audience du Tribunal de grande instance de Bobigny, destinée au juge amené à se prononcer sur les maintiens en zone d’attente, ouvrira à bref délai.
A la barre, les demandeurs seront nécessairement de nationalité étrangère.
Pratique d’être jugé à la sortie de l’avion ont dit certains, dans de meilleurs conditions ont dit d’autres, toujours est-il qu’il y a là des risques d’atteinte à ce que doit être, à notre sens, une justice républicaine.
Il y a en effet, tout d’abord, un risque d’atteinte à l’indépendance et à l’impartialité des juges, ou a minima à l’apparence de l’indépendance de la justice, telle que garantie par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). En effet, le fait que les audiences se déroulent dans l’enceinte où se trouvent les bâtiments d’enfermement, que l’environnement soit un espace clos par des barrières, y compris dans la salle d’audience pour l’annexe du TGI de Meaux, peut entrainer une confusion pour l’étranger justiciable comme pour le public. A ce titre, les témoignages des étrangers jugés à Cornebarrieu dans une salle d’audience accolée au centre de rétention de Toulouse sont particulièrement révélateurs.
On peut ensuite sérieusement se demander si les garanties des droits de la défense, indispensables à l’équité du procès seront correctement respectées. Les avocats ont en effet exprimé de vives inquiétudes quant à la possibilité matérielle pour les familles d’apporter des éléments de preuves aux prétentions des étrangers. Le déplacement est onéreux (environ 20 euros par personne pour l’aller-retour depuis Paris) et la proximité avec les lieux de l’administration peut être dissuasive.
Enfin, il n’est pas certain que le principe constitutionnel de publicité des audiences soit respecté. La justice, parce qu’elle est rendue en notre nom à tous, doit être accessible. Or, il n’y a aujourd’hui, aucune signalisation de ces lieux et ceux-ci sont très mal desservis par les transports en commun (environ 2 heures depuis Paris avec 3 à 4 moyens de transports différents et dix minutes de marche environ). Dans ces conditions, la publicité des audiences, essentielle en matière de liberté individuelle, est pour le moins mise à mal et l’on a véritablement l’impression d’une justice rendue à l’abri du regard des citoyens.
C’est pourquoi, notre engagement politique en faveur de l’égalité et des valeurs républicaines nous amène aujourd’hui à demander que les audiences en matière de rétention et d’admission sur le territoire français se tiennent dans les Palais de justice.
Barbara ROMAGNAN, députée du Doubs
Pouria AMIRSHAHI, député des Français de l’étranger
Colette CAPDEVIELLE, députée des Pyrénées-Atlantiques
Fanélie CARREY-CONTE, députée de Paris
Sergio CORONADO, député des Français de l’étranger
Matthias FEKL, député du Lot-et-Garonne
Hélène FLAUTRE, députée européenne
Laurent GRANDGUILLAUME, député de la Côte d’Or
Chantal GUITTET, députée du Finistère
Jean-Yves LECONTE, sénateur représentant les Français établis hors de France
Axelle LEMAIRE, députée des Français de l’étranger
Michel POUZOL, député de l’Essonne
Denys ROBILIARD, député du Loir-et-Cher
Sophie Prunier-Poulmaire : « Veut-on travailler 7 jours sur 7 ? »
11/10/13
Interview de Sophie Prunier-Poulmaire, parue dans L’Est Républicain ce vendredi 11 octobre.
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Besançon. Sophie Prunier-Poulmaire est ergonome et maître de conférence à l’Université Paris-Ouest Nanterre-La Défense, experte auprès de l’Agence française de sécurité sanitaire, auteur de deux récents ouvrages : « Le Travail révélé » et « Le bonheur au travail, regards croisés de dessinateurs et d’experts du travail » (éditions du Cherche-Midi). Avec Danièle Linhart, sociologue du travail, spécialiste de ses mutations, des stratégies managériales et des rapports entre hommes et femmes dans l’emploi, elle participera à la conférence-débat organisée, lundi 14 octobre à 20 h, au théâtre de l’Espace Planoise, place de l’Europe à Besançon, par la députée PS du Doubs, Barbara Romagnan. Sur le thème : la place du travail dans la société et les enjeux de la parité.
Chacun a pu voir les images de la manifestation festive des employées du magasin Sephora sur les Champs-Élysées à Paris, mardi soir, protestant contre l’interdiction de travailler après 21h dont elles estiment être « victimes ». Après les polémiques sur l’ouverture de magasins de bricolage le dimanche, quelle lecture en avez-vous ?
Sephora, c’est un cas spécifique. Les questions qu’on peut se poser sont : qui sont ces salariées ? Quelle est la population dont on parle ? Sont-elles représentatives du monde du travail dans son ensemble ? Lorsqu’on observe les personnes qui se déclarent en faveur du travail dominical ou nocturne, on constate la plupart du temps qu’il s’agit de gens plutôt jeunes et que cela va de pair avec des caractéristiques individualisées : célibataires souvent, sans enfants, avec une vie privée qui n’est pas forcément contrainte par des obligations horaires.
Autrement dit, ça va leur passer ?
Cela dépend bien sûr des individus mais, en règle générale, on construit son parcours de travail tout au long de la vie selon l’âge, la situation affective, les enfants, etc. Quand on est jeune, on est immortel ! Les attentes vont ensuite évoluer, fluctuer. Il faut à chaque étape trouver le bon équilibre entre les contingences du travail et celles de la vie personnelle.
Le débat semble avoir un retentissement important…
Les événements de ces dernières semaines montrent que notre société est en phase de recherche de nouveaux rythmes : scolaires, de travail, etc. Et tout est lié. Si vous modifiez le rythme des enfants, vous avez des conséquences directes sur le rythme des parents. C’est un choix philosophique et idéologique, pas seulement économique : à quel rythme veut-on engager nos vies ? Souhaitons-nous une société du « 24 heures sur 24 » et du « 7 jours sur 7 » ? Quelle place entendons-nous réserver à l’échange approfondi en famille, aux amis ? La délimitation du champ du travail borne mécaniquement celui du hors travail.
Conférence : « Peut-on encore s’épanouir au travail ? » - Lundi 14 octobre, 20h, Théâtre de l’Espace à Besançon
11/10/13
Avec la crise, le travail revient sur le devant de la scène. Face à la montée du chômage, nous sommes incités à nous investir toujours plus dans nos activités professionnelles. Pourtant, « les attentes immenses des salariés à l’égard du travail ne sont pas satisfaites », constatent les sociologues Dominique MÉDA et Patricia VENDRAMIN dans leur étude récente en Europe (Réinventer le travail, PUF, 2013).
Aujourd’hui, pour beaucoup d’hommes et de femmes, le travail est une souffrance. Souffrance d’avoir trop de travail pour certains ou de faire un travail dégradé, qui n’a pas de sens. Sans oublier les souffrances liées aux accidents et maladies du travail.
Pour d’autres, il est en même temps souffrance tout aussi forte de l’absence de travail : le chômage, vécu comme une véritable dépossession d’identité et de dignité.
Heureusement, pour beaucoup, le travail est encore source de joie, de satisfaction et de réalisation de soi dans le cadre de l’entreprise et de la société.
Le rapport que chacun de nous entretient avec son travail est donc très variable et souvent ambivalent. Il est très différent selon les groupes sociaux, les générations, selon qu’on est une femme ou un homme. Ainsi, si le taux de chômage est de 11 % dans notre pays, il s’élève en réalité à près de 12 % pour les femmes, à plus de 25 % pour les jeunes et à plus de 50 % dans certains quartiers de nos villes ! De même, le travail à temps partiel, très souvent subi, est occupé à plus de 80 % par les femmes, avec les conséquences que l’on connait en termes de niveau de rémunération et de retraite.
Au moment où le Gouvernement est engagé dans la bataille pour l’emploi et s’efforce de faire face à ces disparités, j’ai souhaité réfléchir avec vous sur la place du travail dans nos vies et notre société pour envisager à quelles conditions (d’organisation, d’autonomie, de rémunération, de temps) le travail peut être source d’épanouissement, de plaisir et de bonheur.
Et, plus concrètement aujourd’hui, dans quelle mesure la nouvelle loi sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, discutée au Parlement, peut-elle être une opportunité pour améliorer les conditions de travail de tous.
Pour cela, je vous invite à la conférence que j’organise :
lundi 14 octobre de 20h à 22h
au théâtre de l’Espace-Planoise
Place de l’Europe à Besançon
avec la présence de deux invitées, spécialistes, engagées dans cette réflexion
- Danièle LINHART, sociologue du travail, spécialiste des mutations du travail, des stratégies managériales et des rapports entre les hommes et les femmes au travail, auteure de très nombreux ouvrages : La Modernisation des entreprises, Perte d’emploi, perte de soi, Travailler sans les autres…
- Sophie PRUNIER-POULMAIRE, ergonome et psychologue du travail, maîtresse de conférence à l’université Paris Ouest Nanterre, experte auprès de l’Agence française de sécurité sanitaire, auteure de deux récents ouvrages : Le Travail révélé, Le bonheur au travail, défis ou défaite.
Dès 19h au Théâtre de l’Espace, retrouvez l’expo :
Le travail révélé : regards de photographes et paroles d’experts