Le Gouvernement stigmatise les salariés des régimes spéciaux en leur disant qu’on ne peut pas faire grève et vouloir négocier en même temps. C’est une erreur tant politique que juridique.
Sur un plan politique, on peut dire que le droit de grève est un élément de la négociation. En effet, c’est parce qu’on a pu montrer, par une grève massive, que l’on était soutenu dans ses revendications, que l’on est en position de négocier et d’obtenir quelque chose. C’est sans doute malheureux, mais en politique, si on ne montre pas sa force, on n’obtient rien du tout. Pour s’en convaincre il suffit d’imaginer de quoi auraient l’air des négociations entre un employeur et des salariés qui n’auraient pas le droit de faire grève. Ce ne serait qu’une formalité, le patron déciderait de tout. Le droit de s’organiser en syndicats et de déclencher la grève avant de négocier sur les conditions de travail est justement ce qui permet de rééquilibrer un peu le rapport de force entre les salariés et le patron.
Sur un plan juridique, le droit de grève est reconnu dans notre Constitution et dans les Conventions internationales que la France a ratifiées. Les seules limitations à ce droit sont permises par la Constitution elle-même ou par l’Organisation Internationale du Travail. Il n’est indiqué nulle part que le droit de grève doit être suspendu quand les syndicats choisissent d’ouvrir les négociations.
Tout cela ne veut pas dire que cette grève-ci est légitime. Chacun a évidemment le droit d’en penser ce qu’il veut. Mais il faut arrêter de se laisser abuser par ces discours faux et dénigrants sur ceux qui ont choisi de se mobiliser. Quant à moi, aujourd’hui je suis en grève.
Cette après-midi, un ami sénégalais que je n’avais pas vu depuis longtemps m’a dit son indignation concernant les tests ADN et concernant "l’affaire’ de l’Arche de Zoé. Il a attiré mon attention sur des considérations dont on n’a guère fait mention.
Certes, ce n’est pas l’actualité brûlante mais il y en a pour qui le quotidien n’a pas grand-chose à voir avec ce dont parlent les journaux. Il m’a parlé de certains villages africains entièrement décimés par le sida et où les adoptions par les voisins sont courantes. Il m’a demandé si ceux qui préconisaient ces tests trouvaient plus juste que ces enfants rejoignent les rangs des enfants soldats, à moins qu’ils ne doivent être réservés à l’adoption par des Français ?
Je partage son point de vue. Par l’adoption de l’amendement Mariani, les législateurs vont, de plus, entretenir le soupçon à l’encontre des immigrés en situation régulière, alors qu’il s’agit en théorie, de lutter contre l’immigration irrégulière. Ils vont également changer l’idée de ce qu’est la France. En effet, dans l’histoire de France, la famille n’a jamais été considérée comme un groupe d’individus rassemblés sur une base uniquement biologique. On pourrait presque dire que la cellule familiale est un modèle réduit du contrat social qu’est la nation française. Une association librement consentie de personnes qui se reconnaissent entre elles. Une communauté de destins, un futur, plutôt que le passé d’attaches biologiques.