Le 5 mai, le Conseil constitutionnel de Cote d’Ivoire a proclamé le résultat de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 déclarant Alassane Ouattara vainqueur, 5 mois après l’avoir donné perdant. On ne peut que se réjouir pour les Ivoiriens que les massacres, les viols, les pillages cessent. Pour autant, cela ne doit pas nous laisser penser que tout va bien. Il s’agit d’être particulièrement vigilants.

Cela parce que la crise ivoirienne ne date pas du résultat contesté de l’élection présidentielle de novembre 2010. Il faut remonter au minimum à l’élection, déjà contestée, de Laurent Gbagbo de 2000, en lien avec le concept d’ivoirité qui établissait qu’il y avait des bons et des mauvais ivoiriens, des vraies et des faux. Suite à cela la force Licorne, c’est-à-dire la force militaire de l’ancienne puissance coloniale, s’est installée sur le territoire. Le fait qu’elle soit toujours présente doit nous interroger.

Nous devons être particulièrement vigilants également parce que pendant presque 5 mois, l’information était particulièrement partiale et univoque. Les opinions contraires ou plus nuancées n’ont absolument pas été entendues. Certes, Laurent Gbabo n’est pas fréquentable, mais l’honorabilité du camp adverse pose question. Il semble bien qu’il y ait eu des massacres des 2 côtés. Alassane Ouattara, président de tous les Ivoiriens à une tâche et une responsabilité considérable dans la réussite de la suite.

La réconciliation semble difficile en effet mais avec la réunion de certaines conditions, elle peut être possible. Mon sentiement à cet égard se trouve assez bien exprimé par la bouche de Christian Bouquet, professeur de géographie politique, qui pense qu’il est nécessaire « d’une part, que tous les acteurs politiques retrouvent le sens de la raison, notamment en faisant cesser les appels à la violence intercommunautaire dans les médias d’Etat et, d’autre part, que la haine qui s’est développée autour du couple bourreaux/victimes soit tempérée par des gestes politiques très clairs en faveur du retour dans le pays d’une justice implacable, indépendante des partis, et soucieuse de traiter toutes les exactions restées impunies au cours de la dernière décennie. »

« Vérité, justice et réconciliation », voilà sans doute le chantier fondateur de la nouvelle Côte d’Ivoire. Il ne devrait pas être au-dessus des forces des Ivoiriens, dont on n’entend pas suffisamment la majorité silencieuse, celle qui aspire à la paix et qui saura se mobiliser quand les armes se seront tues. Il ne faut pas méconnaître l’énergie sociale qui a toujours permis au pays de survivre à toutes les crises ».