Conférence de presse de François Hollande - 13 novembre 2012Lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier à l’Elysée, François Hollande est revenu sur les six premiers mois de son mandat et a tiré un premier bilan des principales mesures.

Je voudrais saluer ce bilan. En six mois, la gauche a amorcé le changement qu’elle avait promis, qu’il s’agisse de la justice, de l’éducation ou encore de la façon d’exercer le pouvoir. Les lendemains de victoires font souvent oublier contre qui l’on a gagné. Il y a six mois, nous terminions un quinquennat marqué par des manquements graves aux pratiques républicaines et par des divisions profondes des Français, éventuellement attisées par les ministres eux-mêmes. Les lendemains de victoire sont généralement marqués par les doutes, voire les inquiétudes, et ce revers est bien naturel, car l’on ne s’expose à décevoir que si l’on exerce le pouvoir. De ce point de vue-la également, l’action de François Hollande est à saluer.

En matière de politique européenne tout d’abord, le Président est parvenu à infléchir la tendance de la dernière décennie ; c’est un premier pas, trop timide peut-être mais un premier pas quand-même, vers une Europe au service de ces citoyens et non pas de ses marchés. Loin s’en faut pour que les mesures soient suffisantes, et je n’ai pas caché mon scepticisme en votant contre le TSCG, mais il s’agit d’un progrès, et tout progrès est bon à prendre.

En matière de justice sociale ensuite, le poids de l’effort fiscal s’est déplacé de manière significative, garantissant que l’impératif de réduction des déficits ne remette pas en cause les principes de solidarité et d’équité. Les six derniers mois ont été marqués par une opposition nette aux politiques conservatrices consistant à réduire les déficits au mépris des valeurs d’égalité et de partage. A l’inverse, les socialistes ont affirmé qu’il existe des dépenses impératives qui justifient l’endettement, car elles constituent un investissement décisif pour l’avenir : l’éducation, la santé, la recherche, etc.

Notre rôle de majorité consiste aussi à faire vivre le débat pour permettre la réflexion. A ce titre, les réserves qui sont parfois émises ne sont pas le signe d’une défiance, et n’ont pas pour objet de mettre en difficulté le gouvernement, mais de poser les questions clairement et de faire valoir nos différences. Lorsque certains députés interrogent la pertinence du crédit d’impôt de 20 milliards d’euros, c’est avant tout pour proposer de compléter ce dispositif et de l’assortir de critères de conditionnalité. Lorsque d’autres mettent en doute la nécessité d’atteindre 3% de déficit en 2013, c’est pour faire entendre les réalités sociales qui sont en jeu derrière les réductions de la dépense publique. Lorsque d’autres encore font connaître leur scepticisme face à la restructuration des taux de TVA, ils ne cherchent pas à mettre en défaut le gouvernement. En l’occurrence, bien que cette mesure m’inquiète car elle taxe la consommation, – c’est-à-dire les revenus des plus modestes –, je salue la baisse de 0,5 point du taux de TVA pour les produits de première nécessité, et je défends l’idée qu’elle constitue une meilleure politique que la TVA sociale initialement prévue par Nicolas Sarkozy.

D’autres lois, d’autres réformes sont à venir, elles auront notre soutien, mais aussi notre vigilance. C’est le cas pour le rapport Jospin, dont l’audition est prévue pour début décembre. Je me réjouis de l’initiative de ce rapport, et ses probables recommandations : non-cumul des mandats, introduction d’une dose de proportionnelle, création d’une commission de déontologie. Mais pour illustrer à nouveau l’idée que je me fais du rôle de la majorité, je voudrais rappeler qu’en parallèle de mon soutien à ce rapport, je m’indigne de ce que certains n’ont toujours pas démissionné de leurs mandats exécutifs, alors même qu’ils s’y étaient engagés. Et en m’indignant parce que je trouve leurs attitudes déshonorantes, je n’oublie pas qu’ils ont par ailleurs de grandes compétences, de grands talents, et que c’est ensemble que nous travaillons.

Par conséquent, émettre des doutes, ce n’est pas se désolidariser, ce n’est pas condamner, c’est tenter de porter la diversité dans le débat, et la richesse dans l’action. Il n’en reste pas moins que ces six mois écoulés constituent la manifestation effective du changement : ils ont permis de réparer les outrages infligés à la République, et d’amorcer les changements de demain, dont j’attends beaucoup, pour les avoir soutenus durant la campagne, et pour les soutenir encore aujourd’hui, et à travers eux, François Hollande, pour la politique globale qu’il mène depuis son élection.