Commémoration de la guerre d’Algérie : la reconnaissance du 19 mars 1962
Hier, le Sénat a adopté la proposition de loi relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
Plus de dix ans après son adoption par l’Assemblée nationale, cette décision achève la reconnaissance des sacrifices consentis par tous ceux qui ont perdu la vie durant la guerre d’Algérie.
Je tiens à saluer ce choix historique et symbolique très significatif qui doit servir de point d’appui pour la mémoire et l’histoire car l’oubli et le déni ne font qu’aggraver le ressentiment et la haine.
Je sais que cette question suscite le débat dans le monde des anciens combattants et dans la société. Il ne s’agit pas ici de blesser les uns ou les autres et encore moins de nier la réalité historique complexe de cette guerre douloureuse.
Le 19 mars 1962, date des Accords d’Evian instaurant le cessez-le-feu, ne marque certes pas la fin de la guerre. Des combats, des actes et des crimes tragiques ont également été commis après ces accords. Il n’en demeure pas moins qu’ils signent le tournant historique de cette guerre qui ne disait pas son nom. Il est essentiel de reconnaître la souffrance de certains, en particulier les rapatriés et les harkis, mais aussi d’assurer la transmission aux générations futures du souvenir de ces années de guerre et de leurs dizaines de milliers de victimes. Nos valeurs républicaines et humanistes doivent nous encourager à poursuivre le chemin de la réconciliation.
La guerre d’Algérie a droit à une date historique de mémoire, ce qui n’était pas le cas du 5 décembre, jour sans autre signification que l’inauguration d’un monument de commémoration par Jacques Chirac en 2002. Cette guerre longtemps restée sans nom ne devait pas rester sans fin.
Imprimer l'article | Cette entrée a été postée par Barbara Romagnan le 9 novembre 2012 à 15 h 01, et placée dans Justice, sécurité, défense. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0 Les commentaires et les pings sont fermés pour l'instant |
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about 2 years ago
Bonjour Madame,
A quelques encablures de mes 60 ans, à un âge où les souvenirs se déclinent plus aisément que les projets et après avoir épuisé mes capacités de silence je ressens le besoin d’éclairer un malentendu. En 40 ans de vie professionnelle, j’ai travaillé avec vous, milité avec vous, partagé quelques succès et quelques épreuves, communié aux mêmes valeurs, au même humanisme j’ai bu à la coupe de ce bonheur de vivre en France, de s’étonner de ses richesses, de se pénétrer des mêmes émotions, au point que j’avais fini par oublier que j’étais né sur une autre rive, de parents venus d’ailleurs et de grands-parents à l’accent impossible d’une île de la Méditerranée.
Je m’étais cru Français comme vous et j’avais cru achever ce travail de deuil commun à tous les exilés du monde. Et puis, depuis quelques mois, des maisons d’édition ont fait pleuvoir témoignages et réflexions sur la guerre d’Algérie. Les chaînes de télévision et les radios ont commenté les ouvrages et refait l’Histoire de 134 ans de présence française en Algérie.
Avec une étonnante convergence de vues, la plupart ont révélé, sur cette période, une vision singulièrement sinistre. J’ai revu l’histoire de ma patrie, l’Algérie Française, travestie ou défigurée en quelques propositions caricaturales : La présence de la France en Algérie fut de tout temps illégitime - Les Français d’Algérie ont exploité les Arabes et ont volé leurs terres - Les soldats français ont torturé des patriotes qui libéraient leur pays - Certains Français ont eu raison d’aider les fellaghas à combattre l’armée française et peuvent s’enorgueillir aujourd’hui d’avoir contribué à la libération de l’Algérie. » Alors, j’ai compris que personne ne pouvait comprendre un pays et un peuple s’il n’avait d’abord appris à l’aimer… et vous n’avez jamais aimé « notre Algérie » !
Alors, j’ai compris pourquoi vous changiez de conversation quand j’affirmais mon origine « pied noir ». Certains me disaient étonnés, mais, vous n’avez pas d’accents. J’ai compris que l’exode arménien ou l’exode juif vous avait touché mais que notre exil vous avait laissés indifférents. J’ai compris pourquoi les maquisards qui se battaient pour libérer la France envahie étaient des héros, mais pourquoi des officiers qui refusaient d’abandonner ce morceau de France et les Arabes entraînés à nos côtés, étaient traités de putschistes. J’ai compris pourquoi des mots comme « colon » avaient été vidés de leur noblesse et pourquoi, dans votre esprit et dans votre langage, la colonisation avait laissé place au colonialisme.
Même des Français de France comme vous, tués au combat, n’ont pas eu droit, dans la mémoire collective, à la même évocation que les Poilus ou les Résistants, parce qu’ils furent engagés dans une « sale guerre » ! Sans doute, même si leur sacrifice fut aussi noble et digne de mémoire, est-il plus facile de célébrer des héros vainqueurs que des soldats morts pour rien. Et là, vous décidez l’ignominie, vous choisissez la seule date qui va nous blesser. Dans un manichéisme grotesque, tout ce qui avait contribué à défendre la France était héroïque ; tout ce qui avait contribué à conserver et à défendre notre pays pour continuer à y vivre, était criminel… Vérité en deçà de la Méditerranée ; erreur au-delà ! » Vous si prolixes pour dénoncer les tortures et les exactions de l’armée française au cours des dix dernières années, vous êtes devenus amnésiques sur les massacres et les tortures infligés par les fellaghas à nos compatriotes européens et musulmans au point de vouloir faire défiler des troupes algériennes le 14 juillet 2012 mais comme cela ne s’est pas fait, vous les inviteraient certainement pour le 14 Juillet 2013 ou 2014.
Vous ne trouvez rien à dire sur l’œuvre française en Algérie pendant 130 ans. Pas un livre, pas une émission de télévision ou de radio, rien ! Les fictions même s’affligent des mêmes clichés de Français arrogants et de Musulmans opprimés. Ce qui est singulier dans le débat sur l’Algérie et sur la guerre qui a marqué la fin de la période française, c’est que ceux qui en parlent, en parlent en étrangers comme d’une terre étrangère. Disséquer le cadavre de l’Algérie leur est un exercice clinique que journalistes, commentateurs et professeurs d’université réalisent avec la froide indifférence de l’étranger Personne ne pense qu’un million de femmes et d’hommes n’ont connu et aimé que cette terre où ils sont nés.
Personne n’ose rappeler qu’ils ont été arrachés à leur véritable patrie et déportés en exil sur une terre souvent inconnue et souvent hostile… Quand certains intellectuels français se prévalent d’avoir aidé le FLN, personne ne les accuse d’avoir armé les bras des égorgeurs de Français. Cette terre vous brûle la mémoire et le cœur… ou plutôt la mauvaise conscience. Certains d’entre nous sont retournés en pèlerinage là-bas et tous ont été chaleureusement accueillis et honorés. Cela est-il possible pour des gens qui ont fait suer le burnous ? Je n’ai pas choisi de naître Français sur une terre que mes maîtres français m’ont appris à aimer comme un morceau de la France. Mais, même si » mon Algérie » n’est plus, il est trop tard, aujourd’hui, pour que cette terre me devienne étrangère et ne soit plus la terre de mes parents, ma patrie.
J’attends de vous amis français, que vous respectiez mon Histoire même si vous refusez qu’elle soit aussi votre Histoire. Je n’attends de vous aucune complaisance mais le respect d’une Histoire dans la lumière de son époque et de ses valeurs, dans la vérité de ses réalisations matérielles, intellectuelles et humaines, dans la subtilité de ses relations sociales, dans la richesse et la diversité de son œuvre et de ses cultures. J’attends que vous respectiez la mémoire de tous ceux que j’ai laissé là-bas et dont la vie fut faite de travail, d’abnégation et parfois même d’héroïsme. Souvenez vous que les troupes Françaises qui ont débarqué en Provence étaient composées à 50 % des Pieds Noirs. J’attends que vous traitiez avec une égale dignité et une égale exigence d’objectivité et de rigueur, un égal souci de vérité et de justice, l’Histoire de la France d’en deçà et d’au delà de la Méditerranée.
Alors, il me sera peut-être permis de mourir dans ce coin de France en m’y sentant aussi chez moi.. Enfin ! « .
Que Dieu nous accueille comme nous le méritons vraiment.
Mais aujourd’hui, cette haine que j’ai ressenti quand à Marseille un certain Gaston Deferre disait: Que les Pieds Noirs aillent se réadapter ailleurs. Mes souffrances d’enfant quand des blousons noirs m’ont frappé, pour le seul fait d’être de là-bas ou quand mon instituteur m’a mis au fond de la classe parce qu’il ne supportait pas mon accent.
C’est pour tout cela que j’aimerai savoir Madame, pourquoi avoir choisi la seule date qui représente pour nous l’exil qui avait pour titre « la valise ou le cercueil ». Comprenez que le 19 Mars 1962 ne représente pas pour moi Pied Noir la fin des hostilités. Mais pour nos frères Harkis et nous Pieds Noirs c’est la date de notre malheur. Et juste après, la France a perdu sont honneur, car il n’a pas été honorable d’avoir laissé se perpétrer les massacres de harkis et de Pieds Noirs alors qu’il était si facile d’empêcher ces crimes. Et après, de les avoir si mal accueillis et de les avoir mis dans des camps dans le Sud de la France. Qu’avaient-ils fait pour mériter autant de haine et de dédain. Pour nous, le fait Harki est une tache sur l’honneur de la France. Je ne sais pas si vous comprendrez ma tristesse, je ne sais même si elle vous intéresse. Mais cette décision inique va réveiller c’est sûr, de vieilles blessures et rancœurs. Depuis hier soir, je souffre et je suis en colère. Et je ne trouve la raison qui pourrait justifier que vous nous fassiez autant souffrir autant. Qu’est-ce que l’on vous a fait pour mériter autant de dédain? Pensiez vous que nous accepterions sans broncher.
Mes parents ne sont plus de ce monde, et je le regrette. Sachez que je suis heureux qu’ils n’aient pas connaissance de cette forfaiture. Du moins je l’espère, car sinon, je pense qu’ils se retourneraient dans leur tombe. Comprenez que pour les Harkis, pour nous Pieds Noirs, pour moi, pour ma famille, cette date est synonyme de malheur et cela même 50 ans après. Rien n’est oublié, rien.
Je ne me recueillerai jamais ce jours là, pour nous, ce ne sera jamais une date mémorielle. Je serai au mieux en deuil. Et dès que nous pourrons car nous le ferons, cette date sera changée. Je vous ai lu, et vous dites qu’il ne s’agit pas de blesser les uns et les autres. Madame, je dois vous le dire. C’est raté, nous Pieds Noirs, nous nous sentons une fois de plus trahi, rejeté et cocufié. Mais vous me direz que cela fait 50 ans que nous essayons de trouver notre place. Je pensais pouvoir oublier mais non, je pense que vos intentions ne sont pas aussi justes que vous voulez nous le faire croire. J’espère que mes frères harkis et mes amis Pieds Noirs se souviendront longtemps de cette journée.
Un pied-noir
about 2 years ago
Le 19 mars est une date qui met fin à la guerre d’Algérie. Il fallait le faire. La date du 5 novembre qui avait été arrêtée n’a aucune signification . Elle avait surtout un caractère politique et c’est la politique politicienne qui détruit tout. En jetant un regard sur le passé on s’aperçoit qu’après le 8 mai 1945 mettant fin à la seconde guerre mondiale d’autres soldats ont été tués ainsi que des civils. La majorité des français est favorable à ce que le 19 mars 1962 soit officialisé et c’est bien. Jean SIQUET