Politique

Lettre à Martine Aubry

Martine Aubry

Martine Aubry / © Photo Philippe Grangeaud - Solfé Communications

La publication dans la presse d’un certain nombre d’éléments d’enquête ou de contenus d’écoutes judiciaires mettant en cause Jean-Noël Guerini, président du Conseil général des Bouches du Rhône sont, s’ils sont avérés, d’une extrême gravité pour l’image et l’avenir de notre parti et de la démocratie dans notre pays. Tu as raison de rappeler qu’il « faut laisser faire la justice » et que « nous n’avons pas à anticiper ses décisions ».

Mais le « rapport de constatation » d’Arnaud Montebourg révèle également un fonctionnement, qui certes n’a « rien de répréhensible » sur le plan légal mais qui néanmoins nous interpelle car il décrit une dérive qui dépasse largement cette fédération. « La culture du chef », « le clientélisme féodal » constituent des pratiques qui s’installent peu à peu dans le quotidien de la vie de nos fédérations. Ces habitudes ne relèvent pas d’un projet prémédité ou de la volonté malfaisante de quelques grands élus, elles se mettent banalement en place au nom d’une efficacité politique à courte vue. Le résultat semble en apparence positif en terme électoral mais il est détestable et dangereux à long terme, au regard de nos valeurs et de la démocratie elle-même. La défiance généralisée envers la « classe politique », l’abstentionnisme et le développement des différentes formes du populisme nous le rappellent tous les jours.

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Quelle réforme territoriale ?

Depuis le 25 mai, se tient à l’Assemblée nationale le débat sur la réforme territoriale. Le projet de loi a déjà été adopté par le Sénat, il sera soumis au vote des députés le 8 juin. Le texte est complexe, mais les enjeux n’en sont pas moins cruciaux, c’est pourquoi cette note est un peu plus longue que les autres…

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Dès 1982, l’Etat s’est progressivement dessaisi d’un certain nombre de prérogatives au profit de collectivités territoriales et autres structures intercommunales, pensant qu’elles seraient mieux exercées plus près des citoyens et répondraient mieux aux besoins d’organisation et de gestion des territoires.

Aujourd’hui presque toutes les familles politiques reconnaissent que la nouvelle organisation pose un certain nombre de problèmes qui rend la situation peu lisible pour le citoyen : empilement des structures qui multiplie les niveaux de décision, enchevêtrement des compétences, financements croisés, insuffisance démocratique…

Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy et le Gouvernement proposent une réforme qui est loin de répondre aux interrogations. Par certains aspects, elle apparaît surtout comme une manœuvre politicienne dirigée contre les forces de gauche qui détiennent l’essentiel du pouvoir territorial. Et, loin de s’attaquer au problème de l’empilement des structures, il en rajoute de nouvelles.

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Elections régionales 2010

Ne boudons pas notre plaisir lorsque la gauche l’emporte de si belle manière pour ces élections régionales de 2010. Souvenons-nous que nous avions beaucoup à perdre car nous présidions 20 régions sur 22. Nous en sommes à 21. La Franche-Comte faisait partie des régions que la droite pensait emporter, on sait ce qu’il est advenu.

Cette victoire nous donne une responsabilité immense et ne doit pas nous endormir. L’abstention reste considérable et il y a loin du vote contre la politique gouvernementale au vote pour la gauche. 

Le niveau de l’abstention reste alarmant, car il manifeste un profond discrédit du politique. Il y a de l’abstention à droite, mais la plus forte reste celle des quartiers populaires. Ils manifestent un doute sur la capacité de la gauche à améliorer la condition des plus modestes et l’idée que la gauche ne ferait pas mieux que la droite face à la crise s’installe de plus en plus. Il nous répondre : 

  • en poursuivant le travail lancé dans les collectivités : Régions, Départements, Villes et Agglomérations
  • en faisant des propositions clairement différenciées de celles de la droite
  • en faisant des propositions crédibles – c’est-à-dire qui peuvent être concrètement mises en œuvre – défendues par toute la gauche
  • en associant à la réflexion un maximum de militants et citoyens
  • en développant des pratiques politiques et militantes plus proches des quartiers populaires, du monde du travail, et en accord avec leurs aspirations.

Il s’agit de nous donner enfin les moyens des leviers nationaux pour améliorer la vie de nos concitoyens. La victoire dans les collectivités est nécessaire et encourageante. Elle est insuffisante et nous rappelle notre responsabilité, particulièrement à l’égard des plus modestes. 

Notre objectif ne peut se contenter d'une alternance au gouvernement Sarkozy. Nous avons à construire une vraie alternative à une politique et à un mode de développement profondément injuste, violent et non durable. 

La mobilisation ne doit pas s’arrêter aux élections régionales et se réveiller un peu avant l’élection présidentielle. 

La politique ce n’est pas seulement les élections, c’est aussi les mobilisations citoyennes, les manifestations, les grèves dans le cadre de nos organisations syndicales. C’est pourquoi, il nous faut être nombreux à participer à la grève de mardi 23 mars contre la politique du Président Sarkozy, mais surtout pour la défense de l’emploi, des retraites et du pouvoir d’achat, à 10h, place de la Révolution.

Tribune : Et si on commençait par le mandat unique !

Voici le texte de la Tribune que j'ai rédigée sur le mandat unique suite à l'Université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.

Elle a été publiée sur :

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Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste et de la vie politique française, où 85 % des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif. Cette décision est courageuse lorsqu’on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question.  En revanche, je m’inquiète du fait qu’elle propose que cela ne s’applique qu’après les élections régionales. N’y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d’annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre ? N’y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?

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Hénin-Beaumont… ouf !

Certes, le front républicain l'emporté. Mais ce qui est notable, c'est surtout que le FN aurait pu l'emporter et a échoué de très peu : 550 voix d'écart seulement !

Le fait de voir des dirigeants corrompus, clientélistes et divisés, à défaut de justifier un vote FN, le favorise très certainement parce que cela donne du crédit au discours des leaders du FN.

Comme il est difficile de croire que 47,62 % des électeurs de cette commune sont racistes et comme, en plus, c'est une ville du nord à la tradition républicaine affirmée, cela en dit long sur l'état des partis de gouvernement en général (le candidat UMP a fait moins de 5 %) et sur la gauche en particulier (singulièrement le PS) dans ce coin de France.

Pour sortir de la crise au PS : montrons qu’il n’y a qu’un seul camp, le camp des socialistes

Après le second tour pour l'élection du Premier Secrétaire du Parti socialiste, les résultats proclamés sont les suivants : 

  • Martine Aubry : 67 413 voix - 50,02 %
  • Ségolène Royal : 67 371 voix - 49,98 %

Ce résultat n’est pas reconnu comme légitime par tous. Ségolène Royal conteste ce résultat et demande que les militants revotent jeudi. Martine Aubry refuse de le remettre en cause.

Admettons que ce score ne permet pas de donner la légitimité suffisante et nécessaire à la candidate qui serait arrivée en tête. Aucun camp, en particulier, ne l’a emporté. Montrons qu’il n’y qu’un seul camp dans notre parti, le camp des socialistes.

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Congrès du PS : Je vote « motion C »

Si la politique vous intéresse un peu, il n’a pas dû vous échapper que le Parti Socialiste est en Congrès. Le Congrès du PS sert à déterminer la ligne politique (c’est-à-dire les idées principales) qui va le guider durant les années qui viennent. Il sert aussi à désigner ceux et celles qui porteront ce projet qui doit nous permettre d’emporter les échéances électorales à venir, en particulier l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2012. Cela, afin que nous soyons à même de transformer la société, dans l’intérêt des citoyens.

Malgré les apparences, il ne s’agit pas exclusivement d’un combat d’egos. Il est clair que ce sont aussi des destins personnels qui se jouent. Mais il est normal que cela soit le cas. Ce qui ne l’est pas, c’est que l’enjeu du Congrès s’y limite. Ce n’est pas ce que je crois. C’est pourquoi j’y prends ma part. Et je crois qu’il est juste que j’informe ceux qui me font la courtoisie de me lire régulièrement de mes choix en la matière.

J’ai fait le choix de la motion C, dont le premier signataire est Benoît Hamon, député européen. Voici quels en sont les axes principaux.

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Après les Sénatoriales…

Les résultats des élections sénatoriales ont dépassé les espérances de la gauche.

Dans le Doubs, il n’y avait aucun sénateur de gauche sortant. Les Socialistes, soutenus par les Verts et les Communistes, ont réussi une performance en emportant deux (Claude Jeannerot, Martial Bourquin) des trois sièges à pourvoir. D’autant que le vent du boulet est passé très proche du seul rescapé de la liste de droite (Jean-François Humbert). En effet, Danièle Nevers, conseillère générale du canton de Rougemont, a frôlé l’élection, à 9 voix près.

Ce résultat historique a sans doute quelque chose à voir avec le discrédit de la droite au pouvoir. On peut penser qu’il a aussi beaucoup à voir avec le travail des élus de la Majorité du Conseil général et la qualité de la relation qu’ils ont su entretenir avec l’ensemble des élus du département.

Au niveau national, la gauche a gagné 27 sièges, soit deux fois plus qu’espéré. Les femmes passent de 60 à 75 sur 343 élus, et parmi elles, trois sont issues de l’immigration. Enfin, la moitié des nouveaux élus ont moins de 60 ans (donc la moitié sont plus âgés). On est toujours loin de la diversité du pays, mais cela constitue d’incontestables progrès.

Néanmoins, le Sénat reste à droite. Et même si un jour il passait à gauche, il reste, à mon sens, une « anomalie démocratique », selon les termes de Lionel Jospin. En effet, ce bon résultat pour la gauche ne doit pas nous faire oublier les limites de cette assemblée.

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