Culture et éducation
Soutien au journal Alternatives Economiques
16/06/15
La presse écrite est en crise, concurrencée par le développement de la presse sur Internet et la formation de grands groupes de presse rattachés à d’importantes structures financières.
J’attire donc aujourd’hui votre attention sur le journal Alternatives Economiques. Le mensuel fait en effet partie de ces journaux indépendants, ayant peu de recettes publicitaires et qui font donc face à des pertes financières croissantes depuis quelques années. (Ce sont aussi, jusqu’à ce jour, les journaux les moins accompagnés par les aides d’Etat ; à ce titre, Fleur Pellerin a annoncé vouloir réorienter les aides, trop importantes pour la presse de divertissement et de loisir, en les dirigeant vers ce type de médias.)
Réforme du collège
27/05/15
Ainsi, au lendemain de la grève d’une partie des enseignants, qui ont manifesté leurs inquiétudes ou leur opposition à la réforme du collège, paraît donc le décret d’application permettant qu’elle soit mise en œuvre. Habituellement, on se plaint que les décrets paraissent trop tardivement ou pas du tout, mais cette précipitation me semble au mieux maladroite, au pire irrespectueuse. Cette méthode ne me semble pas la mieux à même de convaincre de l’opportunité de cette réforme. Pour autant, cela ne doit pas nous faire oublier l’essentiel, à savoir la réforme elle-même, qui, dans son esprit et dans nombre de ses déclinaisons me semble positive.
Cette réforme participe de la loi de refondation de l’école votée en 2013, à l’unanimité des groupes de gauche à l’Assemblée nationale et au Sénat. Elle n’est évidemment pas terminée. Il est notamment nécessaire de soutenir davantage les établissements scolaires des quartiers les plus défavorisés et des territoires ruraux les plus en difficulté et d’œuvrer à l’amélioration des conditions de travail des enseignants ainsi qu’à une meilleure reconnaissance salariale, particulièrement des enseignants du primaire. Certains points devront être précisés et les inquiétudes sur les moyens - notamment pour la concertation - et la formation des enseignants - initiale et continue - me paraissent fondées.
Rappelons que les études internationales de ces dernières années placent la France comme le pays le plus inégalitaire de l’OCDE, celui qui reproduit le plus les inégalités sociales. Chaque année, 140 000 élèves sortent du système scolaire sans diplôme ni formation. C’est l’ambition de cette réforme que de participer à y remédier.
Pour ce faire, la réforme remet en cause l’uniformité du collège, non pas contre l’égalité mais, au contraire, au nom de l’égalité. Remettre en cause l’uniformité me semble être une façon de respecter les élèves, en prenant en compte leur diversité, leurs difficultés, leurs facilités, leurs aspirations, leur histoire. C’est également une façon de faire confiance aux enseignants, à leur expérience, leur connaissance des élèves et de leur métier. Ce qui leur est enseigné est très important, ce qu’ils en retiennent encore davantage, c’est pourquoi, il peut être nécessaire de s’y prendre différemment selon les lieux, selon les élèves. Les enseignants n’ont évidemment pas attendu cette réforme pour le faire, mais il est bon de leur permettre de le faire dans de meilleures conditions et que l’on fasse cesser cette hypocrisie qui voudrait qu’en faisant pareil avec tous on traite à égalité alors que, justement, tous les élèves ne sont pas à égalité.
A propos de ces traitements différenciés, on peut comprendre que ceux qui bénéficiaient des classes bilangues dès la 6ème regrettent leur suppression, mais ils sont une minorité à en bénéficier. En 2014, seulement 16% des élèves de 6ème sont inscrits dans une section bilangue. La réforme permet que tous les enfants pratiquent une deuxième langue dès la 5ème, alors qu’actuellement, l’introduction de la LV2 n’intervient qu’à partir de la 4ème. Au total, il y aura davantage d’heures de langues enseignées. En revanche, cela ne résout pas le problème des langues moins prisées que d’autres et nécessite sans doute une politique volontariste pour que l’arabe, l’allemand, l’italien ou le portugais soient revalorisés puisque nous savons que 93% des élèves du secteur public suivent un enseignement d’anglais en primaire. Le ministère de l’éducation nationale élabore actuellement une carte des langues dans les académies pour garantir la continuité de l’apprentissage des langues entre le primaire et le collège et également de travailler à ce que la diversité des langues soit encouragée. Cela ne règle pas non plus la question des modalités d’enseignement des langues en France. À défaut de les résoudre, il ne me semble pas que cette réforme accentue ces problèmes, même si ils persistent. Enfin, on ne supprime pas toutes classes bilangues de 6ème. En effet, ceux qui auront commencé une langue autre que l’anglais en CP pourront la poursuivre à leur arrivée au collège.
Autre point positif, afin de décloisonner les enseignements, la réforme prévoit que 20% du temps d’enseignement sera réalisé au travers de travaux pluridisciplinaires sur un projet défini en équipe. Cela demande évidemment une organisation particulière, du temps et du travail commun entre les enseignants de plusieurs matières. C’est notamment une façon de rendre plus palpables des savoirs dont nombre d’élèves peinent à trouver la finalité. Apprendre quelque chose dont on ne perçoit pas le pourquoi est plus compliqué que quand on réalise à quoi il peut servir, quel en est le sens.
Quant aux inquiétudes de nivellement par le bas, il ne faut pas les mépriser car il est légitime que des parents s’en inquiètent, mais je crois que c’est une erreur de penser que l’aide aux élèves en difficulté mettrait en péril la scolarité de ceux qui réussissent le mieux. Dit autrement, les bons élèves n’ont pas besoin de l’échec des autres. Au contraire, un meilleur niveau général bénéficie à tous, c’est ce que semblent montrer les enquêtes existantes. Ce sont dans les pays où le plus grand nombre d’élèves réussit que les élites sont les plus nombreuses et les meilleures.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue le sens de ce que l’on fait. Cherche-t-on à trier ou à faire progresser l’ensemble des élèves ?
Une ville d’Argentine interdit les concours de beauté : une initiative citoyenne
15/01/15
Le conseil municipal de la ville de Chivilcoy en Argentine a décidé en décembre dernier d’interdire les concours de beauté destinés aux femmes, au motif qu’ils constituaient « une pratique discriminatoire et sexiste », et les a remplacés par des cérémonies de récompenses citoyennes. Ces concours récompensaient la grâce et la beauté de jeunes-femmes âgées de 15 à 25 ans et leur donnait la possibilité, en cas de victoire, de représenter leur ville. Suite à cette interdiction, au lieu de défiler habillées puis en maillot de bain et d’être évaluées sur leurs critères physiques, les jeunes femmes de la ville peuvent désormais, au même titre que les hommes, être distinguées pour les actions bénévoles au bénéfice de la société.
On ne peut que saluer une telle décision, qui n’est pas sans rappeler celle de la loi relative à l’égalité entre les femmes et les hommes votée en 2013 d’interdire les concours de mini-miss aux adolescentes âgées de moins de 16 ans.
L’école de Pouilley-les-Vignes sélectionnée pour participer au Parlement des enfants
8/01/15
Cette année a lieu le 20ème Parlement des enfants. Cette opération est organisée par l’Assemblée nationale avec le ministère de l’Éducation nationale, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) et la Mission laïque française (MLF). Elle a pour but de mettre l’accent sur l’éducation civique et de permettre aux écoliers scolarisés en cours moyen deuxième année (CM2) de rédiger une proposition de loi, comme de vrais députés. Le thème proposé pour l’année 2015 est « Les droits des enfants ».
En effet, le 20 novembre prochain lors de la Journée internationale des droits de l’enfant, la Convention relative aux droits de l’enfant fêtera ses 23 années d’existence.
Pour cette année 2015, c’est la classe de CM1-CM2 de Pouilley-les-Vignes qui a été retenue par l’Académie pour représenter la première circonscription du Doubs. Afin d’aider l’enseignant dans la préparation de la proposition de loi, un colis pédagogique a été envoyé par l’Assemblée Nationale pour fournir des supports pédagogiques. Je me suis rendue dans la classe le mardi 6 janvier pour un premier échange avec les élèves. Ce fut l’occasion de leur expliquer l’organisation de mon travail à Paris et en circonscription. J’ai ainsi pu répondre à leurs nombreuses et diverses questions :
Comment se passent les séances dans l’hémicycle ? Quelles sont les limites de la circonscription ? Combien de temps dure une séance ? Combien de députés y-a-t-il dans le Doubs ? Quel était votre slogan de campagne ?
Les 577 classes élues ont jusqu’au 18 mars pour rédiger et remettre leur proposition de loi autour des droits fondamentaux des enfants inscrits dans la Convention. La proposition devra comporter un exposé des motifs et quatre articles au maximum. Un jury académique devra désigner une proposition de loi par académie. A l’issue de cette première sélection, un jury national composé de députés et de membres désignés par le ministère de l’Education Nationale se réunira en vue de sélectionner les quatre meilleures propositions de loi. Ces quatre propositions de loi seront mises en ligne et soumises au vote des enfants qui choisiront la loi qui leur semble la meilleure.
Une « mallette pédagogique » pour remplacer les ABCD de l’égalité
28/11/14
Expérimenté dans 600 classes de 10 académies volontaires, l’ABCD de l’égalité a été remplacé par une « mallette pédagogique » mise en ligne pour aider les enseignants à transmettre les valeurs d’égalité entre filles et garçons. Les ABCD devaient être généralisés à cette rentrée 2014 après évaluation. Pour éviter tout malentendu, l’Education Nationale a fait le choix d’un autre support afin que les parents puissent trouver des réponses à leurs questions. Ainsi, en vue de partager cette question de l’égalité et d’assurer une plus grande transparence, le Gouvernement rend accessible à tous le contenu de ces nouveaux outils par le biais d’un site internet.
La visée de ces outils est d’atteindre les objectifs qui ont été fixés par la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’école de la République. La loi a introduit un enseignement moral et civique permettant l’acquisition de l’égalité entre hommes et femmes. La loi prévoit également la sensibilisation des étudiants à cette question lors de leur formation aux métiers du professorat et de l’éducation. La mise en place de ces outils est l’occasion de rappeler que l’orientation et le parcours scolaire des filles et des garçons sont particulièrement déterminés par les considérations sexuées.
Parmi les pistes pédagogiques proposées aux enseignants du premier degré, il est conseillé de travailler sur l’expression corporelle et le mime afin que les enfants puissent exprimer des sentiments, des ressentis, des émotions indépendamment du sexe des personnages qu’ils jouent ou des êtres sexués qu’ils sont. En maternelle, il est suggéré des jeux dansés ou des rondes afin de dépasser les stéréotypes sexuels de la danse qui bien souvent pose problème aux petits garçons.
Le site rend public plus d’une centaine de pistes pédagogiques, du premier degré au second degré, qui permettront de remettre au cœur du projet éducatif cette question fondamentale de l’égalité.
Caroline Fourest : « Pour le droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires »
15/11/14
Je souhaite relayer ci-dessous le point de vue de Caroline Fourest, journaliste et essayiste, sur la question des mères voilées pour l’accompagnement des sorties scolaires. Publié sur le Huffington Post.
La ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud Belkacem, vient d’autoriser les mères portant le voile à accompagner les sorties scolaires. La plupart des organisations laïques sont vent debout contre cette décision. Il y a quelques semaines, c’était plutôt le camp des intégristes qui montait au créneau pour reprocher à la ministre de vouloir défendre l’égalité hommes femmes à l’école. Décidément, la recherche d’un équilibe entre égalité et laïcité n’est pas simple à trouver dans notre pays, rongé par les postures passionnelles dès qu’ils s’agit de ces sujets.
La statut des accompagnateurs
Au coeur de la polémique, le débat porte sur le statut de ces accompagnateurs scolaires. Faut-il les considérer comme de simples parents bénévoles ou du personnel associé à l’éducation nationale et donc soumis aux exigences de neutralité religieuse ?
Le débat est moins juridique que politique. A peu près toutes les instances de ce pays ont donné un avis juridique différent sur ce statut des accompagnateurs scolaires, selon qu’elles soient pour ou contre cette interdiction.
La Haute Autorité de lutte contre les discrimination — plutôt tournée vers l’égalité — a considéré ce refus comme « contraire aux dispositions interdisant les discriminations fondées sur la religion ». A l’inverse, le Haut Conseil à l’intégration — plutôt porté sur l’exigence de laïcité — soutient ce refus.
Deux ministres de droite ont tranché dans des directions différentes. Xavier Darcos a laissé les chefs d’établissements décider au cas par cas. Son successeur, Luc Chatel, a édicté une circulaire permettant d’interdire, par principe, la participation de mères voilées. Vincent Peillon ne l’a pas remise en cause, sans insister sur la question des sorties scolaires dans sa Charte de la laïcité.
Soutien aux intermittents
16/05/14
Nous sommes plusieurs députés à nous mobiliser en soutien aux intermittents du spectacle. Voici le courrier que j’ai adressé avec 5 de mes collègues à François Rebsamen, ministre de l’emploi, du travail et du dialogue social, pour qu’il n’agrée pas l’accord UNEDIC qui remet en cause leur régime :
Monsieur le Ministre,
Nous souhaitons par le présent courrier vous alerter sur les conséquences de l’accord Unedic du 22 mars sur le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle.
Si l’accord trouvé par les partenaires sociaux permet effectivement de garantir le maintien des annexes 8 et 10 et ce contrairement aux velléités initiales du MEDEF, force est de constater que la précarisation des conditions d’emploi des artistes et des professionnels du spectacle qu’avait entrainée la mise en place de la réforme de 2003, contre laquelle nous nous étions mobilisés, n’est en rien atténuée, mais risque au contraire de s’accentuer.
Notamment, la mise en place d’un « différé » d’indemnisation risque d’augmenter la précarité d’une profession qui se caractérise par la discontinuité de l’emploi et la multiplicité des employeurs. La révision intervenue dans un deuxième temps ne sera pas de nature à annuler ces conséquences néfastes, puisque 47 % des intermittents seront concernés, contre 9% aujourd’hui.
Par ailleurs, alors que les organisations patronales ont refusé l’augmentation des cotisations patronales dans tous les autres domaines d’activité, il est dommageable que seuls les employeurs du secteur culturel doivent supporter une telle hausse : ce secteur étant majoritairement composé de petites structures déjà fragiles, cette mesure sera préjudiciable pour l’emploi.
Campagne mondiale : le droit à l’éducation pour tous
9/05/14
La campagne mondiale pour l’éducation, organisée depuis 2000, a lieu cette semaine dans 96 pays et est relayée en France par Solidarité Laïque, avec le soutien du Ministère de l’Éducation nationale. Son objectif : défendre le droit à l’éducation pour tous.
En effet, c’est lors du forum mondial sur l’Éducation pour tous à Dakar que les dirigeants de 180 pays se sont engagés à atteindre ensemble six objectifs pour l’Éducation pour tous d’ici 2015, grâce à des financements et des mesures adaptées.
Le thème retenu pour cette année 2014 est « Éducation et handicap ». Le sujet est crucial : plus d’un milliard de personnes, dont près de 93 millions d’enfants, souffre d’une forme de handicap. De même, aujourd’hui, ce sont 140 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisés, dont une majorité de filles et d’enfants handicapés. Ces derniers, pour les mieux lotis, n’ont souvent d’autre choix que de suivre des formations dispensées dans des écoles privées qui coûtent cher et qui participent à leur marginalisation. Une multitude d’autres enfants qui sont intégrés au système scolaire ne reçoivent pas une éducation de qualité.
L’éducation inclusive (les enfants atteints de handicap sont inclus dans les mêmes classes que les autres enfants) est un moyen efficace pour lutter contre ces exclusions et assurer aux personnes handicapées l’égalité des chances dans l’accès à l’éducation, à l’enseignement et à la formation. Elle doit, à mon sens, être développée y compris en France, en donnant les moyens humains et financiers pour réussir cette inclusion.
Ainsi, à l’occasion de cette semaine, de nombreuses actions sont organisées dans les écoles pour sensibiliser les enfants à l’inclusion éducative, vérifier l’intégration effective des personnes en situation de handicap et promouvoir des expériences réussies.
Presse en ligne : le taux de TVA super réduit, enfin !
6/02/14
Qui, en 1991, pouvait prévoir l’émergence et le développement de la presse d’information en ligne ? C’est au fond à cette question que l’Assemblée nationale a tenté de répondre ce mardi 4 février dans l’après-midi, lors de l’examen en procédure accélérée, de la proposition de loi tendant à harmoniser les taux de TVA applicables à la presse imprimée et à la presse en ligne. En résumé : permettre aux sites internet d’information d’être assujettis, à compter du 1er février 2014, au taux de TVA super réduit à 2,1 % comme la presse papier, et non à 20 % comme actuellement.
C’est un sujet qui m’intéresse particulièrement, la presse étant l’un des piliers de notre démocratie. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de poser une question écrite à la ministre de la Culture et de la Communication le 30 avril 2013, à laquelle elle a répondu le 20 août 2013.
En effet, la directive européenne relative à la TVA autorise les pays à appliquer un taux réduit ou super réduit pour la presse dans sa version papier uniquement, et ne permet aux États-membre de continuer à appliquer un taux super réduit que pour les biens et services qui en bénéficiaient avant 1991. Or, c’est ici le point de fixation de ce qui constituait jusqu’à présent une forme d’injustice fiscale : la presse en ligne n’ayant fait son apparition qu’après 1991, elle ne peut en théorie bénéficier du taux super réduit de TVA.
Cette différence de traitement fiscal entre la presse papier et la presse numérique porte atteinte au développement de cette dernière qui cherche encore à stabiliser son modèle économique et freine la migration des abonnés « papier » vers les offres numériques, à rebours de notre préoccupation pour la transition écologique. De plus, cela remet en cause le principe de neutralité fiscale des supports d’information, qui veut que la fiscalité n’a pas à privilégier ou pénaliser un type de support d’information par rapport à un autre. Le contexte d’incertitude qui prévalait jusqu’alors a conduit plusieurs médias comme Mediapart ou Le Monde à faire l’objet de contrôles fiscaux.
Enseignement de la « théorie du genre » : entre mensonges et dénaturation du programme de l’Education nationale
29/01/14
Suite aux messages que j’ai reçus ou qui m’ont été transmis concernant le mouvement de retrait des enfants de l’école, je souhaite préciser un certain nombre de points. Comme l’a rappelé Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, lors des questions au Gouvernement du mardi 28 janvier, il ne s’agit pas d’enseigner la prétendue « théorie du genre » aux élèves de l’Education nationale. Les annonces de boycott lancées par des groupes d’action épars n’ont aucun fondement et s’appuient sur des argumentations qui ont largement modifié les termes du débat.
La « théorie du genre » qui serait censée « nier la différence des sexes » est une fiction inventées par les traditionnalistes de toutes sortes afin de discréditer toute réflexion sur la construction sociale des identités sexuées.
L’action engagée par le ministre de l’Education nationale vise simplement à favoriser l’enseignement de l’égalité entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge, au moment où précisément se forment les stéréotypes qui favorisent les comportements sexistes. Les comportements sociaux sont acquis, appris et ne procèdent pas du sexe des individus. Ainsi, les femmes ne sont pas forcément destinées à être secrétaires ou mères au foyer, de même que les hommes peuvent vouloir faire autre chose que pompiers ou chefs d’entreprises. L’ambition des travaux menés par le ministère de l’Education nationale et le ministère des Droits des femmes est de déconstruire ces standards sexistes afin de sensibiliser dès leur enfance les élèves aux questions d’égalité. Il ne s’agit ni plus ni moins que de donner aux enfants les moyens de construire leur liberté.
L’école républicaine étant un service public, il me parait non seulement souhaitable mais aussi nécessaire qu’en tant que tel, elle s’efforce de ne pas reproduire les stéréotypes véhiculés par la société. L’égalité est au cœur même du projet républicain, et consubstantielle de sa réussite. Pourtant, elle est loin d’être atteinte. Au lendemain du vote de la loi sur l’égalité entre les hommes et les femmes, force est de constater que des mesures destinées à réduire les inégalités, si ambitieuses soient-elles, ne suffiront pas à modifier à terme les mentalités. Il s’agit donc bien d’une question d’éducation.
Quant aux simplifications et aux raccourcis idéologiques employés par ceux qui combattent ces initiatives, ils trahissent le caractère réactionnaire de leur opposition. Est-il normal que des métiers soient encore largement considérés comme féminins ou masculins ? Peut-on accepter qu’une élève ne se sente pas autorisée à être ingénieure informatique au motif que ce métier serait masculin ? Le service public a pour devoir d’enseigner la mixité, et d’œuvrer à déconstruire les logiques qui participent à reproduire des comportements sexistes.
Je voudrais enfin exprimer mon indignation quant aux actions de boycott de l’école lancées par des groupes extrémistes. Il existe en France une obligation de scolarité, et l’école républicaine constitue un socle essentiel de la cohésion de notre société. Vouloir y soustraire les enfants, même temporairement, me semble éminemment dangereux.