International
Deux conceptions opposées de l’Europe et de la politique
23/03/12
L’Europe est entrée la semaine dernière dans la campagne présidentielle. Entre le candidat-sortant et François Hollande, ce sont deux conceptions opposées non seulement de la vision européenne, mais de la politique qui s’affrontent.
Le candidat de la droite au pouvoir se posait jusqu’alors en donneur de leçon européenne, ardent défenseur, avec son amie Angela Merkel, de l’Europe libérale. Il fustigeait chaque jour la proposition de François Hollande de renégocier le traité européen sur la rigueur budgétaire, en dénonçant son irresponsabilité, son refus d’assumer les responsabilités de la France, son ignorance des rapports européens.
Meeting de Villepinte la semaine passée : changement total de cap ! Le candidat de la droite au pouvoir tire subitement à boulets rouges sur une Europe bouc-émissaire « incapable de protéger ses marchés et ses entreprises et ouverte à tous les vents de l’immigration ». Mieux, ce n’est pas un, mais trois traités qu’il veut renégocier en menaçant ses partenaires européens d’un retrait unilatéral s’il n’est pas entendu !
Qui croire ? Quel crédit accorder à un tel retournement de position?
Incapable de proposer un bilan ou un projet précis, pour essayer de mobiliser un électorat populaire qui lui manque, Nicolas Sarkozy est condamné à la fuite en avant, à la démagogie anti-immigrés…
Oslo, l’effroi
29/08/11
Comme la plupart d’entre nous, je suis totalement sous le choc et saisie d’effroi par l’attentat d’Oslo et le massacre d’Utoya.
Cet acte terroriste est d’autant plus horrible qu’il est commis au coeur d’une société qui a bien des égard fait figure de modèle : profondément pacifique, égalitaire, démocratique, attentive à sa jeunesse. A travers le massacre des jeunes travaillistes réunis dans l’île d’Utoya, c’est la future génération ce « modèle social-démocrate de l’état providence » que l’auteur de l’attentat voulait détruire.
En effet comme toute les sociétés européennes, la Norvége est confrontée aux tensions sociales et culturelles produites par la mondialisation. La montée du racisme, l’islamophobie ont fait le lit d’un depuis plusieurs décennies d’un parti populiste anti-immigrés et isolationniste qui est aujourd’hui le principal parti d’opposition.
J’exprime aujourd’hui ma solidarité avec le peuple norvégien et mes camarades travaillistes. Je salue le Premier ministre social-démocrate Stoltenberg qui a répondu avec beaucoup de grandeur et courage à cet acte criminel en affirmant « la seule réponse est plus de démocratie, plus d’ouverture… » .
Côte d’Ivoire
7/05/11
Le 5 mai, le Conseil constitutionnel de Cote d’Ivoire a proclamé le résultat de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 déclarant Alassane Ouattara vainqueur, 5 mois après l’avoir donné perdant. On ne peut que se réjouir pour les Ivoiriens que les massacres, les viols, les pillages cessent. Pour autant, cela ne doit pas nous laisser penser que tout va bien. Il s’agit d’être particulièrement vigilants.
Cela parce que la crise ivoirienne ne date pas du résultat contesté de l’élection présidentielle de novembre 2010. Il faut remonter au minimum à l’élection, déjà contestée, de Laurent Gbagbo de 2000, en lien avec le concept d’ivoirité qui établissait qu’il y avait des bons et des mauvais ivoiriens, des vraies et des faux. Suite à cela la force Licorne, c’est-à-dire la force militaire de l’ancienne puissance coloniale, s’est installée sur le territoire. Le fait qu’elle soit toujours présente doit nous interroger.
Nous devons être particulièrement vigilants également parce que pendant presque 5 mois, l’information était particulièrement partiale et univoque. Les opinions contraires ou plus nuancées n’ont absolument pas été entendues. Certes, Laurent Gbabo n’est pas fréquentable, mais l’honorabilité du camp adverse pose question. Il semble bien qu’il y ait eu des massacres des 2 côtés. Alassane Ouattara, président de tous les Ivoiriens à une tâche et une responsabilité considérable dans la réussite de la suite.
Monde arabe : un nouvel élan ?
13/02/11
Tunisie, Egypte… Je vous offre la lecture d’un texte d’un ami sur le formidable soulèvement démocratique dans le monde arabe, en ce début d’année.
C’est avec un fort sentiment de dignité retrouvée que le regard des Arabes est rivé sur la situation en Tunisie et en Egypte. Et comment ne pas se réjouir de ce vent de liberté qui souffle aujourd’hui dans ces deux pays, et demain certainement dans d’autres contrées ? Car c’en est assez que les pays arabes vivotent à la traîne des nations à cause de leurs dirigeants archaïques. C’en est assez que le citoyen arabe reste coincé dans un emprisonnement physique et mental entre des dictatures abjectes et des menaces de l’impasse islamiste.
Et comment ne pas sentir l’espoir remplir nos cœurs quand on voit tant de jeunes braver la répression policière et crier à la face du monde que le temps est enfin venu de mettre fin à ces tyrannies surannées. Comment ne pas se réjouir que les peuples arabes se soulèvent cette fois-ci pour de bon, à l’initiative de cette belle jeunesse qu’on croyait définitivement dépolitisée et formatée par la fatalité ? Cette jeunesse qu’on imaginait ne vivre que dans le virtuel, et qui justement s’appuie sur les réseaux virtuels pour impulser des mobilisations sans précédent en faveur de la démocratie, de la liberté et de la justice sociale… et contre la corruption qui a gangrené les sociétés arabes depuis plusieurs décennies.
Et quel bonheur de voir les Ben Ali et les Moubarak tomber, au moment même où ceux qu’ils avaient forcé à l’exil sont accueillis en héros dans leurs pays. Quel bonheur de voir à longueur de journée défiler dans la rue des foules enfin débarrassées de cette peur « ancestrale » qui a inhibé des générations entières…
Niger : lettre au ministre de la Défense
17/01/11
Je souhaitais faire part de la lettre que les amis de master d’Antoine de Léocour ont adressés au ministre de la défense, que je trouve très digne et qui me semble particulièrement pertinente, pour éclairer le drame que les deux Français ont vécu au Niger.
« Monsieur le ministre de la Défense et des Anciens Combattants,
.
Nous condamnons unanimement l’acte de barbarie qui nous prive aujourd’hui d’un ami cher. Cependant, votre empressement à justifier l’intervention militaire qui a conduit à la mort d’Antoine de Léocour et Vincent Delory nous a beaucoup surpris.
Devenez « Porteur d’eau »
6/10/10
Dans une étude à paraître dans la revue américaine Geophysical Research Letters (cf Le Monde du 2 octobre), des chercheurs montrent que les nappes phréatiques s’appauvrissent et que ce phénomène s’accélère. C’est l’occasion de rappeler le combat mené par Danielle Mitterand, présidente de la Fondation France Libertés, pour la reconnaissance de l’eau comme bien commun de l’humanité.
Son constat est simple : L’eau est à l’origine de la vie. Il n’y a pas de vie sans eau. C’est un bien aussi naturel que l’air ou la gravité. Pourtant l’eau est aujourd’hui devenue une marchandise. Or payer l’eau c’est acheter le droit de vivre.
La fondation refuse d’accepter cet état de fait. C’est pourquoi, elle se bat sur trois fondements majeurs.
Tout d’abord sur l’universalité de l’eau. L’eau n’a pas de frontière. Aucune Nation n’en est propriétaire. Ainsi, elle défend une gouvernance mondiale de l’eau qui serait administrée de façon démocratique et qui constituerait une protection efficace face aux atteintes du capital.
La fondation déclare ensuite que l’eau ne doit pas être à l’origine de profits. On ne doit pas concilier la rentabilité économique et la satisfaction d’un besoin vital. Pour cela un contrôle strict de la puissance publique et des citoyens sur la gestion de l’eau doit être institué.
Enfin, l’eau doit être un bien partagé entre tous. C’est là une des réalisations les plus concrètes du principe d’égalité, qui est inscrit dans notre Constitution. Or, le seul moyen d’assurer à chacun ce droit à l’eau est d’instituer la gratuité des 40 premiers litres d’eau par jour et par personne. C’est pourquoi la fondation insiste pour que la régie publique de l’eau redevienne la règle et non plus l’exception (Aiujourd’hui en France, 75 % de la gestion de l’eau relève d’entreprises privées). La gestion de l’eau doit répondre à une logique d’intérêt général et non plus à une logique marchande.
Afin de porter cette cause majeure et d’inciter nombre d’élus, de militants et de citoyens à défendre ce projet, la fondation a lancé depuis le 5 juin 2010 un grand mouvement de sensibilisation : le Mouvement des Porteurs d’eau.
Pour devenir porteur d’eau il suffit de se procurer une feuille d’eau, dessinée par Philippe Starck sur laquelle figure ce principe essentiel : « L’eau bien commun de l’humanité, n’a pas de prix ».
Ce symbole témoigne de l’engagement sur la charte de valeurs suivantes :
- L’eau n’est pas une marchandise.
- Elle doit être restituée à la nature dans son état de pureté initiale.
- L’accès à l’eau est un droit qui doit être garanti par la puissance publique et inscrit dans la Constitution comme un droit inaliénable. (Cinq Etats d’Amérique latine ont d’ailleurs déjà intégré ce droit à leur Constitution interne.)
Les porteurs d’eau doivent ensuite militer localement en faveur de la gestion publique de l’eau et surtout partager ce message.
Mobilisation pour Sakineh
28/08/10
Je relaie ici l'appel lancé par le journal Libération pour empêcher la mort par lapidation de Sakineh Mohammadi. Au-dela du cractère scandaleux de la situation faite à cette femme, le journal rappelle, la situation de beaucoup d'autres, sans tomber dans la caricature de l'Iran et de ses habitants. Je vous invite également à participer à la manifestation qui se tient aujourd'hui, 28 août, à Besançon à 15h (Place du 8 Septembre).
« Sakineh Mohammadi Ashtiani attendait dans la prison de Tabriz, dans l’ouest de l’Iran, où elle croupit depuis cinq ans, la réponse à une demande de réexamen de son cas –prévue, initialement, pour le 15 août.
Son “crime” (qu’elle n’a avoué, rappelons-le, que sous la torture et qui consisterait, selon ses accusateurs, à avoir eu deux relations amoureuses hors mariage) avait déjà été puni par 99 coups de fouet administrés en présence de l’un de ses deux enfants. Mais voilà qu’une nouvelle et nébuleuse accusation a débouché, il y a quelques mois, sur une condamnation à mort –et pas n’importe quelle mort puisqu’il devrait s’agir d’une mort par lapidation !
«L’opinion internationale, touchée par l’horreur de cette menace qui pèse sur Sakineh, attendait avec elle la révision d’un verdict aussi inique que barbare quand, le 11 août au soir, se produisit l’un de ces coups de théâtre dont l’Iran commence à être coutumière: le régime diffusait à la télévision, dans une émission de grande écoute, les prétendus “aveux” de la jeune femme qui, couverte par un tchador noir qui ne laissait voir que son nez et l’un de ses yeux, tenant une feuille de papier entre les doigts comme si elle récitait une leçon mal apprise, une voix off en farsi couvrant sa propre voix qui s’exprimait dans sa langue maternelle, l’azéri, confessait sa supposée “complicité” dans le meurtre de son mari.
«Son actuel avocat, Hutan Kian, a affirmé que cette déclaration, contraire à toute vraisemblance, a été arrachée à nouveau sous la torture, et rapporte que les enfants de Sakineh sont, quant à eux, “complètement traumatisés” par l’émission. Outre le fait que l’on peut avoir des doutes sur l’identité de la femme qui est apparue ce soir-là sur les écrans, dissimulée sous un tchador étonnamment couvrant, ces propos vont par ailleurs clairement à l’encontre de ceux rapportés par le Guardian, la semaine dernière, et où Sakineh expliquait que les autorités iraniennes l’avaient déjà, en 2006, lavée de cette accusation infâme; qu’elles mentaient donc sciemment en revenant ainsi sur une charge abandonnée depuis longtemps et ce dans le seul but de semer la confusion dans les médias et de les préparer à une exécution à la sauvette; et que la “justice” ne s’obstinait sur son cas que “parce qu’elle est une femme” et qu’elle vit “dans un pays où les femmes sont privées de leurs droits les plus élémentaires”.
«Que Sakineh soit privée de ses droits les plus élémentaires, cela ressort du fait qu’elle n’a même pas eu droit, dans cette affaire, à un jugement limpide, dans une langue qu’elle puisse comprendre: “Quand le juge a prononcé la sentence, a-t-elle déclaré au Guardian, je n’ai même pas réalisé que j’allais être lapidée à mort car j’ignorais ce que signifiait le mot “rajam”; ils m’ont demandé de signer la sentence, ce que j’ai fait, et quand je suis retournée en prison et que mes codétenues m’ont avertie que j’allais être lapidée, je me suis immédiatement évanouie.” Cela est confirmé par les mésaventures de son ancien avocat, Mohammad Mostafaei, qui avait attiré l’attention internationale sur son cas et qui s’est vu, pour cela, menacé d’emprisonnement (il n’a dû son salut qu’à la fuite en Turquie où il attend un visa pour la Norvège –mais non sans que son épouse, Fereshteh Halimi, ait été retenue en otage et emprisonnée). Cela est enfin attesté par le fait que, nonobstant l’horreur de la chose même, et quitte à entrer dans les détails les plus scabreux, une mise à mort par lapidation n’est possible en “droit” iranien que lorsque la famille de la victime en fait la demande (ce qui, dans le cas de Sakineh et de sa famille, n’est pas le cas).
«Mais par-delà ces considérations dans lesquelles nous n’avons ni le goût ni peut-être, désormais, vraiment le temps d’entrer, il est urgent d’intervenir pour empêcher une mise à mort dont les observateurs de la scène iranienne ont tout lieu de redouter l’imminence. Il est urgent de répondre à l’appel des enfants de Sakineh, Fasride et Sajjad Mohammadi Ashtiani, nous adjurant de ne pas fermer les yeux sur une mise en scène aussi grossière et de ne pas laisser leur “cauchemar devenir réalité”. Il est urgent d’exiger des autorités, pour Sakineh, le renoncement à toute forme d’exécution, une remise en liberté sans délai et la reconnaissance de son innocence. Des dizaines de femmes sont, chaque année, en Iran, condamnées au fouet, à la lapidation ou à d’autres peines dont la barbarie glace, tout autant, les sangs: il est urgent, au-delà même du cas de Sakineh, que l’ONU rappelle au régime des mollahs les promesses faites, en 2002 et en 2008, quant à l’abolition de ce type de châtiments. La vie d’une femme est jeu. La liberté et la dignité de milliers d’autres se jouent également là. Et il s’agit enfin de l’honneur d’un grand pays, doté d’une culture aussi magnifique qu’immémoriale, et qui ne peut se voir résumer, sous les yeux du monde, au visage ensanglanté, réduit en bouillie, d’une femme lapidée. Pitié pour Sakineh. Pitié pour l’Iran.
Militer en Birmanie
11/08/09
Aung San Suu Kyi, leader politique birmane, prix nobel de la paix en 1991, a à nouveau été condamnée par la junte militaire au pouvoir dans son pays à 3 ans de prison, commués en 18 mois d'assignation à résidence (pour donner l'impression d'une mansuétude du pouvoir). L'objectif est évidemment de l'empêcher de participer aux élections qui se tiendront l'année prochaine en Birmanie sous prétexte d'une violation des conditions de son assignation à résidence précédente.
Le sort qui est réservée à cette figure majeure de l'engagement nous fait mesurer le coût du militantisme en Birmanie (il y aurait plus de 2100 prisonniers politiques) et dans de nombreuses régions du monde. Penser, donner son opinion, se battre pour des idées et les droits coûte encore la vie (que cela soit par l'emprisonnement, les tortures, la mort) à des millions de personnes dans le monde.
Le 17 avril est la journée de solidarité avec les prionniers politiques.