Éducation

Campagne de promotion choquante de « SOS Education »

EcoleUne directrice d’école m’a avertie récemment d’un mail qu’elle avait reçu de « SOS éducation 75″ à propos de l’ouverture, en septembre 2011, d’un établissement « Scolaria Excellence » en partenariat entre Paris et Rouen. Le mail est signé par le porte-parole de « SOS éducation », Vincent Laarman.

Après une longue présentation du parcours personnel et idéologique de David Barbaud ; futur directeur et enseignant très investi au sein de l’association, le mail présente un bilan très alarmiste de l’état actuel de l’Ecole. Selon l’association, depuis 1968 et la « terrible réforme Haby » (selon les termes de David Barbaud), l’école n’instruit plus et ne permet plus la réussite des enfants et au-delà, est à l’origine d’un grand nombre de dépressions des enseignants. Les termes utilisés sont particulièrement explicites : « Le savoir étant devenu d’essence essentiellement bourgeoise, il fallait en débarrasser l’école. Le système ne réussit que trop bien. Nos enfants n’apprennent plus rien de l’instruction solide que nous avons pu acquérir dans notre enfance. »

En réponse à cela, l’association a créé des établissements parallèles indépendants et privés, basés sur de d’autres programmes, dans lesquels l’uniforme sera obligatoire et l’internat vivement conseillé. Le-mail s’achève par une invitation faite aux enseignants volontaires de rejoindre cette initiative ou de la soutenir financièrement.

Ce courrier électronique m’a profondément choquée sur plusieurs aspects.

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Rentrée

C’est la rentrée, mais certains enfants n’en feront pas l’expérience cette année car, de plus en plus, l’accueil des moins de 3 ans est remis en cause en maternelle. Par ailleurs le nombre de places en crèche est très insuffisant. Cela pose évidemment des problèmes à leurs parents qui se voient dans l’obligation de trouver une nounou. Cela pose aussi un problème de société, de la place que l’on accorde aux plus petits d’entre nous, de l’égalité sociale (les inégalités commencent dès le plus jeune âge) et de l’égalité entre les hommes et les femmes (car ce sont d’abord les femmes qui pâtissent de cette situation).

Si le problème de l’accueil des petits n’est pas nouveau il est sérieusement aggravé par les décisions gouvernementales de réduction des effectifs du personnel enseignant et de la dégradation de l’accueil en crèche (cf.décret Morano pris au début de l’été).

Je profite également de cette période pour revenir sur l’allocation de rentrée scolaire, qui touche aux conditions matérielles de 3 millions de foyers modestes en France, sans pour autant couvrir le coût global de la rentrée pour les familles. En effet, en plus des fournitures, il y a aussi les assurances, transports, vêtements.

Comme beaucoup d’associations j’ai été choquée de la proposition de bons d’achat pour remplacer cette allocation qu’a formulé un député UMP. Cela semble signifier que l’on ne fait pas confiance aux familles, que l’on sous-entend qu’elles utilisent cette aide pour autre chose, pour des défenses superficielles. On peut rappeler que c’est l’une des raisons qui a motivé la transformation des bons alimentaires en RMI. Avec des bons, on vous oblige plus ou moins dans vos achats, vous êtes stigmatisés, on vous renvoie qu’on n’a pas confiance en vous, en votre capacité à exercer vos responsabilités.

La nécessité de la redéfinition des temps scolaires

Je me permets de relayer la réflexion, que je partage, d'une jeune amie sur les temps scolaires. En effet, la France cultive le paradoxe d'avoir les journées et semaines d'école les plus chargées tout en totalisant l'un des plus grand nombre de semaines de vacances. Et cela, généralement au détriment des enfants dont on ne prend pas suffisamment en compte les rythmes de vie et d'attention.


Depuis deux semaines, c’est les vacances d’été pour tous les enfants de l’école élémentaire. Pourtant, lorsque la sonnerie retentit le 2 juillet, l’école n’est pas finie pour tout le monde

En effet, depuis le printemps 2008 et sur l’initiative de Xavier Darcos, des stages de remise à niveau ont été institués dans toutes les académies : la première semaine des vacances de printemps, la première semaine de juillet ainsi que la dernière semaine d’août, les élèves en difficulté de CM1, CM2, peuvent bénéficier de 15 heures de soutien scolaire réparties sur 5 jours.

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La prétendue « prévention » de la délinquance

Justice La loi de prévention de la délinquance passe en ce moment en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Ce projet conséquent (51 articles) touche au code pénal, au code de la famille, de l’éducation et de la santé. Il concerne essentiellement la délinquance des mineurs.
Il me semble fondamental de dénoncer ici clairement la réalité d’une loi qui n’a de préventive que le nom. En effet, on ne voit pas du tout en quoi ce projet concerne la prévention :

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L’école doit corriger les inégalités sociales qui minent la société

Tout le monde est d’accord pour reconnaître que l’éducation, et l’école en particulier, est un enjeu majeur. Pourtant, on n’en parle pas beaucoup. C’est pourquoi le débat organisé par la bibliothèque de Chaucenne, ces 3 et 4 février, était particulièrement bienvenu.

Personnellement, j’ai toujours été heureuse à l’école. Que ce soit en tant qu’élève ou, aujourd’hui, en tant qu’enseignante. Je l’ai toujours vécue comme un lieu de rencontres, d’apprentissage, d’amusement. Mais en 11 ans d’enseignement dans différents établissements, j’ai eu le temps de me rendre compte que cette expérience n’est pas partagée par tous les enfants et les jeunes. En effet, pour beaucoup, l’école est un lieu de l’échec, d’humiliations parfois.

Pour moi, l’école doit contribuer à compenser les inégalités sociales, à susciter la curiosité, le goût de l’étude, la tolérance, l’ouverture. C’est pourquoi je me sens aussi souvent très en colère. Malgré le temps passé (quoi qu’en disent certains), le sérieux et la passion que l’on met dans son travail d’enseignant, on est obligé de voir que loin de réduire les inégalités sociales, l’école les reproduit largement. Je dirais même qu’elle les légitime. En grossissant un peu le trait, on pourrait dire que, un peu comme certaines banques blanchissent de l’argent sale (sale parce qu’issu du commerce de la drogue, de la prostitution, du crime), l’école blanchit les inégalités sociales sales.

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