Dans les médias

Le Monde / « Non cumul : l’exemplarité morale peut être politiquement efficace, par Barbara Romagnan »

Voici la tribune que j'ai signée, parue dans Le Monde du 3 juin 2010.

- - - - -

A propos du cumul des mandats, le débat engagé entre les sénateurs socialistes et Martine Aubry semble opposer efficacité électorale et exemplarité morale. Il arrive quelques mois après que les militants socialistes ont débattu, puis voté à 71 % l'application de la règle du cumul à partir de 2011. Au moment de ce vote, le 1er octobre 2009, le calendrier des élections cantonales et sénatoriales de 2011 était connu, comme la perspective d'un éventuel basculement à gauche du Sénat. Tous ont voté en connaissance de cause.

Or, à quelques semaines de la convention nationale sur la modernisation du Parti socialiste, les sénateurs semblent vouloir revenir sur ce choix. Leur argument est fort : s'appliquer de façon unilatérale la règle du non-cumul lors de cette échéance interdirait à la gauche la possibilité d'une conquête "historique" du Sénat. Au nom de l'efficacité, il faudrait différer une nouvelle fois, l'application de la règle "morale" que le parti s'est librement fixée. Qu'en est-il réellement ?

Le Sénat étant l'expression des collectivités locales, pour être élu, il est donc préférable d'avoir l'expérience d'un mandat local. En revanche, une fois élu, en quoi le cumul de deux mandats dans des collectivités différentes est-il gage de compétence et d'efficacité ? Le travail d'un sénateur ne nécessite-t-il pas en lui-même une implication exclusive dans le cadre d'un mandat clairement identifié ?

Certes, certains "grands élus" sont en même temps de remarquables et talentueux parlementaires et d'honnêtes responsables d'exécutifs locaux. Mais n'est-il pas plus logique, sinon démocratique, de penser que deux mandats seraient mieux exercés par deux personnes différentes travaillant en bonne intelligence que par une seule ?

Concentration des risques

Enfin, l'argument traditionnel du cumul comme atout puissant de réussite électorale reste à vérifier. Cette pratique très répandue au sein du PS ne lui a pas permis jusqu'ici de revenir au pouvoir au niveau national. C'est là que l'exemplarité morale peut rejoindre l'efficacité électorale.

Que se passera-t-il si l'on repousse une fois de plus l'application de la règle du non-cumul ? Le PS gagnera peut-être des sièges au Sénat, peut-être même pourrait-il le gagner. Mais, au-delà, ce qui apparaît encore plus probable, c'est le risque que le PS perde les élections suivantes. En effet, quelle crédibilité les électeurs, et les abstentionnistes, accorderaient-ils à un parti et à des élus qui s'exonéreraient des règles qu'ils se sont eux-mêmes données, approuvées très largement par les militants et considérées comme prioritaires pour moderniser et renouveler la vie démocratique. Comme si la parole publique et les politiques n'étaient pas déjà suffisamment décriés !

Pour le PS, il y a plus à perdre que la conquête du Sénat : sa crédibilité à l'égard des citoyens et la valeur morale de son message politique. Si les militants PS (dont les élus tirent leur légitimité) sont très largement opposés au cumul des mandats, ce n'est pas par ignorance ou mépris de l'efficacité électorale, c'est parce que c'est une pratique qui n'est ni démocratique ni de gauche.

Le cumul est un empilement de pouvoirs dans les mains de quelques-uns, alors que le principe de base du socialisme est le partage de ces mêmes pouvoirs. Le cumul affaiblit la participation démocratique à la vie politique et hypothèque son renouvellement. Enfin, le cumul va à l'encontre de l'efficacité, car, en concentrant les responsabilités sur les mêmes personnes, non seulement il exclut certains de ces responsabilités, mais il concentre les risques de mal les assurer et fragilise la collectivité publique.

La crise actuelle nous oblige dans ce domaine aussi à penser au-delà du court terme des échéances électorales prochaines. Redonner du sens et du crédit à l'action politique est une priorité. Mettre en conformité les paroles et les actes est aujourd'hui, en plus d'être moralement souhaitable, peut-être politiquement efficace. Cela vaut la peine d'essayer !

Barbara Romagnan est conseillère générale PS du Doubs.

Tribune : Et si on commençait par le mandat unique !

Voici le texte de la Tribune que j'ai rédigée sur le mandat unique suite à l'Université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.

Elle a été publiée sur :

*   *   *   *   *

Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste et de la vie politique française, où 85 % des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif. Cette décision est courageuse lorsqu’on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question.  En revanche, je m’inquiète du fait qu’elle propose que cela ne s’applique qu’après les élections régionales. N’y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d’annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre ? N’y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?

La suite >

Interview à La Presse Bisontine

Vous trouverez ci-dessous le texte de l'interview que j'ai donnée à Thomas Comte, journaliste à La Presse Bisontine (édition de décembre 2008)



La Presse Bisontine : Vous êtes conseillère générale socialiste du canton Besançon-Planoise. Comment vous sentez-vous dans cette nouvelle fonction ?

 

Barbara Romagnan : Le rôle d’élue m’intéresse. Comme le Conseil général a des compétences sociales, j’ai le sentiment d’être utile à la population. C’est nous qui versons le R.M.I. Cette ressource financière est une question de survie pour certains habitants. Sans l’action de notre collectivité, la situation serait très difficile pour les personnes les plus fragiles. La cantine pour tous est aussi un programme auquel je tiens. C’est un enjeu éducatif. Si un enfant ne mange pas correctement, il ne peut pas travailler dans de bonnes conditions. Il n’y a aucune raison que des enfants subissent à l’école le fait que leurs parents soient pauvres.

 

L.P.B. : Quels sont les rapports au sein de l’assemblée départementale entre la jeune trentenaire que vous êtes et les conseillers les plus anciens ?

 

B.R. : Il y a des intérêts partout. Ce que j’apprécie au Conseil général, c’est que la quasi-totalité de mes collègues sont soucieux de faire le travail de conseiller général. Ils sont sérieux et occupent leur canton. Pour moi qui ai des choses à apprendre, ce comportement est une ressource. Il n’y a pas dans cette assemblée un mélange de prétentieux et de démagos, en tout cas s’il existe, je ne le perçois pas.

 

L.P.B. : Besançon-Planoise est un canton populaire et cosmopolite. Est-ce un atout ou une faiblesse ?

 

B.R. : C’est le canton le plus jeune et le plus pauvre du département. 40 % de l’allocation parent isolé (A.P.I.) est versée au quartier de Planoise qui ne représente pourtant que 17 % de la population bisontine. Ce chiffre en dit long sur les difficultés de ce territoire. Toutefois, sa richesse est la jeunesse qui est porteuse d’un véritable potentiel.

 

La suite >

Non-cumul, ici et maintenant

Nous entrons en congrès. Le Congrès du Parti socialiste sert à déterminer la ligne politique qui va nous guider durant les années qui viennent. Il sert aussi à désigner ceux et celles qui porteront ce projet qui doit nous permettre d’emporter les échéances électorales à venir, en particulier l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2012. Cela, afin que nous soyons à même de transformer la société.

On se plait à rappeler, plus ou moins sincèrement, que c’est le projet qui est le plus important, même si la question de « qui le porte » est également cruciale. Si je partage cette hiérarchie, je pense néanmoins que nous oublions un éléments central, qui est celui de notre crédibilité. En effet, ce qu’on appelle la crise politique, qu’elle se manifeste sous la forme des critiques populaires, de l’abstention, du vote pour les partis qui contestent le système, est patente.

Les citoyens pensent de moins en moins que nous sommes susceptibles de changer leur vie, pensant que la mondialisation, l’économie, rendent nos marges de manœuvre trop faibles. Ils pensent que nous n’en sommes pas capables ou que c’est impossible. En outre, pour beaucoup, ils ne nous croient plus tout simplement. Ils pensent qu’on leur ment. Ils n’ont pas confiance en nous. Que ce sentiment soit fondé ou pas, n’en rend pas la méfiance moins grande.

Ils n’ont pas confiance en nous parce qu’ils ne se reconnaissent pas en nous (1) et parfois aussi, il faut bien le dire, parce que nous ne faisons pas ce que nous disons (2).

Pour qu’ils aient une chance de se reconnaître en nous, il faut que nous leur ressemblions davantage. Cela passe par un renouvellement du personnel politique. Pour ce renouvellement, la limitation stricte du cumul des mandats est un moyen. (1) Le non-cumul est également un objectif en lui-même (2). En cela, il est la condition nécessaire et non suffisante pour que nous retrouvions de la crédibilité auprès de nos concitoyens pour qu’ils puissent nous faire davantage confiance. En effet, pour être crédible, il faut en finir avec l’accumulation du pouvoir dans les mains de quelques uns, pendant des décennies, sur plusieurs mandats (3).

La suite >

Lutte contre la délinquance : associer sanction et prévention

France Bleu Besançon, dans son édition de 8 heures du journal du 28 mai dernier, s’est intéressé à la première circonscription du Doubs à l’occasion des élections législatives.

J’ai plus particulièrement été interrogée au sujet de la lutte contre la délinquance. Vous pouvez écouter ci-dessous l’enregistrement de cette séquence du journal, mais également retrouver l’ensemble de mon point de vue dans les lignes qui suivent.


(c) Tous droits réservés - France Bleu Besançon

Pour lutter contre la délinquance, il n’y a pas de réponse unique et uniforme. C’est pourquoi il faut associer sanction et prévention, afin de sortir d’une logique purement répressive ou uniquement préventive.

La suite >

« La voix est libre » sur France 3 Franche-Comté

Lavoixestlibre_2Ce samedi 19 mai à 11h30, je serai l’invitée en direct de "La voix est libre" sur France 3 Franche-Comté.

Françoise Branget, députée UMP sortante et Philippe Gonon, candidat UDF-Mouvement démocrate, seront également les invités de cette émission consacrée aux élections législatives des 10 et 17 juin sur la première circonscription du Doubs.

Que se passe-t-il au Darfour ?

Darfour Comme je le disais dans mon billet de 18 mars, le traitement de l’information et les sujets prioritaires choisis par les médias sont souvent en décalage avec la réalité, car il y a un certain nombre de choses graves dont on ne parle presque jamais.

C’est le cas de la situation critique que connaît le Darfour. Hier soir, 20 mars, à la Mutualité à Paris, un grand meeting pour le Darfour était organisé par le Collectif Urgence Darfour, SOS Darfour et Bernard-Henri Lévy, de retour de cette région du monde, tout comme Laurent Fabius. L’objectif : interpeller les candidats à l’élection présidentielle française et lancer la mobilisation en faveur de la province soudanaise.

La suite >

Les médias, un enjeu démocratique

MediasMardi 13 mars : Nicolas Sarkozy était en visite en Franche-Comté.
Mercredi 14 mars : Nicolas Sarkozy et l’UMP étaient les vedettes américaines du journal télévisé de notre chaîne régionale.

En effet, le compte-rendu du meeting de la veille a été réalisé à grand renfort d’images offertes gracieusement par l’UMP, faute de Journalistes reporters d’images (JRI) de France 3 Franche-Comté pour capter des images du candidat de l’UMP. L’apparition à l’antenne, pendant quelques secondes, d’un petit bandeau « Images UMP » a toutefois été concédée.

Ce procédé n’est pas acceptable, d’autant moins de la part d’une chaîne du service public. Au lieu de privilégier un traitement direct de l’information avec des journalistes ad-hoc, on se contente d’images très valorisantes réalisées par une société privée, et fournies gratuitement par l’UMP. Cela introduit, de fait, un traitement privilégié pour un candidat. Cela réduit encore un peu plus l’expression, la sagacité et le commentaire journalistiques. Mais ne nous y trompons pas, cet exemple local n’est que le reflet d’une dérive que l’on observe au niveau national.

La suite >