Dans les médias
Invitée de France 3 Franche-Comté
19/12/10
Je serai l’invitée du journal de France 3 Franche-Comté ce dimanche 19 décembre à 19h, afin notamment de commenter l’actualité de la semaine.
Le Monde / « Non cumul : l’exemplarité morale peut être politiquement efficace, par Barbara Romagnan »
4/06/10
Voici la tribune que j'ai signée, parue dans Le Monde du 3 juin 2010.
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A propos du cumul des mandats, le débat engagé entre les sénateurs socialistes et Martine Aubry semble opposer efficacité électorale et exemplarité morale. Il arrive quelques mois après que les militants socialistes ont débattu, puis voté à 71 % l'application de la règle du cumul à partir de 2011. Au moment de ce vote, le 1er octobre 2009, le calendrier des élections cantonales et sénatoriales de 2011 était connu, comme la perspective d'un éventuel basculement à gauche du Sénat. Tous ont voté en connaissance de cause.
Or, à quelques semaines de la convention nationale sur la modernisation du Parti socialiste, les sénateurs semblent vouloir revenir sur ce choix. Leur argument est fort : s'appliquer de façon unilatérale la règle du non-cumul lors de cette échéance interdirait à la gauche la possibilité d'une conquête "historique" du Sénat. Au nom de l'efficacité, il faudrait différer une nouvelle fois, l'application de la règle "morale" que le parti s'est librement fixée. Qu'en est-il réellement ?
Le Sénat étant l'expression des collectivités locales, pour être élu, il est donc préférable d'avoir l'expérience d'un mandat local. En revanche, une fois élu, en quoi le cumul de deux mandats dans des collectivités différentes est-il gage de compétence et d'efficacité ? Le travail d'un sénateur ne nécessite-t-il pas en lui-même une implication exclusive dans le cadre d'un mandat clairement identifié ?
Certes, certains "grands élus" sont en même temps de remarquables et talentueux parlementaires et d'honnêtes responsables d'exécutifs locaux. Mais n'est-il pas plus logique, sinon démocratique, de penser que deux mandats seraient mieux exercés par deux personnes différentes travaillant en bonne intelligence que par une seule ?
Concentration des risques
Enfin, l'argument traditionnel du cumul comme atout puissant de réussite électorale reste à vérifier. Cette pratique très répandue au sein du PS ne lui a pas permis jusqu'ici de revenir au pouvoir au niveau national. C'est là que l'exemplarité morale peut rejoindre l'efficacité électorale.
Que se passera-t-il si l'on repousse une fois de plus l'application de la règle du non-cumul ? Le PS gagnera peut-être des sièges au Sénat, peut-être même pourrait-il le gagner. Mais, au-delà, ce qui apparaît encore plus probable, c'est le risque que le PS perde les élections suivantes. En effet, quelle crédibilité les électeurs, et les abstentionnistes, accorderaient-ils à un parti et à des élus qui s'exonéreraient des règles qu'ils se sont eux-mêmes données, approuvées très largement par les militants et considérées comme prioritaires pour moderniser et renouveler la vie démocratique. Comme si la parole publique et les politiques n'étaient pas déjà suffisamment décriés !
Pour le PS, il y a plus à perdre que la conquête du Sénat : sa crédibilité à l'égard des citoyens et la valeur morale de son message politique. Si les militants PS (dont les élus tirent leur légitimité) sont très largement opposés au cumul des mandats, ce n'est pas par ignorance ou mépris de l'efficacité électorale, c'est parce que c'est une pratique qui n'est ni démocratique ni de gauche.
Le cumul est un empilement de pouvoirs dans les mains de quelques-uns, alors que le principe de base du socialisme est le partage de ces mêmes pouvoirs. Le cumul affaiblit la participation démocratique à la vie politique et hypothèque son renouvellement. Enfin, le cumul va à l'encontre de l'efficacité, car, en concentrant les responsabilités sur les mêmes personnes, non seulement il exclut certains de ces responsabilités, mais il concentre les risques de mal les assurer et fragilise la collectivité publique.
La crise actuelle nous oblige dans ce domaine aussi à penser au-delà du court terme des échéances électorales prochaines. Redonner du sens et du crédit à l'action politique est une priorité. Mettre en conformité les paroles et les actes est aujourd'hui, en plus d'être moralement souhaitable, peut-être politiquement efficace. Cela vaut la peine d'essayer !
Barbara Romagnan est conseillère générale PS du Doubs.
Tribune : Et si on commençait par le mandat unique !
4/09/09
Voici le texte de la Tribune que j'ai rédigée sur le mandat unique suite à l'Université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.
Elle a été publiée sur :
- MediaPart
- Rue89
Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste et de la vie politique française, où 85 % des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif. Cette décision est courageuse lorsqu’on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question. En revanche, je m’inquiète du fait qu’elle propose que cela ne s’applique qu’après les élections régionales. N’y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d’annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre ? N’y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?
Non-cumul, ici et maintenant
30/06/08
Nous entrons en congrès. Le Congrès du Parti socialiste sert à déterminer la ligne politique qui va nous guider durant les années qui viennent. Il sert aussi à désigner ceux et celles qui porteront ce projet qui doit nous permettre d’emporter les échéances électorales à venir, en particulier l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2012. Cela, afin que nous soyons à même de transformer la société.
On se plait à rappeler, plus ou moins sincèrement, que c’est le projet qui est le plus important, même si la question de « qui le porte » est également cruciale. Si je partage cette hiérarchie, je pense néanmoins que nous oublions un éléments central, qui est celui de notre crédibilité. En effet, ce qu’on appelle la crise politique, qu’elle se manifeste sous la forme des critiques populaires, de l’abstention, du vote pour les partis qui contestent le système, est patente.
Les citoyens pensent de moins en moins que nous sommes susceptibles de changer leur vie, pensant que la mondialisation, l’économie, rendent nos marges de manœuvre trop faibles. Ils pensent que nous n’en sommes pas capables ou que c’est impossible. En outre, pour beaucoup, ils ne nous croient plus tout simplement. Ils pensent qu’on leur ment. Ils n’ont pas confiance en nous. Que ce sentiment soit fondé ou pas, n’en rend pas la méfiance moins grande.
Ils n’ont pas confiance en nous parce qu’ils ne se reconnaissent pas en nous (1) et parfois aussi, il faut bien le dire, parce que nous ne faisons pas ce que nous disons (2).
Pour qu’ils aient une chance de se reconnaître en nous, il faut que nous leur ressemblions davantage. Cela passe par un renouvellement du personnel politique. Pour ce renouvellement, la limitation stricte du cumul des mandats est un moyen. (1) Le non-cumul est également un objectif en lui-même (2). En cela, il est la condition nécessaire et non suffisante pour que nous retrouvions de la crédibilité auprès de nos concitoyens pour qu’ils puissent nous faire davantage confiance. En effet, pour être crédible, il faut en finir avec l’accumulation du pouvoir dans les mains de quelques uns, pendant des décennies, sur plusieurs mandats (3).