Dans les médias

Familles : quel est le modèle de solidarité ?

Un ami enseignant et militant de gauche m’a dit qu’il était satisfait de la mise sous condition de ressources du montant des allocations familiales, revendiquant l’idée selon laquelle chacun devait cotiser selon ses moyens et recevoir selon ses besoins.

Je partage évidemment cette idée et cela ne me fait pas pleurer que les ménages les plus riches voient leurs allocations familiales se réduire. On pourrait même en sourire, en songeant qu’un couple gagnant 8 000 euros par mois, avec deux enfants, touche 129,35 euros d’allocations chaque mois en 2014 et qu’il verra ce montant réduit à 32 euros en 2015. Une somme presque anecdotique pour des ménages de toute façon assez aisés pour s’en passer. Une somme symbolique en vérité, qui permet de préserver le grand principe de l’universalité des prestations familiales.

Ce choix de mise sous condition de ressources vaut certes mieux que la proposition initiale, qui touchait indifféremment toutes les familles, quel que soit leur niveau de vie. Cela dit, je pense surtout que la faiblesse de cette mesure tient à ce que son unique objectif est de faire des économies pour financer le pacte dit de responsabilité : des baisses de cotisations bénéficiant à toutes les entreprises, quelles qu’elles soient, sans condition, ni contrepartie, ni contrôle. Le montant et la répartition des prestations sociales ou familiales ne sont pas des variables d’ajustement budgétaire.

Une telle mesure aurait pu trouver sa justification si elle s’était accompagnée d’une réflexion sur les objectifs des politiques familiales et si elle s’était inscrite dans une démarche plus globale d’amélioration de notre modèle social de solidarité. Il est en effet important de pouvoir répondre aux questions de la protection des enfants, de la promotion du travail des femmes, de l’aide à l’éducation des enfants, etc. Par exemple, ces économies auraient pu financer un grand plan crèches qui aurait redistribué cet argent au bénéfice du plus grand nombre d’enfants, en même temps qu’il aurait aidé les femmes à retrouver le chemin de l’emploi ou de la formation tout en luttant contre les inégalités entre les enfants dès le plus jeune âge. Et lors de la conférence de lutte contre la pauvreté, en 2012, le groupe de travail consacré aux familles avait proposé de remplacer le quotient familial par un crédit d’impôt universel de 715 euros par enfant et par an dès le premier enfant.

Preuve qu’il existe des solutions pour faire reculer la pauvreté des enfants tout en défendant le principe de l’universalité des aides aux familles…

Barbara Romagnan

Chronique publiée dans L’Humanité du 10 novembre 2014

L’indispensable transition écologique

Le fracas politique de la semaine me donne encore plus envie de revenir sur la conférence de l’économiste Gaël Giraud, à laquelle j’ai assisté dans un amphi comble à Besançon. À la fois parce qu’elle a donné des éléments de compréhension du monde, bien utiles dans cette période si incertaine et inquiétante, et parce qu’elle était également porteuse d’espoir. Les 600 personnes présentes sont également à noter.

Invités par un collectif d’associations, des citoyens se sont déplacés nombreux pour parler crise financière et transition écologique. Gaël Giraud a commencé par une présentation de la situation qui m’a paru lucide et claire. Alors qu’il semble y avoir une obsession généralisée de l’inflation et de la réduction de la dette de l’État. Il nous rappelle que la période de croissance des Trente Glorieuses était associée à une inflation forte et que le risque de déflation est bien plus dangereux que celui de hausse des prix. Quant à la dette de l’État, il ne dit pas que c’est une bonne chose, mais que la rembourser n’est pas l’urgence et même plutôt la dernière des dettes à rembourser. En effet, c’est celle des banques qui est la plus importante, ce sont d’abord elles qui doivent se désendetter. Surtout, si l’État et les ménages cherchent trop à se désendetter, la déflation sera précipitée car chacun remettra à plus tard ses investissements.

Par ailleurs, le réchauffement climatique, conséquence de notre mode de développement fondé sur la surexploitation des ressources fossiles, entraînera une hausse du niveau des mers pouvant aller jusqu’à 7 mètres. Quand on sait que près de 70 % de la population mondiale vit sur le littoral, on touche du doigt les problèmes de migrations auxquels nous allons être confrontés. Sans oublier que la croissance démographique nous promet, à brève échéance, une population de 9 milliards d’êtres humains, dont l’essentiel naîtra dans les pays pauvres. On peut ajouter que les hausses de température conduiront à une baisse du rendement agricole, ce qui rendra d’autant plus difficile de nourrir tout le monde.

Pour l’espoir, Gaël Giraud nous dirige vers la transition écologique qui passe par la rénovation thermique des bâtiments en plus du durcissement des règles pour la construction de logements neufs, dans de petites villes denses, avec beaucoup de transports publics et des trains pour relier les villes entre elles. Il en appelle à un verdissement des processus industriels et agricoles, ainsi qu’au développement de la polyagriculture autour des centres urbains. Le tout est créateur d’emplois locaux non exposés à la concurrence internationale. Il nous rappelle que les scénarios de mise en œuvre de cette transition existent et se distinguent par une place plus ou moins importante de l’énergie nucléaire. À débattre avec les citoyens. Aller vers un verdissement des processus industriels 
et agricoles.

Barbara Romagnan

Chronique parue dans L’Humanité le 27 octobre 2014

L’autre visage de la prison

Cette semaine, j’ai rencontré des visiteurs de prison qui, après plusieurs années d’expérience, m’ont fait part de leurs sentiments et opinions par rapport à l’incarcération. Ils m’ont dit leur inquiétude : il semble que beaucoup de personnes détenues ne soient pas à leur place. Non que ces personnes n’aient rien commis de répréhensible. Mais nombre d’entre elles ont surtout besoin de soins psychiatriques, et l’absence de soins durant leur séjour en prison explique, pour l’essentiel, leur comportement.

Ainsi, en incarcérant les personnes plutôt qu’en les soignant, on rate l’objectif de réinsertion et on maltraite les gens. Ils déplorent également que les séjours en prison soient si nombreux pour de courtes peines, quand on sait que cela favorise la récidive. C’est d’ailleurs le constat de la conférence de consensus qui a rendu ses conclusions en février 2013. La majorité des peines sont inférieures à six mois, et les trois quarts inférieures à un an. Il ne s’agit pas de dire que ces peines sont infondées ou inutiles, mais que, faute de moyens pour réaliser le travail social ou médical nécessaire, elles ratent leur objectif de réinsertion des détenus et de protection de la société.

Ce qui favorise la récidive ce sont les rencontres et la vie avec des délinquants « chevronnés », c’est aussi l’absence de solution à la sortie. Selon une enquête de l’ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté, 30 % des détenus sont, à leur sortie, sans ressources, sans logement et sans travail. Comment s’en sortir honnêtement quand on n’a pas de lieu où vivre, pas de ressources, sans parler de la difficulté à trouver un emploi quand on n’a pas ou peu de formation dans un contexte de chômage de masse.

Les personnes que j’ai rencontrées m’ont également fait part de leur effroi quand elles ont appris que, bien souvent, les enfants incarcérés ne recevaient la visite d’aucune famille. L’explication qu’on leur a donnée est cruelle et parlante : pour la plupart ils n’ont pas ou plus de famille. Prendre en compte l’objectif de réinsertion que devrait être la prison, et les vies souvent très dures de beaucoup de détenus avant et pendant la période d’incarcération, n’est pas faire preuve d’une générosité mal placée ou de laxisme mais, au contraire, de responsabilité. Prendre en compte l’intérêt de la collectivité, qui sera mieux protégée si on crée les conditions pour que les anciens détenus ne récidivent pas, ainsi que ceux de nombre de détenus qui aspirent à la réinsertion pourvu qu’on leur en donne les moyens, est fondamental. L’engagement remarquable de militants pour l’amélioration des conditions de détention, ainsi que de professionnels du milieu carcéral est essentiel pour construire une société dans laquelle il fait bon vivre. Prendre 
en compte l’objectif de réinsertion.

Barbara Romagnan

Chronique du 20 octobre dans L’Humanité

Ecologie politique, sociale et sexuée

Ce n’est pas parce que les lois sont générales qu’elles sont sexuellement neutres.

Elles n’ont pas le même effet sur les femmes et sur les hommes, parce que les hommes et les femmes ne connaissent pas les mêmes situations sociales.

Légiférer sur le temps partiel, c’est toucher 82 % de femmes et 18 % d’hommes.

Allonger la durée de cotisation en vue de la retraite, c’est poser davantage de problèmes pour les femmes. Elles ont plus souvent des carrières hachées, car elles diminuent plus souvent leur temps de travail pour élever leurs enfants, donc elles cotisent moins.

Les questions écologiques sont non seulement sociales mais aussi sexuées, comme le rappellent la Fondation Abbé-Pierre, la Croix-Rouge et le Secours catholique.

La « précarité énergétique » touche plus de huit millions d’habitants : ceux qui consacrent plus de 10 % de leurs ressources à leurs factures d’énergie, quand le taux moyen des dépenses énergétiques des Français est voisin de 5,5 %. Les associations constatent que, parmi ceux qui ont du mal à payer leurs factures ou qui se privent de chauffage, les individus vivant seuls en milieu rural et les familles monoparentales sont surreprésentés. Leur santé se dégrade, leur isolement s’accroît. Or il s’agit là essentiellement de femmes.

Cette réalité humaine du terrain se lit aussi dans les chiffres, même s’il n’existe pas aujourd’hui de statistiques sexuées portant directement sur la précarité énergétique. Déjà, parmi les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, les femmes sont 4,7 millions, les hommes 3,9 millions. Ce qui rend d’autant plus probable qu’elles aient du mal à payer leurs factures.

De même, parmi les précaires énergétiques, on trouve un grand nombre de familles monoparentales et de personnes âgées isolées. Or, plus de 85 % de ces « familles monoparentales » sont constituées élevant seules leurs enfants. Quant aux personnes de plus de quatre-vingts ans habitant seules, ce sont des femmes, à 73 %. Elles sont aussi plus pauvres que les hommes du même âge, car leurs pensions sont inférieures de près de 40 %.

Il ne faut pas oublier que réduire la précarité énergétique contribue à l’atteinte de nos objectifs en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de protection du climat, à l’égalité, en général, et entre les hommes et les femmes, en particulier.

Barbara Romagnan

Chronique du 13 octobre 2014 dans L’Humanité

Revue de presse / Interview dans l’Est Républicain

J’étais interrogée la semaine dernière dans l’Est Républicain, en réaction au remaniement. Retrouvez l’article ci-dessous dans l’édition du 26 août 2014.

Revue de presse / Mon interview dans l’Humanité

Je vous propose de retrouver l’entretien donné au journal l’Humanité le mardi 26 août dernier.

Barbara Romagnan : « Nous avons les moyens de mener une autre politique »
Propos recueillis par Julia Hamlaoui et Aurélien Soucheyre Mardi, 26 Août, 2014 Barbara Romagnan Députée PS du Doubs :

« Je ne sais pas si un changement viendra du gouvernement, mais il me semble évident qu’une autre politique à gauche est possible avant 2017. »« Ce n’est jamais que la quatrième fois qu’on assiste à un remaniement sous François Hollande. Je ne suis pas surprise. Les déclarations des ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon ne pouvaient pas rester sans conséquences. Mais ce qui est grave, c’est que le président de la République n’entend toujours pas ce qui se passe dans le pays. Il reste sourd devant le peuple de gauche et n’ouvre pas les yeux sur l’Europe. On est vraiment face à un déni de démocratie. La suite >

Revue de presse / MaCommune.info

Retrouvez l’article me concernant publié dans macommune.info lundi 25 août dernier.

Barbara Romagnan : « le choix de poursuivre une politique si contestable est incompréhensible »

Suite à la démission du gouvernement, la députée PS de la 1re circonscription du Doubs (Besançon Ouest), proche de la tendance « Hamon », reste droite dans ses bottes et prône toujours un changement de politique de la part de François Hollande et du Premier ministre reconduit…

Fin avril, elle faisait partie des 41 députés socialistes qui se sont abstenus lors du vote du programme de stabilité budgétaire. Quelques semaines auparavant, le 8 avril 2014 elle n’avait pas voté la confiance au tout frais frais premier ministre Manuel Valls. En mars, elle regrettait déjà le « décalage » entre les engagements de 2012 et la politique suivie par François Hollande.

« L’important c’est le changement de politique… »

Sous le gouvernement Ayrault, elle n’avait pas voté non plus l’accord sur l’emploi et la réforme des retraites. Barbara Romagnan fait bien partie de la centaine de députés « frondeurs » de l’aile gauche du parti socialiste sur les 290 du groupe SRC (groupe socialiste, républicain et citoyen). La suite >

Revue de presse / Barbara Romagnan invitée de France inter


Retrouvez ci-dessous ma participation à l’émission « Le téléphone sonne » d’Hélène Jouan sur France Inter lundi 25 août dernier.