Après les obsèques, le recueillement et la fin de la traque du tueur de Toulouse et de Montauban, la campagne présidentielle reprend son cours. Néanmoins, nous sommes encore sous le choc et nous avons tous besoin de comprendre. La tâche est difficile : au-delà de l’acte terrifiant qui nous a glacé d’horreur et que nous ne pouvons expliquer ; au-delà de l’émotion qui s’est emparée de nous, les questions se pressent : comment cela a-t-il été possible dans notre pays ? Comment un jeune de nos quartiers devient-il un tueur fou ? Pourquoi n’avons-nous rien vu venir et rien fait pour le prévenir ? Il est encore trop tôt pour entrer dans cette réflexion : nous ne disposons pas de toutes les informations, les émotions sont trop vives et le contexte de la campagne électorale ne permet pas une réflexion sereine. Mais nous ne ferons pas l’économie de cette réflexion parce que l’irruption de cette violence brutale, proprement inhumaine interroge l’ensemble de notre société.

Cette réflexion de fond que notre société doit avoir sur elle-même ne doit pas nous dispenser de poser des questions simples et de bon sens, non pas sur le déroulement technique de la traque et la mort du meurtrier, nous n’en avons pas la compétence, mais sur les défaillances qui sont apparues en matière de sécurité et de prévention en amont de ce drame.

Comment a-t-on pu laisser sans surveillance un islamiste expulsé d’Afghanistan et fiché comme tel ?

Comment ce même individu a-t-il pu constituer une collection impressionnante d’armes de guerre chez lui, sans être repéré ?

Quelle suite a été donné aux rapports de médecins, psychiatres, éducateurs de prison signalant les déséquilibres psychologiques graves de celui qui n’était pas encore un meurtrier ?

Ces questions nous les posons à ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, mais nous devons les poser à nous-mêmes si nous avons l’ambition de gouverner.

Qu’aurait-on pu / dû faire pour éviter que ce genre de comportement soit possible ? Quelles politiques devrons-nous mettre en œuvre au niveau social, culturel, carcéral, au niveau de la justice, de la police, pour limiter la possibilité d’apparition de ces drames, pour éviter qu’un délinquant de droit commun se transforme en criminel fanatique ?

Quelle politique la gauche propose-t-elle en matière de sécurité ?

Comment peut-elle être efficace sur le terrain, là où s’établit le lien entre les trafics, l’activité des réseaux fondamentalistes et le terrorisme ?

François Hollande a rappelé dimanche à Ajaccio, qu’il n’y avait « pas forcément » besoin de nouvelle loi pour renforcer la sécurité mais d’abord nécessité de « renforcer les moyens » et qu’il faut « d’abord faire en sorte que les services travaillent le plus en amont possible à lutter contre les trafics d’armes, à contrôler les individus qui sortent des zones à risque comme le Pakistan ou l’Afghanistan ».

François Hollande au cours de ces tragiques évènements a démontré son comportement de républicain et s’est interdit d’utiliser l’inquiétude que peut avoir notre pays après ce drame.

Mais il n’a pas attendu ce crime atroce pour annoncer dans ses 60 engagements, la « mise en œuvre d’une nouvelle sécurité de proximité «  la création « des zones de sécurité prioritaires où seront concentrés davantage de moyens », la création « chaque année de 1000 postes supplémentaires pour la justice, la police et la gendarmerie »…

La sécurité est un droit fondamental que la République doit assurer en particulier pour les plus fragiles qui sont souvent les premières victimes de la délinquance et des violences.

Je pense qu’avec François Hollande, la gauche est capable d’apporter des réponses qui articulent et n’opposent pas la prévention indispensable et la répression nécessaire, l’efficacité de la police de proximité et celle des Brigades anti-criminalité, l’indépendance et l’efficacité de la justice dans le respect des principes fondamentaux de l’Etat de droit.