Abdou Diouf, docteur honoris causaJeudi 10 avril, Abdou Diouf, ancien président de la République du Sénégal et actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), est venu recevoir un doctorat honoris causa décerné par l’Université de Franche-Comté. Ce titre lui a été décerné au nom de son engagement en faveur de la francophonie.

Cela a été l’occasion pour les différents intervenants de rappeler la création de l’Université de Franche-Comté en 1423, à Dole avant son transfert à Besançon en 1691. Cela fait de notre université la 6ème de France en terme d’ancienneté après celles de Montpellier, de Toulouse, de Paris, de Grenoble, d’Aix-en-Provence. Cela a surtout été l’occasion de parler de la langue française, du nombre de locuteurs dans le monde et de son histoire. L’OIF rassemble 77 États, donc plus du tiers des États de la planète, États où le français est parlé en langue principale ou secondaire.

Le français est aujourd’hui la seule langue, avec l’anglais, à être parlée sur les 5 continents, soit plus de 220 millions de personnes, dont plus de la moitié à moins de 30 ans. On estime que le nombre de francophones s’élèvera à 700 millions en 2050, soit un humain sur 13 (1/32 aujourd’hui ), dont 85% en Afrique. Il ne s’agit évidemment pas d’un rappel chauvin désireux de figurer une quelconque supériorité, mais juste de dire qu’à côté des grands ensembles linguistiques que constituent le chinois, l’anglais, l’arabe, l’espagnol et le portugais, il y a une place pour le français.

Puis, dans un très beau discours, le professeur Woronoff a explicité ce que recouvre la francophonie. Il a commencé par nous dire qu’il est plus facile d’indiquer ce que n’est pas la francophonie : ni un espace juridique, ni un espace religieux, ni même un espace culturel, car les pays qu’elle réunit sont de cultures, de religions et d’espaces géographiques très divers. La francophonie s’est d’abord posée en rivale de la globalisation de l’anglais, mais il est apparu qu’il valait mieux « s’engager pour » que « lutter contre », pour maintenir le français dans le monde.

Le professeur a insisté sur la première nécessité d’abandonner toute volonté hégémonique. En effet, la richesse du français découle largement des particularités venant des différents pays où elle est parlée. Parce que le français est une langue vivante, des expressions, des mots nouveaux naissent à Abidjan, Montréal, Beyrouth. Le français de la francophonie est multiple et divers en s’ouvrant à de nombreuses cultures. Il a enfin dit que « la francophonie n’est pas seulement affaire de langue. C’est aussi un ensemble qui réunit, sur le plan culturel, sur le plan économique et sur le plan politique des pays qui ont décidé qu’ils possédaient un trésor de valeurs en commun. Pour les uns, ce sera la Révolution française de 1789, pour d’autres le code civil napoléonien, pour d’autres encore la littérature et le toujours jeune Victor Hugo. Chacun possède sa propre conception de la francophonie mais s’accorde sur les valeurs de liberté, de tolérance, d’ouverture, de respect de la personne humaine, sans toujours bien les respecter ! »