L'appel des 123 pour une santé plus juste
Dans « Le Nouvel Obs » du 14 septembre 2011. C’est un formidable pavé dans la mare électorale. Cinq éminents professeurs de médecine et experts en politique de santé publient un « Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire » (Odile Jacob), co-signé par 123 personnalités du monde médical et de la société civile. Leur diagnostic est sévère : le modèle français est malade ; faute d’un traitement de choc, il est condamné.
Après la création de la Sécurité sociale en 1945 en application du programme du Conseil national de la résistance, les générations de l’après-guerre ont fait le choix de la solidarité et d’un investissement collectif exceptionnel pour protéger la santé de la population.(…) Cet investissement financé pour l’essentiel par les cotisations sociales et l’impôt a permis d’établir un système de santé classé premier par l’Organisation mondiale de la santé en 2000, avec un niveau de prise en charge de 80 % en 1980, des prestations en fonction des besoins de chacun, et la création de la couverture médicale universelle (CMU) en 1999. Pourtant, depuis les années 1980, ce bien collectif auquel la population est particulièrement attachée est confronté à des crises sans précédent.
- Une crise économique et un ralentissement de la croissance. (…)
- Des crises de santé publique (le sang contaminé, (…) les récentes crises de la grippe H1N1, et du médicament à la suite de l’affaire Mediator).
- Des crises d’identité professionnelle. Les différents professionnels de santé, à l’hôpital comme en ville, expriment un malaise profond. (…) Ils dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail. Les médecins généralistes, médecins de premier recours, vivent une crise sans précédent. (…) Il existe une authentique crise des vocations des étudiants pour la médecine générale.
- Des crises démographiques. Les mauvais choix politiques de régulation de la démographie médicale, ayant entraîné une réduction du nombre de médecins formés chaque année - de 8500 dans les années 1970 à 3.500 dans les années 1990 -, font apparaitre aujourd’hui des situations de pénurie dans certaines spécialités et sur certains territoires. Cette pénurie relative, qui va s’aggraver jusqu’en 2020, invite à une redéfinition de l’organisation du système de santé et notamment de la place respective des différents professionnels, d’autant plus que dans le même temps la population française augmente et vieillit. (…)