RSA : en finir avec les contrevérités
Le canton de Planoise où je suis élue compte sans doute le plus grand nombre de bénéficiaires du RSA du département. Je connais ou côtoie beaucoup d’entre eux et je voulais dire mon indignation face aux propos tenus par des leaders de la majorité, qui sous-entendent que les pauvres seraient des fainéants, que les allocations seraient trop élevées, que les étrangers abusent de notre « générosité ». Pour les personnes peut-être moins familiarisées avec le sujet, je souhaitais également apporter quelques précisions.
Pourquoi les allocataires sans emploi en sont dépourvus ?
Nombre de bénéficiaires du RSA socle (l’ex-RMI) ne travaillent pas, tout simplement parce qu’aucun contrat ne leur est proposé quelles que soient leurs démarches. D’ailleurs s’ils refusaient deux propositions, ils seraient radiés de Pôle Emploi.
Il y a également des personnes qui auraient besoin de postes de travail adaptés à leur problème de santé ou de handicap. Il y en a d’autres qui ne peuvent pas travailler du tout, de façon conjoncturelle ou structurelle, parce que des problèmes de santé, de famille, d’autonomie les en empêchent. Ils n’en restent pas moins des êtres humains avec des droits
Le RSA est-il trop élevé ?
Laurent Wauquiez souhaite que le montant du RSA n’excède pas 75 % du SMIC. Cela a toujours été le cas ! En 1988, le RMI représentait 50 % du SMIC, le RSA aujourd’hui 43 %. Le RSA, même cumulé avec les allocations familiales et les allocations logement, que l’on soit seul, en couple, avec ou sans enfant, est toujours inférieur au seuil de pauvreté, qui est le seuil en dessous duquel on estime qu’il n’est pas possible de vivre correctement. Plus de 7 millions de personnes en font partie en France, parmi eux 2 millions d’enfants (cf. rapport annuel de la Défenseure des enfants). Autant sont toujours à la limite d’y tomber.
Les étrangers abusent-ils de notre générosité ?
Laurent Wauquiez a également jugé bon d’utiliser le vieil argument de « l’étranger profiteur », alors que pour avoir le droit de toucher le RSA, la législation oblige à un minimum de 5 ans de séjour régulier avec autorisation de travail pour les étrangers extra-européens. En revanche quand ils travaillent, ils sont tenus de payer des impôts dès 3 mois de séjour.
Une contrepartie ?
Les allocataires des minimas sociaux devraient être reconnaissants envers la société de leur verser un revenu permettant leur survie, en échange de quoi ils devraient donner des heures de travail. On pourrait penser que cette allocation est bien le minimum qu’une des sociétés les plus riches du monde puisse faire en direction de ceux qu’elle exclue.
À LIRE - sélection d’articles et tribunes
- Le RSA : une régression sociale
- L’assistanat est un faux sujet (Point de vue, Jean-Marc Borello, Nicolas Duvoux, Marc-Olivier Padis, Christophe Sirugue, Nicole Maestracci, Le Monde, 11 juin 2011)
- Du devoir à la contrepartie : une pente dangereuse (Point de vue, François Enaud et Denis Clerc, Le Monde, 11 juin 2011)
- Salauds d’assistés ! (Sans détour, Caroline Fourest, Le Monde, 11 juin 2011)
- 5 idées reçues sur « l’assistanat » et « Assistanat » : les mauvais exemples de M. Wauquiez (Le Monde, 10 mai 2011)
- Ces « assistés » qui se sentent insultés (Libération, 12 mai 2011)
- Le RSA ou le fantasme de « l’assistanat » (Libération, 12 mai 2011)
- Stigmatiser le RSA pour mieux faire oublier l’ISF (Libération, 9 juin 2011)