Au cours de la semaine passée, j’ai eu l’occasion de m’exprimer « à chaud » dans plusieurs médias sur l’éviction du gouvernement des ministres Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filipetti et la constitution d’un nouveau gouvernement. Depuis, il y a eu le discours du Premier ministre au Congrès du Medef et l’interview ( avant sa nomination) du nouveau ministre de l’économie Emmanuel Macron. Vous êtes nombreux a avoir été surpris, déstabilisés, voire choqués, par le contenu et la méthode choisie pour délivrer cette « nouvelle feuille de route ». Il y a enfin eu ce week-end, l’Université d’été du PS de la Rochelle, qui devait conclure cette semaine de « clarification ».

C’est l’occasion pour moi de dresser un bilan et de proposer quelques raisons d’espérer.

À mon sens, l’exclusion du gouvernement des ministres qui ont critiqué le cœur de la politique économique n’est pas surprenante, la dissonance était trop forte. Ce que je trouve choquant c’est la surdité du chef du Gouvernement et du chef de l’Etat aux débats qui ont cours dans le pays et dans le monde sur leurs choix économiques, aux critiques faites au sein même de sa majorité de gauche, à la désaffection des citoyens.
Pire encore, aucun des résultats escomptés n’est au rendez-vous : le nombre de gens au chômage et en situation précaire continue d’augmenter. Cette politique est ainsi totalement déséquilibrée, en demandant des efforts à tous au bénéfice d’un petit nombre de privilégiés.

Jamais la majorité n’a été aussi étroite. Les différentes sensibilités qui ont toujours fait la richesse des gouvernements de gauche sont écartées sans discussion. Pourquoi ce passage en force aujourd’hui, qui tourne le dos à la nécessaire négociation et à la recherche du compromis, pourtant prônées par François Hollande durant sa campagne ? Pourquoi étouffer les paroles fortes au lieu d’élaborer une orientation politique commune ? Pourquoi prendre le risque de fracturer encore plus la majorité présidentielle ?

Vous le savez, j’ai plusieurs fois dans mes votes au Parlement exprimé mes doutes et parfois mes désaccords avec des choix gouvernementaux qui me semblaient clairement rompre le pacte que nous avions proposé à nos électeurs. Cette décision a toujours été difficile, mais j’ai préféré privilégier ce que je crois être la loyauté envers les électeurs à la discipline de mon groupe parlementaire.
C’est ce qui, avec une quarantaine de mes collègues du groupe socialiste, m’a valu d’être classée par les médias dans la catégorie des « frondeurs ».
Il semble aujourd’hui qu’il y ait deux visions différentes de l’action de la gauche au pouvoir. Pour autant, nos valeurs sont communes. Je ne suis pas certaine qu’il existe une fracture radicale au sein du PS et pas du tout convaincue que les orientations défendues par le gouvernement Valls soient majoritaires au PS. Nous verrons ce qu’il en est au prochain Congrès !
Comme beaucoup de mes collègues critiques, je ne demande pas de sortir de la zone euro, je ne renonce pas à endiguer les déficits, dopés par la droite et creusés encore aujourd’hui par de nouveaux allégements de cotisations sociales. Je suis d’accord pour soutenir les entreprises, mais pas sans condition. Au minimum sur la base d’un compromis avec les partenaires sociaux directement concernés. C’est d’ailleurs, ce qui distingue la démarche social-démocrate du social-libéralisme. Mais je demande qu’on ouvre les yeux sur l’échec manifeste des choix politiques du pouvoir, qui ne sont pas ceux pour lesquels les citoyens nous ont choisis.
Pour moi, ces choix ne sont pas justes sur le plan social et sont dangereux économiquement et politiquement .

Dans les semaines à venir, je souhaite continuer à tenir pleinement mon rôle de parlementaire et, avec mes collègues de l’appel des 100, formuler des propositions précises . Nous proposerons la mise en œuvre d’un plan d’urgence, à l’échelle européenne et nationale autour de trois piliers.
D’abord, un soutien massif - mais très ciblé - aux entreprises. Il s’agit de réutiliser le CICE en l’allouant en priorité aux emplois des PME et aux entreprises réellement concernées par la compétition mondiale. Ces dernières doivent s’engager dans des investissements, la recherche et les embauches. Ensuite, nous pensons qu’il est urgent de rallumer la demande et la consommation par une amélioration du pouvoir d’achat de nos concitoyens. Nous proposerons de baisser les taux de CSG pour les salariés et les retraités modestes, et ainsi de rendre la contribution à la richesse commune, l’impôt, plus juste, en conformité avec les capacités contributives de chacun. Enfin, nous demanderons de soutenir les dotations aux collectivités publiques en contrepartie d’investissements de leur part.

Je partage avec le gouvernement l’idée de la nécessité de « réformes structurelles ». Je crois en particulier qu’il est urgent d’engager la grande réforme fiscale conforme à nos propositions de campagne, qu’il faut aussi une seconde loi bancaire utile à l’économie réelle, qu’il faut travailler pour poser les bases d’un nouveau modèle de développement social et écologique et surtout beaucoup plus d’ambition pour réduire la pauvreté dans notre pays, qui est la 5ème puissance économique mondiale et le pays où les dividendes des actionnaires ont le plus augmenté dans le monde.

L’Université d’été de La Rochelle a été marquée aussi par une bonne nouvelle. Plus de 800 militants ont apporté dans une ambiance chaleureuse et fraternelle leur soutien à la démarche des parlementaires de l’appel des 100 et exprimé le besoin d’un sursaut collectif. L’appel de la Rochelle, s’adresse à « toutes celles et ceux qui veulent se réapproprier l’espoir commun, se retrouver pour agir ensemble. Et pour que vive la gauche ! ».

Vous trouverez ici cet appel que je vous invite à découvrir et signer : http://vivelagauche.fr